Allergologue en difficulté pour faire un diagnostic devant un exanthème ? Inutile de mordre le patient !!

lundi 22 août 2005 par Dr Stéphane Guez1929 visites

Accueil du site > Maladies > Diagnostic > Allergologue en difficulté pour faire un diagnostic devant un exanthème ? (…)

Allergologue en difficulté pour faire un diagnostic devant un exanthème ? Inutile de mordre le patient !!

Allergologue en difficulté pour faire un diagnostic devant un exanthème ? Inutile de mordre le patient !!

lundi 22 août 2005, par Dr Stéphane Guez

Il est parfois difficile devant une éruption cutanée dans un contexte infectieux de savoir si elle est secondaire à la prise d’un médicament comme un antibiotique, ou par exemple à l’agent infectieux. On aimerait disposer d’une aide au diagnostic. La biopsie cutanée peut-elle être intéressante ?

Histopathologie des exanthèmes induit par les médicaments : la biopsie a-t-elle un intérêt dans le diagnostic d’allergie médicamenteuse ? : Bronnimann, Marcel ; Yawalkar, Nikhil

dans Current Opinion in Allergy & Clinical Immunology. 5(4):317-321, August 2005

 Objectif de l’étude :

  • Les éruptions cutanées sont parmi les plus fréquents des effets indésirables médicamenteux et représentent un problème diagnostic difficile.
  • Cette revue fait le point sur les données histopathologiques et immunochimiques des exanthèmes maculo-papulaires induits par les médicaments et discute la valeur des biopsies cutanées dans le diagnostic de ces réactions.

 Données récentes :

  • Les données immunohistologiques indiquent :
    • que les LT CD4+ qui expriment des protéines cytotoxiques comme la perforine et le granzyme B sont particulièrement impliqués dans la pathogénie de ces réactions
    • qu’ils sont responsables des lésions histopathologiques des exanthèmes induits par les médicaments ainsi que des manifestations de dermites avec altération vacuolaire et apoptose de quelques kératinocytes basaux.
  • De plus, une régulation positive des cytokines à la fois de type 1 (IFN gamma, TNF alpha) et de type 2 (IL5) a été rapportée.
  • L’IL5 associée à d’autres chimiokines (eotaxine/CCL-11) permet d’expliquer l’infiltration éosinophile des tissus, qui peut être le signe d’une éruption d’origine médicamenteuse récente lorsqu’elle existe.

 Conclusion :

  • Il n’existe pas de critères absolus histologiques ou immunohistologiques pour le diagnostic des exanthèmes maculo papulaires induits par les médicaments, et même si les modifications histologiques observées sont compatibles avec une histoire médicamenteuse, la biopsie ne peut pas exclure de façon formelle d’autres causes étiologiques en raison du recouvrement important des lésions induites par d’autres pathologies responsables d’exanthèmes.
  • Dans les manifestations moyennes sans signe d’atteinte sévère ou symptômes, et avec un lien clair avec une prise médicamenteuse, les informations cliniques et l’aspect morphologique des lésions cutanées sont suffisants pour le diagnostic.
  • Cependant, dans les cas compliqués ou sévères, ou lorsque les lésions ne sont pas évocatrices, les données histopathologiques peuvent donner certaines informations et aider à parvenir à un diagnostic correct.

Ce travail est une revue des données actuelles concernant l’intérêt de l’analyse histologique dans le diagnostic d’allergie médicamenteuse face à un exanthème.

Pour les auteurs, la biopsie peut avoir un certain intérêt seulement dans les formes graves et douteuses sur le plan de l’imputabilité clinique.

Il est très tentant face à un exanthème paraissant d’origine médicamenteuse de penser qu’une biopsie cutanée pourrait aider ou confirmer le diagnostic.

S’il y a actuellement indéniablement des données permettant de comprendre les cellules impliquées dans ces manifestations exanthématiques ainsi que les cytokines mises en jeu, il n’y a aucune lésion histologique ou immunochimique pathognomonique d’un effet indésirable médicamenteux.

Tout au plus on peut utiliser la biopsie comme un argument parmi d’autre en faveur d’une origine possiblement liée à un médicament.

La biopsie n’a donc aucune place en routine dans le cadre d’un bilan d’exanthème lié au médicament.

Elle n’a d’intérêt que dans certaines formes peu convaincantes sur le plan clinique, et encore...

L’allergologue doit donc encore se débrouiller seul pour faire le diagnostic !!

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois