Quand l’asthme va mal, la ventoline se vend bien...

mardi 13 septembre 2005 par Dr Clément FOURNIER1590 visites

Accueil du site > Maladies > Asthme > Quand l’asthme va mal, la ventoline se vend bien...

Quand l’asthme va mal, la ventoline se vend bien...

Quand l’asthme va mal, la ventoline se vend bien...

mardi 13 septembre 2005, par Dr Clément FOURNIER

Existe-t-il un lien statistique réel entre la consommation globale de β2-agonistes de courte durée d’action et la morbidité asthmatique. Cette étude de cohorte tente de répondre à cette question.

Le volume de prescription de β2-agonistes de courte durée d’action comme marqueur de la morbidité asthmatique. : Edward T. Naureckas, MD, FCCP ; Vanja Dukic, PhD ; Xiaoming Bao, MSc and Paul Rathouz, PhD

* From the Departments of Medicine, Health Studies, and Department of Statistics, University of Chicago, Chicago, IL.

dans Chest. 2005 ;128:602-608

 Objectifs :

  • Le nombre de consultations aux urgences (CU) et d’admissions à l’hôpital est traditionnellement utilisé pour évaluer l’importance de l’association entre la morbidité liée à l’asthme et les facteurs d’exposition environnementale telle la pollution de l’air.
  • Dans cette étude, nous avons évalué l’utilisation du volume de prescription de β2-agonistes de courte durée d’action (β2-CA) comme nouveau marqueur d’exacerbation de l’asthme par comparaison aux marqueurs classiques.

 Méthodes :

  • Les données étaient obtenues à partir des réclamations (demandes de remboursement NDLR) de patients asthmatiques couverts par la mutuelle Illinois Medicaid entre les années fiscales 1996 et juin 1998.
  • Les réclamations concernant la prescription de β2-CA et le nombre de CU et d’admissions à l’hôpital pour asthme étaient obtenues pour 31140 adultes.
  • L’odds ratio (OR) était calculé pour l’association entre CU ou admission à l’hôpital et prescriptions de β2-CA pour des délais s’étendant de moins 28 jours à plus 28 jours.
  • L’hétérogénéité individuelle entre les sujets et les variations saisonnières ont été corrigés par l’usage de la méthode de Mantel-Haenszel.

 Résultats :

  • Après ajustement sur les variations individuelles et saisonnières, on trouvait une corrélation positive significative entre les prescriptions de β2-CA et les CU ou admissions à l’hôpital pour asthme quel que soit le jour.
  • De plus, on trouvait également une corrélation positive significative entre les CU ou admissions à l’hôpital se produisant quelques jours avant des prescriptions de β2-CA.
  • Aucune corrélation significative n’était retrouvée (après ajustement sur les variations individuelles et saisonnières) entre les prescriptions et les admissions quand la date de prescription de β2-CA précédait celle des CU ou admissions à l’hôpital.

 Conclusion :

  • Une très forte corrélation significative entre les CU ou admissions à l’hôpital pour asthme et les prescriptions de β2-CA était observée, ce qui suggère que ce dernier paramètre puisse être utilisé comme marqueur de la morbidité asthmatique.
  • En outre, il existe une association temporelle entre les réclamations pour CU ou admissions à l’hôpital pour asthme et les réclamations pour prescriptions de β2-CA lorsque la CU ou admission à l’hôpital précède la prescription de β2-CA.

Cette étude confirme le lien statistique existant entre la consommation de β2-agonistes de courte durée d’action et la morbidité asthmatique.

Les auteurs en concluent que le volume de cette consommation est un bon marqueur de cette morbidité et qu’il peut donc être utilisé dans ce but.

Cette étude a le mérite de confirmer sur le plan statistique un fait que l’on pressentait, à savoir que l’augmentation globale de la consommation de β2-agonistes de courte durée d’action est le reflet d’un déséquilibre global des patients souffrant d’asthme.

Il pourrait alors effectivement être intéressant dans le cadre d’études épidémiologiques d’utiliser ce marqueur de morbidité asthmatique (via l’assurance maladie ?) plutôt que d’autres marqueurs plus compliqués.

Par ailleurs je reste toujours épaté par les études de cohortes américaines qui nous rappellent combien nous sommes petits : plus de 31000 patients...

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois