Désensibilisation par voie injectable aux acariens : toujours plus haut, toujours plus fort !!

vendredi 2 septembre 2005 par Dr Stéphane Guez4165 visites

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Désensibilisation par voie injectable aux acariens : toujours plus haut, toujours plus fort !!

Désensibilisation par voie injectable aux acariens : toujours plus haut, toujours plus fort !!

vendredi 2 septembre 2005, par Dr Stéphane Guez

La « mode » en matière de désensibilisation spécifique est de proposer des doses d’entretien de plus en plus élevées. S’il est difficile de faire mieux par voie injectable avec les extraits classiques, peut-on utiliser des doses plus fortes donc à priori plus efficaces avec des extraits allergéniques modifiés ?

Étude comparative de tolérance d’une immunothérapie avec soit des allergènes de Dermatophagoides pteronyssinus non modifiés, soit des allergènes modifiés de façon chimique et utilisés à fortes doses. : Miguel Casanovasa, Enrique Fernández-Caldasa, Remedios Alamarb, Antonio Basombab

aLaboratorios LETI, S.L., Tres Cantos, Madrid, and
bServicio de Alergia, Hospital la Fe, Valencia, Spain

dans International Archives of Allergy and Immunology 2005 ;137:211-218

 Introduction :

  • La modification physicochimique des allergènes pour en réduire l’allergénicité, tout en conservant le potentiel immun, offre l’opportunité d’administrer de fortes doses de vaccins, avec un risque diminué de réactions systémiques.

 Objectif de l’étude :

  • évaluer la tolérance de doses de vaccins modifiés (dépigmentés et polymérisés de DP à des posologies supérieures à celles utilisées dans les conditions habituelles avec un vaccin non modifié.

 Matériel et méthode :

  • Il s’agit d’une étude en parallèle et en double aveugle, incluant 2 groupes de patients.
    • 23 patients ont été traités chaque semaine pendant 9 semaines lors de la phase d’augmentation des doses, puis ont reçu une dose d’entretien pendant 2 semaines (soit 11 injections).
    • 11 patients (age moyen 22 ans) ont reçu une immunothérapie avec le vaccin modifié.
  • La dose maximum utilisée a été le résultat d’une dépigmentation et d’une polymérisation 100 fois supérieure à la dose maximum utilisée avec l’extrait natif.
  • La concentration maximum utilisée a été de 990 microgramme/ml (produit lyophilisé).
  • 12 patients (age moyen 24 ans), ont reçu un extrait standard non modifié.
  • La concentration maximum a été de 70 microgrammes de l’extrait allergénique lyophilisé, avec un potentiel de 10 HEPl/ml.
  • La tolérance a été évaluée en colligeant tous les effets indésirables liés à l’immunothérapie avec un classement en stades de gravité selon les recommandations de l’Académie Européenne d’Allergologie et d’Immunologie Clinique.

 Résultats :

  • Dans les 2 groupes, toutes les réactions locales immédiates ont été non significatives.
  • Les patients traités avec l’extrait natif ont présenté 42 réactions locales immédiates, et 24 réactions retardées (dont une de plus de 10 cm de diamètre).
  • Alors que les patients traités avec l’extrait modifié ont présenté 30 réactions locales et 21 réactions retardées (dont 2 de plus de 10 cm de diamètre).
  • 4 réactions systémiques chez 2 patients (1 immédiate de grade 1 et 3 retardées de grade 2) ont été rapportées dans le groupe traité avec l’extrait natif et 1 réaction retardée de grade 2 a été rapportée dans le groupe traité avec la préparation modifiée.

 Conclusions :

  • Les extraits modifiés de DP, utilisés à des concentrations 10 fois supérieures à celles des concentrations habituelles pour une immunothérapie, démontrent leur innocuité pour traiter les patients allergiques à DPter.
  • La majorité des réactions locales (immédiates et retardées) sont non significatives cliniquement (diamètre inférieur à 5 cm).
  • Aucune réaction systémique de grade 3 ou 4 n’a été rapportée.

Dans ce travail, les auteurs démontrent la bonne tolérance d’une immunothérapie réalisée avec un vaccin modifié de D. Pter, et prescrit selon un protocole de doses très fortes, 100 fois supérieures aux doses habituelles.

Cette tolérance évaluée sur 11 semaines est très bonne avec surtout des réactions locales non significatives.

Ce travail ne peut être considéré que comme une étape préliminaire à une autre étude portant cette fois sur l’efficacité d’une désensibilisation aux acariens avec cet extrait allergénique modifié.

En effet démontrer la bonne tolérance de cet extrait est une chose, montrer qu’il est efficace en est une autre.

On doit cependant noter le faible nombre de patients inclus et l’absence de recul à long terme, en particulier il n’y a pas d’injection à 1 mois d’intervalle comme c’est habituellement le cas dans la désensibilisation classique aux acariens. Rien ne prouve que cette injection mensuelle serait bien tolérée.

Il faut donc prendre acte des résultats de ce travail mais attendre la suite et surtout l’étude qui sera réalisée dans des conditions réelles d’utilisation.

Néanmoins nous adhérons bien entendu à l’opinion des auteurs concernant le progrès apportés par l’utilisation des extraits modifiés qui devraient permettre de conserver le potentiel immunologique des allergènes sans en avoir les risques liés à l’activité de liaison aux IgE spécifiques.

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