Faut-il doser la periostine pour diagnostiquer une rhinite allergique ?

vendredi 14 février 2025 par la rédaction

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Faut-il doser la periostine pour diagnostiquer une rhinite allergique ?

Faut-il doser la periostine pour diagnostiquer une rhinite allergique ?

vendredi 14 février 2025

L’étude de Zhu et coll. (2025) se penche sur le rôle éventuel de la concentration sanguine en périostine comme marqueur biologique pour évaluer la rhinite allergique. La périostine est une protéine cellulaire impliquée entre autre dans l’inflammation de type Th2, caractéristique des maladies allergiques.

Les auteurs ont mesuré les niveaux sériques de périostine chez des personnes souffrant de rhinite allergique. Ils ont observé une corrélation positive entre ces niveaux et la sévérité des symptômes cliniques. Ils suggèrent que la périostine pourrait servir de biomarqueur pour évaluer l’activité de la maladie et guider les décisions thérapeutiques.

Analyse critique :

Plusieurs aspects méritent une discussion approfondie.

  • Comparaison avec les échelles d’évaluation clinique (PAREO et autres scores nasaux) L’un des principaux enjeux de cette étude est la comparaison de la périostine sérique avec les échelles cliniques utilisées dans l’évaluation de la rhinite allergique.
    • Le score PAREO (Prurit, Anosmie, Rhinorrhée, Éternuements, Obstruction nasale) est une échelle clinique simple largement utilisée pour évaluer l’intensité des symptômes chez les patients atteints de rhinite allergique. Ce score permet une quantification subjective des symptômes, alors que le dosage de la périostine offre un marqueur biologique quantitatif.
    • Autres scores nasaux (TNSS – Total Nasal Symptom Score, VAS – Visual Analog Scale, SNOT-22 – Sinonasal Outcome Test) évaluent également l’impact de la rhinite sur la qualité de vie des patients. Ces scores sont faciles à administrer en consultation et permettent un suivi efficace de la réponse aux traitements.
    • Limite de la périostine par rapport aux scores cliniques : Contrairement aux échelles cliniques qui évaluent directement l’expérience des patients, la périostine ne reflète qu’un mécanisme inflammatoire spécifique (Th2) et pourrait ne pas corréler parfaitement avec les symptômes ressentis. Un individu souffrant d’une obstruction nasale sévère causée par une hypertrophie des cornets pourrait avoir des niveaux de périostine dans les normes.

Référence : Le TNSS et le VAS ont démontrés leur corrélation directe avec la perception du patient et la réponse aux traitements antihistaminiques et corticoïdes (Scadding et al., 2017).

  • Spécificité et variabilité interindividuelle de la périostine
    • Manque de spécificité : La périostine est élevée dans de nombreuses pathologies : asthme, dermatite atopique, fibrose pulmonaire idiopathique et même certaines maladies cardiovasculaires. Ainsi, elle ne permet pas un diagnostic spécifique de la rhinite allergique (Sidhu et al., 2018).
    • Influence des facteurs individuels : Les niveaux de périostine varient selon l’âge et le sexe, avec des valeurs plus élevées chez les enfants en croissance et chez les personnes âgées en raison du métabolisme osseux accru (Kudo et al., 2019).
  • Causes de fausses positivités du dosage de la périostine Outre les maladies allergiques, plusieurs facteurs peuvent fausser l’interprétation des résultats :
    • Maladies inflammatoires chroniques : Polyarthrite rhumatoïde, lupus érythémateux disséminé, pathologies digestives inflammatoires.
    • Cancers : Certains types de cancers pulmonaires et gastro-intestinaux peuvent entraîner une augmentation de la périostine.
    • Autres maladies allergiques : Un patient atteint d’asthme sévère ou de dermatite atopique pourrait présenter une périostine élevée sans rhinite allergique active, ce qui complique son usage en tant que marqueur isolé (Tashiro et al., 2020).
  • Comparaison avec d’autres biomarqueurs allergiques D’autres indicateurs biologiques existent actuellement pour mesurer l’inflammation allergique. Ils incluent :
    • Éosinophiles sanguins : Plus facilement accessibles et déjà utilisés en pratique courante pour l’asthme éosinophilique.
    • FeNO (Fractional exhaled Nitric Oxide) : Bien corrélé avec l’inflammation des voies aériennes, mais peu utilisé pour la rhinite seule.

La combinaison éosinophiles sanguins + FeNO est plus fiable pour évaluer une inflammation Th2 dans l’asthme et pourrait être plus pertinente que la périostine seule dans la rhinite allergique (Hoshino et al., 2016).

La périostine est peut-être un biomarqueur intéressant pour l’étude de la rhinite allergique, mais son manque de spécificité et la possibilité de fausses positivités limitent son utilité clinique. Comparée aux scores cliniques (PARÉO, TNSS, VAS), elle ne reflète pas directement l’intensité des symptômes perçus par les patients. Elle est au mieux complémentaire aux outils actuels mais ne les remplace pas.


Voir en ligne : Serum Periostin as a Potential Biomarker in the Evaluation of Allergic Rhinitis : A Pilot Study

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