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Procès en perspective pour les parents des allergiques à la pénicilline : mise en évidence d’une prédisposition génétique !!
lundi 8 août 2005, par
L’allergie médicamenteuse reste un problème difficile, la clase médicamenteuse la plus souvent impliquée restant les pénicillines. Il semble exister cliniquement une prédisposition génétique. Ce travail confirme cette impression en reliant pour la première fois allergie à la pénicilline et polymorphisme génétique de l’IL4.
Relations entre IgE spécifiques, cytokines et polymorphisme IL4 et IL4 R-α chez les patients ayant une allergie à la pénicilline. : H.-L. Qiao, J. Yang, Y.-W. Zhang
Department of Clinical Pharmacology, School of Medicine, Zhengzhou University, Zhengzhou, China
dans Allergy 60 (8), 1053-1059
– Introduction :
- La production excessive d’IL4, d’IL13 et d’IFN-gamma serait importante pour expliquer le développement des affections allergiques et de l’atopie.
- Plusieurs investigateurs ont fait un lien entre les gènes de l’IL4 et du récepteur à l’IL4 et les affections allergiques et l’atopie.
– Objectif de l’étude :
- Il est d’explorer plus avant les mécanismes de l’allergie à la pénicilline,
- et d’évaluer le rôle, possible des polymorphismes IL4 C 589T et IL4-R α Q576R dans la modulation des réponses allergiques à la pénicilline.
– Méthodologie :
- Des RAST ont été utilisés pour détecter 8 sortes d’IgE spécifiques à la pénicilline dans le sérum.
- Les taux sériques d’IL4, IL13 et IFN gamma ont été mesurés par méthode ELISA.
- Les polymorphismes génétiques de l’IL4 et de son récepteur ont été étudiés par PCR de type PCR-RFLP.
– Résultats :
- Par rapport aux sujets contrôles, il y a :
- une augmentation significative des taux d‘IL4, IL13 et IFN gamma chez les patients ayant des IgE spécifiques positives (p<0.01)
- et des taux bas d’IL4 et IFN gamma sont observés chez les patients allergiques ayant de taux d’IgE spécifiques négatifs (p<0.05).
- Il est observé une tendance croissante des taux d’IL4 et d’IL13 avec le type d’augmentation d’IgE spécifiques, et même il y a une corrélation significative entre les 3 sortes de cytokines et certaines variétés d’IgE spécifiques (p<0.05).
- L’allèle IL4-R a Q576 est significativement augmenté chez les patients ayant une allergie à la pénicilline par rapport aux sujets témoins (p<0.001).
- De plus, l’allèle est fortement associé à l’augmentation des IgE spécifiques à la benzylpenicilloyl (BPO), et à la phenoxomethylpenicillanyl (PVA) et à l’ampicillanyl (APA) chez les patients ayant une taux positif d’IgE spécifiques (p<O.05).
– Conclusions :
- Ces données suggèrent que l’IL4, l’IL13 et l’IFN gamma jouent un rôle important dans l’allergie à la pénicilline.
- Le polymorphisme de l’IL4 R α Q576R pourrait être lié au développement de l’allergie à la pénicilline, et pourrait moduler le taux des IgE spécifiques.
Dans ce travail, les auteurs démontrent qu’il existe un lien entre allergie à l’aspirine et polymorphisme génétique 589T de l’IL4 avec une association significative selon le type d’IgE spécifiques vis-à-vis de la pénicilline. Il est également démontré les rôles de l’IL4, IL13 et IFN gamma.
Ce travail apporte des informations nouvelles sur le mécanisme de l’allergie à la pénicilline.
On sait finalement que l’allergie implique des cytokines qui sont présentes finalement chez tous les patients allergiques ou non. Il faut donc supposer qu’il existe chez les patients allergiques une surexpression de la formation d’IL4.
Plusieurs travaux, pas toujours concordants, ont montré qu’il existait un polymorphisme génétique liant allergie ou asthme et rhinite avec :
- soit des modifications des allèles qui codent pour l’IL4
- soit de celles qui codent pour le récepteur à l’IL4.
Dans les 2 cas, le polymorphisme aboutit à une surexpression de l’IL4 ou de son action.
Les auteurs ont repris ces travaux et les appliquent à l’allergie à la pénicilline.
Ils montrent qu’il existe un lien entre le polymorphisme IL4 R α Q576R et une fréquence plus importante d’allergie à la pénicilline, avec production de certaines IgE spécifiques.
Il a été déjà montré que ce polymorphisme est lié à une augmentation du taux des IgE totales, et qu’il existe un lien avec l’asthme et sa sévérité ainsi qu’avec l’atopie. Le mécanisme serait une augmentation du signal de transduction par ce récepteur modifié de l’IL4.
Ces données vont dans le sens d’une origine génétique ou du moins d’une prédisposition à l’allergie à la pénicilline que l’on évoque souvent sur le plan clinique, en notant des antécédents familiaux identiques.
Reste que pour l’instant ce travail n’a aucune espèce d’incidence en matière de pratique clinique et ne permet pas de modifier notre approche de cette allergie médicamenteuse qui reste encore très fréquente et d’expression souvent gravissime.
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