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Avoir des parents asthmatiques, me priver de petits animaux : manque de moyens ou besoin de mieux respirer ?
jeudi 14 octobre 2004, par
Beaucoup de travaux ont permis de discuter, mais sans trancher, la responsabilité d’une exposition précoce aux poils d’animaux et la sensibilisation ultérieure. Mais qu’en est il de la fonction respiratoire à 3 ans ? Cet article essaye de donner une réponse formelle.
Fonction respiratoire à 3 ans de vie. Effet des animaux domestiques et d’autres allergènes de maison. : Lowe LA, Woodcock A, Murray CS, Morris J, Simpson A, Custovic A.
North West Lung Centre, Wythenshawe Hospital, Southmoor Road, Manchester M23 9LT, UK
dans Arch Pediatr Adolesc Med. 2004 Oct ;158(10):996-1001
– OBJECTIFS :
- étudier l’effet des animaux domestiques et des allergènes de maison sur la fonction respiratoire à 3 ans de vie.
– METHODES :
- Type d’étude : cohorte de naissance
- Procédure : communautaire
- Participants : nourrissons recrutés en prénatal et suivis prospectivement jusqu’à l’âge de 3 ans
– MESURES PRINCIPALES :
- résistance des voies aériennes (sR(aw)) (mesurée par pléthysmographie) à 3 ans ;
- prick-tests cutanées ;
- base de données prospective sur la possession d’un chat ou d’un chien,
- mesure du taux d’allergène dans la poussière de maison ( forte exposition définie par taux d’acariens > 2 μg/g dans les matelas, taux de poils de chien >10 μg/g et taux de poils de chat >8 μg/g sur le plancher du séjour).
– RESULTATS :
- la présence d’un chat ou d’un chien n’a pas d’effet sur la fonction pulmonaire à la naissance ni à 3 ans, et pas d’association entre la fonction respiratoire et l’exposition aux acariens, poils de chat ou de chien.
- Les enfants sensibilisés et exposés à un taux élevé d’allergènes ont une fonction respiratoire plus déficitaire (n = 49, sR(aw) kilo pascal per second [kPa/s] ; moyenne [M] , 1.20 ; 95% d’intervalle de confiance [IC], 1.13-1.28)
- par rapport aux enfants non sensibilisés et non exposés (n = 114 ; M, 1.08 ; 95% IC, 1.04-1.12) ;
- non sensibilisés mais exposés (n = 282 ; M, 1.07 ; 95% IC, 1.05-1.10) ; ou
- sensibilisés mais non exposés (n = 53 ; M, 1.12 ; 95% IC, 1.06-1.18 ; P = .005).
- Dans un modèle à plusieurs variables, l’asthme maternel et paternel sont, significativement mais indépendamment, associés à une fonction pulmonaire détériorée ou pas, ainsi que l’association sensibilisation et exposition aux allergènes, avec une interaction significative entre eux.
- La fonction respiratoire est sûrement pire chez des enfants de deux parents asthmatiques, sensibilisés et hautement exposés aux allergènes (M, 2.23 ; 95% ICI, 1.68-2.97) par rapport aux enfants n’ayant aucun (M, 1.09 ; 95% IC, 1.04-1.16) ou juste un seul de ces facteurs.
– CONCLUSION :
- la possession d’animaux domestiques, la sensibilisation sans exposition, ou l’exposition sans sensibilisation, n’ont pas d’effet sur la fonction pulmonaire.
- Cependant, la combinaison d’une sensibilisation spécifique et d’une exposition aux allergènes sensibilisant , est nettement associée à une fonction pulmonaire délétère en bas âge.
Ce qui est intéressant dans cette étude, ce n’est pas tant de montrer que l’exposition précoce aux animaux de compagnie entraîne ou pas une sensibilisation vis à vis de leurs allergènes mais de montrer qu’il peut y avoir une diminution franche de la fonction pulmonaire à 3 ans en cas d’exposition forte et précoce à ces allergènes.
Nous savions depuis longtemps que le risque d’être allergique est de 75% quand les deux parents sont allergiques ; en revanche ce que nous savions pas exactement c’est le risque encouru en cas d’exposition précoce aux allergènes d’animaux domestiques et aux acariens étant enfant de deux parents asthmatiques.
A priori, si nous voulons croire cette étude, le risque est certain, puisque la résistance des voies aériennes à 3 ans est nettement plus élevée chez des enfants de parents asthmatiques et exposés tôt aux allergènes domestiques par rapport aux enfants n’ayant aucun ou juste un seul facteur de risque.
Ce qui manque dans cette étude c’est la non démonstration de la traduction clinique de cette augmentation de la résistance des voies aériennes ; asthme clinique certain à 3 ans ou risque de développer la maladie asthmatique quelques années plus tard ?
D’autre part je pense que d’autres études, à plus grande échelle, et selon le même principe de cohorte prospective, seront intéressantes, afin de démonter la possibilité d’une réversibilité fonctionnelle ou clinique chez ces enfant là en cas d’éviction, même si tardive, vis à vis des acariens et des poils d’animaux.
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