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Plus fort que le « docteur fol amour », le « docteur folagouttes » fait la peau à la DA !!
samedi 11 décembre 2004, par
Dans dermatite atopique (DA) il y a le mot atopique qui traduit un mécanisme physiopathologique impliquant le système TH2. L’immunothérapie spécifique peut réorienter les lymphocytes vers le profil TH1. Peut-on alors penser que la DA puisse bénéficier d’un traitement par l’immunothérapie spécifique par voie sublinguale ?
Intérêt potentiel de l’immunothérapie spécifique par voie sublinguale dans la dermatite atopique. : Mastrandrea F.
Allergy and Clinical Immunology Operative Unit, AUSL TA1 SS Annunziata Hospital, Taranto, Italy.
dans Am J Clin Dermatol. 2004 ;5(5):281-94
– Introduction :
- La dermatite atopique est une maladie inflammatoire chronique de la peau, dont la prévalence, la morbidité, et le coût sont en augmentation dans les pays dits de l’Ouest.
- Fréquemment associée à une allergie respiratoire à l’age adulte, la dermatite atopique (DA) est souvent la première manifestation du phénotype atopique dans la petite enfance lorsque la « marche allergique » débute, avec progressivement une évolution vers une allergie alimentaire, un asthme et une rhinite.
- Actuellement, un nombre important de données sérieuses permet de valider l’hypothèse selon laquelle la DA représente la facette cutanée d’une inflammation allergique en réalité systémique.
– Hypothèse :
- Les lymphocytes qui infiltrent de façon précoce la peau lésée, expriment :
- une orientation des sécrétions des cytokines de type TH2 (augmentation des taux d’IL4 et ou de l’IL13 et diminution des taux d’interféron gamma)
- de même que des récepteurs des chemokines spécifiques d’une orientation TH2 comme le CCR4, spécifique du thymus et dont l’activation est régulée par les chemokines.
- Les kératinocytes des patients ayant une DA produisent la TSL (thymic stromal lymphopoietin), une nouvelle cytokine qui :
- entretient le développement initial des lymphocytes dans les modèles murins,
- et qui active les cellules dendritiques impliquées dans la pathogénie des maladies allergiques humaines.
- L’augmentation des taux circulants des précurseurs cellulaires hématopoïétiques a été rapportée dans la DA, comme dans l’asthme et dans la rhinite.
- De plus, la reconnaissance de cellules, précurseurs hématopoïétiques CD34+ et la preuve d’évènements cellulaires de différentiation et de maturation présents dans les lésions infiltrantes cutanés de la DA, sont en faveur de la réinterprétation récente du paradigme TH1/TH2, où les cellules TH2 semblent appartenir à la phase précoce de l’affection alors que les TH1 appartiennent aux phases finales de la maladie, en fonction d’une différentiation linéaire des lymphocytes plutôt que selon un mécanise dual.
- Cette meilleure compréhension du détail des manifestations immunologiques précoces a conduit à mieux connaître la pathogénie de la DA, et également à s’intéresser d’une façon croissante au rôle de l’immunothérapie spécifique dans cette affection.
– Les études :
- En raison de la complexité intrinsèque de la DA et en l’absence de consensus permettant de standardiser l’évaluation de l’évolution, seulement 8 études sont disponibles dans la littérature et permettent une évaluation qualitative de cette approche thérapeutique.
- 2 de ces études sont réalisées en double aveugle contre placebo, et 6 sont des études de cohorte.
- Des résultats incertains sont avancés par une étude contrôlée mais peu puissante, et les résultats négatifs sont émis par une seule étude ayant fait une immunothérapie orale qui n’est pas une voie efficace pour l’administration d’allergènes au niveau des muqueuses.
– Conclusion :
- Ainsi, plus d’études d’efficacité sont nécessaires avant de pouvoir recommander l’immunothérapie comme un traitement habituel de la DA.
- L’immunothérapie spécifique par voie sublinguale, qui a un excellent profil de sécurité et qui est capable d’influer sur les aspects systémiques de l’inflammation allergique, semble donc un bon candidat potentiel pour un traitement pathogénique de cette maladie.
Dans cet article de synthèse, l’auteur rassemble les éléments apportés récemment par les études fondamentales sur la pathogénie de la DA. Il apparaît que cette affection n’est que l’aspect cutané de la maladie atopique générale qui implique les TH2. L’immunothérapie semble donc indiquée pour sa prise en charge.
Le développement de cette hypothèse est intéressant et permet une approche globale de la dermatite atopique.
L’auteur trouve confirmation dans les résultats des travaux publiés récemment, de l’hypothèse selon laquelle la dermatite atopique n’est qu’un aspect cutané d’une affection beaucoup plus générale qui est l’atopie, et qui va prendre des aspects différents en fonction de l’évolution et de l’age. Ainsi plus tard à l’age adulte il peut exister un asthme allergique ou d’autres manifestations allergiques.
Les données fondamentales impliquent les TH2 au niveau de la peau du patient ayant une DA. Jusqu’à présent l’interprétation du paradigme TH1/TH2 se faisait toujours selon un principe de dualité : soit il y avait différenciation vers un type donné soit vers un autre.
Mais il existe des études sur la dermatite atopique qui montrent une infiltration par des TH1.
En fait il y a actuellement une réinterprétation de ce concept TH1/TH2, qui permet de concilier la présence des ces 2 profils : une modification de la différenciation des lymphocytes s’effectue selon l’évolution, avec d’abord des TH2 puis des TH1.
Il est donc possible maintenant d’affirmer que les TH2 sont impliqués dans la phase précoce de la DA.
Il est logique de penser que la désensibilisation pourrait être efficace puisqu’il y a des modifications dynamiques cellulaires au niveau de la peau, modifications qui sont accessibles à la désensibilisation comme cela a pu être déjà démontré.
Le problème est qu’il n’y a pas réellement d ‘études cliniques permettant d’évaluer la désensibilisation par voie sublinguale dans la DA. Il est important pourtant de creuser cette voie car elle pourrait permettre une approche globale de la maladie atopique, dont la DA n’est qu’un des aspects évolutifs.
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