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Recherche de bactéries et de champignons dans la poussière de maison : la quête du Graal ?
samedi 16 avril 2005, par
L’exposition aux endotoxines bactérienne est reconnue comme un facteur protecteur vis-à-vis de l’allergie. La présence d’endotoxines mais aussi de composants fungiques a été étudiée dans la poussière de maison des enfants de ferme, des enfants fréquentant une école Steiner et des enfants contrôles.
Composants bactériens et fungiques dans la poussière de maison chez des enfants de ferme, des enfants d’écoles Rudolf Steiner et des enfants de référence - Etude PARSIFAL : D. Schram1, G. Doekes1, M. Boeve1, J. Douwes1,2, J. Riedler3, E. Üblagger3, E. von Mutius4, J. Budde4, G. Pershagen5, F. Nyberg5,6, J. Alm7,8, C. Braun-Fahrländer9, M. Waser9 & B. Brunekreef1, on behalf of the PARSIFAL Study Group+
1Institute for Risk Assessment Sciences, University of Utrecht, Utrecht, The Netherlands ; 2Centre for Public Health Research, Massey University, Wellington, New Zealand ; 3Children’s Hospital, Salzburg, Austria ; 4Children’s Hospital, München, Germany ; 5Division of Environmental Epidemiology, Institute of Environmental Medicine, Center for Allergy Research, Karolinska Institutet, Stockholm, Sweden ; 6AstraZeneca R&D Mölndal, Mölndal, Sweden ; 7Sachs’ Children’s Clinic, Söder Hospital, Stockholm, Sweden ; 8Division of Clinical Immunology, Karolinska Institutet, Stockholm, Sweden ; 9Institute of Social and Preventive Medicine, University of Basel, Basel, Switzerland
dans Allergy 60 (5), 611-618.
– Contexte
- Grandir à la ferme ou avec un mode de vie anthroposophique est associé avec une prévalence plus basse des maladies allergiques dans l’enfance.
- Il a été suggéré que l’augmentation de l’exposition aux endotoxines présentes dans l’environnement de la ferme est un facteur protecteur important.
- On ne connaît que peu de choses sur l’exposition aux autres composants microbiens dans les fermes et dans les familles anthroposophiques.
– Objectifs
- Vérifier les taux et les déterminants des endotoxines bactériennes, des moisissures β (1,3)-glucans et des polysaccharides extracellulaires fungiques (PSE) dans la poussière de maison d’enfants de ferme, d’enfants fréquentant une école Steiner et d’enfants de référence.
– Méthodes
- La poussière du matelas et du salon a été recueillie au domicile de 229 enfants de ferme, 122 enfants fréquentant une école Steiner et 60 et 67 enfants de référence respectivement dans cinq pays d’Europe.
- On a collecté également de la poussière d’étable.
- Tous les échantillons ont été envoyés dans un seul laboratoire central.
- Les particularités ont été évaluées par un questionnaire.
– Résultats
- Les niveaux d’endotoxine, de PSE et de glucans par gramme de poussière de maison ont été de 1.2 à 3.2 fois plus élevés dans les fermes que dans les maisons de référence.
- En ce qui concerne les enfants fréquentant une école Steiner, les taux étaient de 1.1 à 1.6 fois plus élevés que chez les enfants de référence.
- Ces différences ont été retrouvées dans tous les pays avec cependant une variation considérable des niveaux moyens.
- Les différences entre les groupes et entre les pays étaient aussi significatives après ajustement en fonction des caractéristiques des maisons et de la famille.
– Conclusion
- Les enfants des fermes ne sont pas seulement exposés de façon importante à des taux plus élevés d’endotoxines mais également à des taux plus élevés de composants de moisissures.
- Les enfants fréquentant une école Steiner peuvent également être exposés à des taux plus élevés d’agents microbiens mais les différences avec les enfants de référence sont beaucoup moins prononcées qu’avec les enfants des fermes.
- Des analyses supplémentaires sont cependant nécessaires pour vérifier l’association entre exposition à ces différents agents microbiens et les maladies allergiques et respiratoires dans la population PARSIFAL.
Deux types de population ont été comparés à des sujets contrôles : d’une part 229 enfants vivant dans une ferme et d’autre part 122 enfants fréquentant une école Rudolf Steiner, ce qui sous-entend qu’ils sont élevés selon les principes de l’anthroposophie (peu de vaccination, d’anti-pyrétiques et d’antibiotiques, nourriture bio et riche en légumes fermentés).
Cet article rapporte les résultats de la recherche d’endotoxines bactériennes, de moisissures β (1,3)-glucans et de polysaccharides extracellulaires fungiques (PSE) dans la poussière de maison chez ces enfants.
Les auteurs concluent à une exposition plus élevée des enfants des fermes non seulement aux endotoxines bactériennes mais également à des composants fungiques.
Les mêmes résultats ont été mis en évidence, mais à un degré bien moindre, chez les enfants d’écoles Steiner.
Cette étude est à replacer dans son contexte. Un premier travail publié dans le Lancet en 1999 avait montré une prévalence plus faible de l’allergie chez les enfants de famille anthroposophique.
L’étude Parsifal (héros particulièrement vénéré dans l’anthroposophie...) concerne 6000 enfants de 6 à 12 ans recrutés dans des fermes, dans des familles anthroposophiques et parmi une population contrôle. L’étude a été menée dans 5 pays européens où la médecine anthroposophique est reconnue (Autriche, Allemagne, Pays-bas, Suède et Suisse).
Le but de cette vaste étude était de mettre en évidence des facteurs protecteurs vis-à-vis de l’allergie qu’ils soient dus à l’environnement ou au style de vie. Les résultats publiés dans cet article d’Allergy ne concernent qu’une partie de l’étude.
L’idée est bien sûr séduisante de tenter de comprendre pourquoi l’allergie est moins fréquente dans certaines populations.
Mais la médaille a son revers : n’est ce pas donner, d’une certaine façon, une caution scientifique à certaines pratiques douteuses ?
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