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Boule de cristal ou éléments prédictifs ?
mercredi 19 octobre 2005, par
La réaction alimentaire est la résultante d’interactions complexes chez un patient prédisposé (allergique), des facteurs environnementaux et un aliment.
Mais peut-on prédire qui sera le plus susceptible de faire une réaction d’anaphylaxie grave ? Peut-on prévoir l’évolution de cette allergie alimentaire vers une tolérance ou non ?
Est-ce que la sévérité du test alimentaire, avec une dose basse, double aveugle et placebo, reflète la sévérité des réactions allergiques à l’arachide dans la population ? : J. O’B. Hourihane*, K. E. C. Grimshaw*, S. A. Lewis*, R. A. Briggs*, J. B. Trewin, R. M. King, S. A. Kilburn and J. O. Warner
*Allergy & Inflammation Research (Child Health), University of Southampton, Southampton, UK, Wellcome Trust Clinical Research Facility, Southampton University Hospital NHS Trust, Southampton, UK and Portsmouth Institute of Medicine, Health and Social Care, University of Portsmouth, Portsmouth, UK
dans Clinical & Experimental Allergy 35 (9), 1227-1233.
– Introduction
- La sévérité des réactions allergiques alimentaires semble être modulée par plusieurs facteurs interactifs.
- On n’est pas certain que les réactions de faible challenge alimentaire reflètent la sévérité des réactions passées ou permettent de prévoir le futur risque.
– Objectifs
- Pour explorer les relations entre les histoires cliniques des réactions antérieures et la sévérité des réactions obtenues par un test à basse dose, double aveugle et contrôle par placebo (DBPCFC) avec de l’arachide.
– Méthodes
- Évaluation d’un questionnaire croisé d’une population, basé sur des réactions allergiques et une dose basse DBPCFC chez des sujets auto-sélectionnés allergiques à l’arachide.
- La réaction sévère était évaluée par un nouveau système de score prenant en compte la dose d’allergène ingérée.
– Résultats
- Quarante sujets (15 hommes, 23 enfants, 23 sujets ayant une histoire d’asthme) étaient étudiés.
- Seulement la plus récente des réactions communes prédisait la sévérité de la réaction dans le DBPCFC, mais même cette association était rare(r=0, 37, P=0,03).
- Les IgE spécifiques anti arachide (PsIgE) et la taille de la papule des tests cutanés en pricks(SPT) n’étaient pas associés au score commun mais le taux de PsIgE était bien corrélé avec le score de challenge (r=0.6,P=0,001).
- L’asthme n’affecte pas la dose de provocation ou le score directement mais l’association des PsIgE et du score était plus élevé chez les sujets sans asthme(r=0, 72, P=0,001) que chez les asthmatiques(r=0, 48, P=0,02).
– Conclusions
- Le système de score développé semble améliorer la sensibilité de l’estimation des réactions induites par DBPCFC.
- C’est la première étude prospective qui montre une association entre les niveaux de PsIgE et la réactivité clinique en DBPCFC, que l’on constate surtout chez les non asthmatiques.
- Cette conclusion a d’importantes implications pour la prise en charge clinique des sujets ayant une allergie alimentaire.
- Il y a peu de corrélation entre la sévérité des réactions rapportées dans l’ensemble de la population et la sévérité de la réaction obtenue pendant le test DBPCFC avec l’arachide.
On ne peut prédire qui sera le plus susceptible de faire une crise d’anaphylaxie grave ; à moins de provoquer une réaction avec l’aliment, il n’existe pas de test permettant de faire une telle prédiction.
Nous disposons de tests cutanés et sanguins pour aider à confirmer l’allergie alimentaire mais ces tests n’ont pas de valeur pour prédire si cette personne fera ou non une réaction grave ou non. Même les taux d’IgE spécifiques ne donnent pas d’indication de gravité.
Mais l’allergie alimentaire n’est pas statique et il est indispensable de réévaluer fréquemment les patients pour déterminer leur état actuel et leur seuil de réactivité.
L’idée de pouvoir disposer de nouveaux modèles de prédiction est séduisante car cela pourrait permettre d’aider au diagnostic et surtout de diminuer le nombre de tests de provocation qui ne sont pas réalisables ni réalisés partout mais qui sont indispensables pour suivre l’évolution des allergies alimentaires.
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