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Faudra-il débuter le traitement des asthmatiques in utéro ?
lundi 28 février 2005, par
Pourquoi faut-il traiter rapidement et de façon précoce les enfants lorsqu’un diagnostic d’asthme est évoqué et pourquoi ne pas attendre que la clinique deviennent plus « parlante » pour être certain de ne traiter que les vrais asthmatiques ? Ce travail fournit une preuve irréfutable !!
Les marqueurs de l’inflammation éosinophilique et le remodelage bronchique chez les enfants avant le diagnostic clinique d’asthme bronchique. : P. Pohunek1, J. O. Warner2, J. Turzíková3, J. Kudrmann4 and W. R. Roche5
1Division of Paediatric Pulmonology, Charles University, Second Faculty of Medicine, Paediatric Department, Prague, Czech Republic, 2Division of Infection, Inflammation and Repair (Child Health), University of Southampton, Southampton General Hospital, Southampton, SO16 6YD, UK, 3Paediatric Department, Hospital Bulovka, Prague, Czech Republic, 4Department of Pathology, Hospital Bulovka, Prague, Czech Republic, 5Division of Infection, Inflammation and Repair (Pathology), University of Southampton, Southampton General Hospital, Southampton, SO16 6YD, UK
dans Pediatric Allergy and Immunology 16 (1), 43-51
– Introduction :
- Les modifications inflammatoires chroniques de la muqueuse bronchique ont été bien documentées chez les patients ayant un diagnostic bien établi d’asthme.
- On connaît beaucoup moins les modifications qui existent au niveau des voies respiratoires des enfants au tout début de l’évolution de leur maladie, avec une évaluation de l’inflammation basée la plupart du temps seulement sur des marqueurs indirects de cette inflammation.
– Objectif de l’étude :
- Les auteurs ont évalué les marqueurs de l’inflammation et le remodelage bronchique sur des biopsies bronchiques réalisées chez des enfants ayant des manifestations respiratoires précoces avant que le diagnostic d’asthme ne puisse être clairement posé.
– Méthodologie :
- Les auteurs ont examiné des biopsies remaniées chez 27 enfants âgés de 1.2 et 11.7 ans,
- et qui ont eu une bronchoscopie pour l’indication clinique :
- de manifestations respiratoires chroniques
- ou d’infections récidivantes.
- Les patients ont été réévalués entre 22 et 80 mois après la fibroscopie initiale pour déterminer si leur affection bronchique a évolué ou non vers un asthme.
– Résultats :
- Il y a plus d’éosinophiles au niveau de la muqueuse bronchique (129.4 versus 19.1 cellules/mm2, p<0.001) au niveau de la lamina propria,
- avec un épaississement de la lamina sous épithéliale réticulaire qui est plus important (4 .65 versus 3.72 micromètre, p=O.044)
- chez les enfants ayant un diagnostic d’asthme bronchique au cours du suivi, par rapport aux enfants qui n’ont pas évolué vers un asthme.
– Conclusion :
- L’inflammation éosinophilique et le remodelage bronchique surviennent de façon précoce dans l’histoire naturelle de l’asthme, et sont présents avant que le diagnostic d’asthme ne soit porté sur des manifestations cliniques.
- La reconnaissance de ces modifications, et leurs implications en terme de maladie clinique, implique la nécessité d’un dépistage et d’un diagnostic d’asthme précoce chez les enfants pour faciliter l’introduction précoce de traitement anti-asthmatique.
Dans ce travail, les auteurs démontrent à l’aide de preuves histologiques à partir de biopsies bronchiques, que les lésions de remodelage bronchique surviennent de façon précoce.
Ces modifications induites par l’inflammation bronchique se produisent avant même que la maladie asthmatique soit cliniquement manifeste.
Ce travail est très intéressant car il démontre pour la première fois que le remodelage bronchique est un processus de cicatrisation inflammatoire qui débute très tôt dans la vie des asthmatiques.
En fait, ce remodelage survient même avant que le diagnostic d’asthme ne soit clairement posé.
Il existe une infiltration précoce très importante en terme d’éosinophiles, avec un épaississement significatif de la lamina propria.
Il faudrait donc agir tôt en proposant des corticoïdes inhalés, mais aussi certainement d’autres molécules qui pourraient être plus efficaces sur l’inhibition de ce remodelage.
En effet, il semble malheureusement que malgré la prescription large et précoce des corticoïdes inhalés, on ne puisse prévenir ce remodelage chez tous les enfants futurs asthmatiques.
Mais, cela nécessite, en plus de l’apport de nouvelles armes thérapeutiques, de développer des marqueurs d’asthme qui permettent de poser un diagnostic de quasi certitude avant les manifestations cliniques spécifiques qui sont trop tardives.
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