Accueil du site > Maladies > Traitements > Le Mepozilumab : pour un peu ça ferait le kéké pour un rikiki effet !!

Le Mepozilumab : pour un peu ça ferait le kéké pour un rikiki effet !!
dimanche 8 mai 2005, par
L’immunologie nous fait espérer depuis de nombreuses années des thérapeutiques révolutionnaires pour le traitement des maladies allergiques, en particulier par de nouvelles molécules anti-cytokines. Il est donc intéressant d’étudier les effets d’un anti-IL5, maintenant disponible, dans la dermatite atopique. Est-il efficace ?
Anticorps recombinant monoclonal humanisé anti-IL5 (Mepolizumab) dans le traitement de la dermatite atopique. : J. M. Oldhoff1, U. Darsow2, T. Werfel3, K. Katzer2, A. Wulf3, J. Laifaoui2, D. J. Hijnen1, S. Plötz2, E. F. Knol1, A. Kapp3, C. A. F. M. Bruijnzeel-Koomen1, J. Ring2, M. S. de Bruin-Weller1
1Department of Dermatology and Allergology, University Medical Centre Utrecht, Utrecht, The Netherlands ; 2Department of Dermatology and Allergy, Technical University Munich, and Division of Environmental Dermatology and Allergy GSF/TUM, Munich, Germany ; 3Department of Dermatology and Allergology, Hannover Medical University, Hannover, Germany
dans Allergy 60 (5), 693-696.
– Introduction :
- Les éosinophiles pourraient jouer un rôle important dans la physiopathologie de la dermatite atopique.
- L’IL5 est essentielle à la croissance des éosinophiles, ainsi qu’à leur migration et leur différenciation.
- Un anticorps monoclonal contre l’IL5 humaine (Mepolizumab = M) a été développé pour le traitement des affections atopiques.
– Objectif de l’étude :
- Cette étude a été réalisée pour étudier les effets du M dans la dermatite atopique.
– Méthodologie :
- 2 doses uniques de M de 750 mg, données à une semaine d’intervalle, ont été étudiées chez des patients ayant une dermatite atopique (DA) modérée ou sévère, selon un protocole de randomisation en double aveugle contre placebo.
- Le succès thérapeutique a été défini comme le pourcentage de patients améliorés de façon significative à 2 semaines après évaluation selon la PGA (Physician’s global assessment of improvement).
- De plus, il a été pris également en compte le SCORAD, le score de prurit, le nombre des éosinophiles sanguins et les taux de chemokines sériques (TARC).
- Le propionate de fluticasone crème à 0.05% pouvait être utilisé si nécessaire par les patients comme traitement de recours au 16ème jour en l’absence d’amélioration.
– Résultats :
- 18 patients ont reçu du M et 22 patients un placebo.
- Le nombre des éosinophiles sanguins est significativement diminué dans le groupe traité de façon active par rapport au groupe placebo (p<0.05).
- Il n’y a pas eu d’amélioration clinique
- selon l’échelle d’évaluation PGA (p=0.115),
- ni par l’échelle du SCORAD (p=0.293),
- ni sur les scores d’évaluation du prurit
- ni sur les taux de chemokines dans le groupe traité et le groupe placebo.
- Cependant, une amélioration modeste (moins de 50% d’amélioration) évaluée par l’échelle PGA a été notée de façon significativement plus importante dans le groupe sous M par rapport au placebo (p<0.05).
– Conclusion :
- 2 doses de 750 mg de Mepozilumab n’entraînent pas d’amélioration clinique chez des patients ayant une dermatite atopique,
- malgré une diminution significative du taux des éosinophiles sanguins.
Dans ce travail, les auteurs ont étudié les effets d’un anticorps anti-IL5 dans la dermatite atopique. Il y a effectivement une diminution significative du taux des éosinophiles circulants mais sans amélioration clinique significative 2 semaines après le traitement ayant consisté en l’administration de 2 fois 750 mg.
Ce travail est intéressant car cela fait maintenant plusieurs années que l’on espère des moyens thérapeutiques permettant de traiter nos patients selon les apports récents de l’immunologie.
Si les éosinophiles sont bien impliqués dans la physiopathologie de la dermatite atopique, alors le fait de pouvoir les faire diminuer devrait entraîner une amélioration clinique significative sur le plan cutanée.
Dans ce travail, les auteurs démontrent que l’anticorps anti-IL5 est bien actif puisqu’il diminue effectivement de façon significative l’éosinophilie. Le lien entre IL5 et éosinophile est donc bien confirmé.
Par contre il n’y a pas l’amélioration clinique attendue. Cela peut s’expliquer de 2 façons :
- Soit les doses utilisées sont insuffisantes et/ou trop espacées
- Soit les éosinophiles sont un simple témoin d’une réaction immunologique sans être des acteurs actifs des lésions de la dermatite atopique.
Il serait préférable que la première explication soit la bonne, sinon on peut s’attendre à des déceptions en cascade en ayant confondu acteurs et témoins dans les diverses études immunologiques fondamentales.
Il faut donc poursuivre les essais cliniques.
Enfin, une autre voie serait peut-être l’association de cet anti-IL5 avec d’autres anti-cytokines, car il est peu probable que le mécanisme de la réaction allergique et de ses manifestations cliniques repose seulement sur la modification d’une seule cytokine.
Recevez les actualités chaque mois