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Asthmatiques : surveillez les.
samedi 9 octobre 2004, par
L’adolescence est une période à risque de la maladie asthmatique tout particulièrement au niveau de la prise en charge thérapeutique. Ici, ces auteurs américains ont cherché à faire le lien entre asthme et idée suicidaire chez des jeunes âgés de 9 à 17 ans.
Asthme et idée suicidaire parmi le groupe de population des jeunes. : Goodwin RD, Marusic A.
Department of Epidemiology, Columbia University, Mailman School of Public Health, New York, USA. rdg66@columbia.edu
dans Crisis. 2004 ;25(3):99-102
– OBJECTIF
- Déterminer l’association entre l’asthme et idée suicidaire parmi le groupe de population des jeunes.
– METHODE
- Les données proviennent d’une étude sur le groupe de population des jeunes âgés de 9 à 17 ans aux Etats-Unis (étude MECA, n=1285).
- Des analyses de régression logistique multiple ont été utilisées pour déterminer l’association entre asthme et idée suicidaire ajustée en fonction des différences de caractéristiques sociodémographiques et des désordres mentaux.
RESULTATS
- L’asthme était associé à une augmentation significative de la probabilité d’idée suicidaire (OR=3,25 ; 1,04-10,1), comparativement aux jeunes non asthmatiques.
CONCLUSIONS
- Ces données suggèrent que les jeunes qui ont été hospitalisés pour asthme peuvent avoir un plus haut niveau d’idée suicidaire, comparés au même groupe de population mais non asthmatique.
- Cette association semble persister après contrôle des effets de comorbidité des désordres mentaux.
- Ces constatations sont cohérentes avec les précédents rapports cliniques concernant l’association entre atteinte physique et idée de suicide, ainsi que les liens entre asthme et idée suicidaire chez l’adulte.
- Des évaluations approfondies de l’état mental des jeunes hospitalisés pour asthme peuvent être indiquées si ces résultats se confirment.
Ainsi donc d’après cette étude américaine, si on est jeune et asthmatique on a plus de risque d’avoir des idées suicidaires. A priori, cette constatation est plausible puisque les analyses ont permis d’éliminer les idées suicidaires en rapport avec un état mental perturbé sous-jacent.
La question à se poser est de savoir si cette tendance dépressive est provoquée par le fait d’être asthmatique dans la jeunesse (retentissement de la maladie physique sur l’état mental) ou si cela provient de critères intrinsèques de la maladie asthmatique qui associerait aussi un état dépressif. A priori, la deuxième proposition n’est pas la bonne puisque, comme le signalent les auteurs, un lien a été montré pour toute maladie physique et idée suicidaire.
Il est vrai que dans la période de l’adolescence, 9-17 ans correspond grosso modo à cette période délicate de la vie, il est difficile d’accepter une maladie particulièrement angoissante comme l’asthme, à chaque crise se joue un simulacre d’une mort possible. C’est un moyen de prendre conscience que la vie à une fin que cela s’appelle la mort, alors même qu’à l’adolescence on a tendance à se croire éternel et invincible. Cela fait entrer le jeune dans le monde des mortels c’est-à-dire de celui des adultes, ces gens auxquels ils ne veulent surtout pas ressembler.
Bien sûr, cette étude demande confirmation. En tous cas, elle nous rappelle l’importance de la prise en charge de l’adolescent asthmatique, sans doute la période la plus difficile pour équilibrer l’asthme du fait d’un refus thérapeutique. Ces patients nécessitent toute notre attention et sans doute un dialogue de qualité, il faut savoir prendre du temps.
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