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Dressage des lymphocytes : il faut de grands coups d’allergènes pour les mettre au pas !!
mercredi 17 novembre 2004, par
Le mode d’action de l’immunothérapie spécifique, ou désensibilisation, bénéficie de multiples recherches. Au fur et à mesure que l’on progresse dans la connaissance de son mode d’action, on connaît aussi de mieux en mieux la manière de l’utiliser. Dans cette étude, les auteurs évaluent l’action de fortes doses d’allergènes sur le système immunitaire.
L’augmentation de la concentration en allergènes augmente la production d’interféron gamma produite par les cellules T de donneurs allergiques exprimant un phénotype de circulation périphérique. : L. M. Gardner1, L. Spyroglou1, R. E. O’Hehir1,2, J. M. Rolland1
1Department of Pathology and Immunology, Monash University ; 2Department of Allergy, Immunology and Respiratory Medicine, Alfred Hospital, Melbourne, Victoria, Australia
dans Allergy 59 (12), 1308-1317.
– Introduction :
- L’immunothérapie spécifique cliniquement efficace est corrélée :
- à une diminution des LT circulants producteurs d’IL4 spécifiques de l’allergène,
- mais avec une augmentation des cellules productrices d’IFN gamma au niveau du site de la réaction allergénique.
- On ne sait pas si l’immunothérapie peut induire également une circulation des LT producteurs d’IFN gamma vers les tissus périphériques.
– Objectif de l’étude :
- Comme les aéro-allergènes sont administrés à de fortes concentrations durant l’immunothérapie par rapport aux concentrations habituellement rencontrées, les effets de la concentration en allergènes :
- sur les molécules d’adhésion (CD62L et CD49d)
- et sur l’expression des récepteurs de chemokines (CCR3 et CCR5)
par les lymphocytes T périphériques ont été analysés parallèlement à la production de cytokines.
– Méthodologie :
- Des cellules mononucléées, provenant du sang périphérique de donneurs allergiques aux acariens, ont été cultivées pendant 14 jours avec différentes concentrations d’allergènes.
- Le profil des sécrétions en cytokines a été fait par cytométrie de flux.
– Résultats :
- Les cultures stimulées avec une concentration d’extraits d’acariens de 100 microg/ml par rapport à celles avec des concentrations de 1 microg/ml montrent une augmentation des fractions et du nombre des cellules T exprimant l’IFN gamma et les marqueurs CD62L, CD49d ou CCR5.
- Le nombre de cellules T CD4 et CD8, CCR3 positives est très bas et n’est pas différent entre les cultures.
- Inversement, la proportion des cellules T CD4+ circulantes vers les tissus périphériques et exprimant de l’IL4 sont diminuées dans les cultures stimulées par de fortes concentrations par rapport à celles stimulées avec de faibles concentrations d’allergènes.
– Conclusion :
- Ces résultats montrent l’importance d’aboutir à de fortes doses d’allergènes durant l’immunothérapie pour induire la production d’IFN gamma et l’expression de cellules T spécifiques de l’allergène de type CD4+ et CD8+ et ayant le phénotype de « circulation vers les tissus périphériques ».
- La modification nette de l’environnement en cytokines au niveau du site de la réaction allergénique peut induire une régulation négative des manifestations cliniques de la maladie allergique.
Dans ce travail, les auteurs démontrent que la stimulation des lymphocytes T avec de fortes doses d’allergènes va induire la production de LT producteurs d’IL4 et d’IFN gamma, avec un phénotype caractérisé par l’expression de certaines molécules d’adhésion pouvant permettre la circulation de ces cellules.
Ce travail est intéressant à double titre.
Il confirme d’abord que la désensibilisation est efficace pour traiter la maladie allergique en modifiant la production locale de cytokines vers un phénotype TH1. Mais elle permet également une circulation de ces cellules en dehors du site de la réaction allergique.
L’immunothérapie est donc bien un traitement général de l’allergie.
L’efficacité de cette désensibilisation repose sur la diminution de la production d’IL4 et l’augmentation de la production d’IFN gamma.
D’autre part, les auteurs confirment qu’il faut atteindre des doses élevées de concentrations en allergènes lors de cette immunothérapie.
Ces doses sont bien supérieures à celles rencontrées dans l’environnement allergénique habituel de ces patients.
Il est donc indispensable d’utiliser les plus fortes concentrations lors de la désensibilisation par voie sous- cutanée mais également par voie sublinguale.
Enfin, cette circulation des lymphocytes grâce à l’expression de molécules d’adhésion et de chemokines particulières est un domaine fascinant de la physiopathologie de la réaction allergique et offre des possibilités thérapeutiques extrêmement importantes pour les années à venir.
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