Accueil du site > Maladies > Asthme > Mesurons l’oxyde nitrique des siffleurs !

Mesurons l’oxyde nitrique des siffleurs !
dimanche 27 mars 2005, par
La question d’une méthode simple de dépistage de l’asthme reste d’actualité devant l’incidence croissante de cette pathologie. Cette étude apporte des précisions sur la valeur diagnostique de la mesure du NO exhalé : est-elle bien en rapport avec l’asthme ou seulement avec une éosinophilie des voies aériennes ?
Déterminants de l’augmentation du NO exhalé chez des patients suspects d’asthme : L. P. Malmberg1, H. Turpeinen1, P. Rytilä1, S. Sarna2, T. Haahtela1
1Department of Allergy, Helsinki University Central Hospital, Helsinki ; 2Department of Public Health, University of Helsinki, Helsinki, Finland
dans Allergy 60 (4), 464-468.
– Objectifs :
- La mesure du monoxyde d’azote exhalé (eNO) a été proposée comme marqueur de l’inflammation « asthmatique », mais on ne sait pas si cette mesure en pratique clinique discerne les patients principalement en fonction de leur statut atopique ou asthmatique.
- Le but de cette étude était d’explorer les déterminants d’une augmentation du eNO chez des patients suspects d’asthme, en réalisant une analyse en régression logistique.
– Méthodes :
- Le eNO de132 patients présentant des symptômes évocateurs d’asthme était étudié, parallèlement à la réalisation
- de prick-tests cutanés (recherche d’atopie),
- d’explorations fonctionnelles respiratoires,
- d’expectoration induite avec recherche d’une éosinophilie, et
- d’une recherche d’hyper-réactivité bronchique à la métacholine (HRB) (recherche d’asthme clinique).
– Résultats :
- Les niveaux modérément élevés d’eNO n’étaient significativement liés qu’à l’éosinophilie de l’expectoration induite (Odd Ratio (OR) = 3,7 / Intervalle de confiance 95% (IC) : 1,1-13,1 / p=0,04)
- Pour des niveaux très élevés d’eNO (plus de 3 déviations standards), les facteurs les plus liés statistiquement étaient
- l’asthme clinique (OR = 16,3 / IC95% : 5,4-49,7 / p<0,0001), et
- l’éosinophilie de l’expectoration induite (OR = 12 / IC95% : 4,1-35 / p<0,0001) ;
- suivis par l’atopie et l’HRB.
- On observait une interaction significative entre l’asthme et l’atopie pour ce qui concerne les niveaux élevés d’eNO.
- D’autres analyses montraient des associations significatives entre l’asthme et les niveaux élevés d’eNO à la fois chez les patients atopiques et non atopiques.
– Conclusion :
- Nous en avons conclu que :
- chez les patients présentant des symptômes évocateurs d’asthme, les niveaux modérément et très élevés d’eNO sont associés à l’éosinophilie de l’expectoration induite.
- tandis que l’asthme n’est significativement associé qu’aux niveaux élevés d’eNO, indépendamment de l’atopie.
- Ces résultats suggèrent que l’eNO soit principalement un marqueur de l’éosinophilie des voies aériennes et que seul les niveaux élevés d’eNO seraient utiles pour identifier les patients asthmatiques atopiques ou non atopiques.
Il est maintenant bien établi que le NO exhalé est un marqueur de l’inflammation des voies aériennes. Cette étude le confirme en montrant un lien entre l’eNO et l’éosinophilie de l’expectoration induite.
Cette étude montre par ailleurs que seuls les niveaux élevés d’eNO présenteraient une liaison statistique forte avec la maladie asthmatique. Il aurait été intéressant de réaliser des courbes ROC afin d’évaluer la valeur diagnostique de cette mesure.
A mon sens cette étude a surtout le mérite de rappeler que les niveaux modérément élevés d’eNO ne sont qu’un marqueur d’inflammation des voies aériennes, leur
valeur clinique pronostique sur l’évolution de l’asthme reste méconnue. Il faut donc rester prudent et ne pas se contenter de cette mesure pour diagnostiquer un asthme.
Enfin rappelons que cette mesure reste peu accessible en routine
Recevez les actualités chaque mois