Allergie médicamenteuse, 2 bilans sinon rien...

mardi 11 octobre 2005 par Dr Christian Debavelaere2676 visites

Accueil du site > Allergènes > Médicaments > Allergie médicamenteuse, 2 bilans sinon rien...

Allergie médicamenteuse, 2 bilans sinon rien...

Allergie médicamenteuse, 2 bilans sinon rien...

mardi 11 octobre 2005, par Dr Christian Debavelaere

De plus en plus fort, une exploration allergologique médicamenteuse avec tests cutanés sanguins et test de réintroduction mérite d’être réalisée 2 fois de suite pour détecter un plus grand nombre de sensibilisés...

Diagnostiquer l’allergie aux céphalosporines. : A. Romano*, R.-M. Guéant-Rodriguez§, M. Viola*, F. Amoghly, F. Gaeta*, J.-P. Nicolas and J.-L. Guéant

*Department of Internal Medicine and Geriatrics, UCSC-Allergy Unit, Complesso Integrato Columbus, Rome, Italy, IRCCS Oasi Maria S.S., Troina, Italy, Laboratoire de Pathologie Cellulaire et Moléculaire en Nutrition, EMI INSERM 0014 et IFREMER 20, Faculté de Médecine, Vandoeuvre, France and §Service de Cardiologie, CHU de Nancy-Brabois, Vandoeuvre, France

dans Clinical & Experimental Allergy 35 (9), 1234-1242

 Contexte

  • Après les pénicillines, les céphalosporines sont les bètalactamines qui induisent le plus souvent des réactions IgE médiées.
  • Le développement de tests diagnostiques a été toutefois retardé, car les déterminants allergéniques des céphalosporines n’étaient pas convenablement identifiées.

 Objectifs

  • Évaluer l’utilité des tests cutanés, des IgE spécifiques, et des tests de provocation dans le diagnostic de l’allergie immédiate aux céphalosporines et clarifier le mécanisme pathogénique de ces réactions.

 Méthodes

  • Nous avons étudié 76 adultes avec réaction immédiate aux céphalosporines, le plus souvent ceftriazone, céfotaxime et ceftazidime,
  • des tests cutanés, et des dosages des IgE spécifiques furent réalisés pour les céphalosporines coupables et le céfaclor, comme pour la pénicilline, amoxycilline et ampicilline.
  • Quelques sujets avec des résultats négatifs subirent un test de provocation et une réévaluation, les réponses aux céphalosporines autres que celles coupables furent aussi étudiées.

  Résultats

  • Dans le premier travail, une hypersensibilité IgE-médiée à la pénicilline et/ou céphalosporine fut diagnostiquée chez 63 des 76 patients(82,9%) sur la base des tests cutanés et/ou de la positivité des IgE spécifiques.
  • Parmi les 13 patients négatifs, 8 acceptèrent un test de provocation et subirent une réévaluation.
  • Considérant à la fois les résultats de la première et la deuxième évaluation, le taux de positivité passe de 76,3% à 85,5% et celui des anticorps spécifiques IgE de 67,1% à 74,3%.
  • Au total, une hypersensibilité IgE médiée fut diagnostiquée chez 70 patients ( dont 7 après nouveau testage).
  • Sur la base des tests cutanés et sanguins (CAP-FEIA) nous classâmes nos 76 patients en 5 groupes.
    • groupe A ( 3 patients) positifs seulement aux réactifs pénicilline
    • groupe B (17 patients) positifs à la fois aux réactifs pénicilline et céphalosporine
    • groupe C (24 patients) positifs à plus d’une céphalosporine
    • groupe D (21 patients) positifs seulement à la céphalosporine responsable
    • groupe E (11 patients) négatifs en tests cutanés et CAP-FEIA, incluant 5 radio immuno assay sepharose positifs

 Conclusion

  • La plupart des réactions immédiates aux céphalosporines apparaissent être IgE médiées
  • les tests cutanés aux céphalosporines et les radioimmuno assay -sépharose sont des outils utiles pour évaluer ces réactions,
  • l’hypersensibilité IgE médié aux céphalosporines peut être un état transitoire, aussi les examens allergologistes devraient être répétés chez les patients ayant un bilan initial allergologique négatif, y compris test de provocation.

Cet abstract est très intéressant, car il suggère qu’un bilan initial négatif chez certains patients, puisse se positiver en recontrôlant les mêmes paramètres. Comme si le fait de réaliser le bilan ranimait la braise de l’allergie sous jacente, faussement endormie.

Cette explication est passionnante, car lors d’un récent congrès d’allergie à Marseille, j’avais été frappé et inquiété par une observation de patiente allergique à la pénicilline, challengé à la pénicilline mais qui avait déclenché un choc anaphylactique à la première reprise de pénicilline.

Ceci confirmerait l’intérêt potentiel dans ce cas d’une deuxième exploration avant de réautoriser le médicament.

Cet article ne précise pas si les patients détectés au deuxième bilan le sont après test de réintroduction ou après seulement tests cutanés.

La mauvaise nouvelle est qu’un bilan allergologique est extrêmement lourd à réaliser et chronophage, pour une rémunération dérisoire, rémunération bénéficiant de plus à l’hôpital réalisant ces tests, préparation et dilution d’un grand nombre d’antibiotiques, réintroduction en hospitalisation, quand il faudra annoncer que ceci doit être répété à l’identique quelques semaines plus tard....une véritable histoire Belge, une fois !

Et puis, qui sait, un troisième challenge sera-t-il nécessaire ?

Plus que jamais, restons clinique et réservons nos explorations aux pseudo réactions allergiques ou une chance raisonnable de réintroduction sans risque puisse être préconisée

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois