Faut-il adopter une vache et des poules pour éviter l’asthme de nos petits ?

lundi 14 novembre 2005 par Dr Clément FOURNIER2031 visites

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Faut-il adopter une vache et des poules pour éviter l’asthme de nos petits ?

Faut-il adopter une vache et des poules pour éviter l’asthme de nos petits ?

lundi 14 novembre 2005, par Dr Clément FOURNIER

Les enfants vivants à la campagne développent moins de pathologies allergiques que les autres. Cette constatation est-elle liée à une exposition plus massive à des agents infectieux ? Cette étude pose la question et tente d’y répondre.

Agents bactériens et fungiques dans la poussière de maison et sifflements de l’enfants : l’étude PARSIFAL. : D. Schram-Bijkerk*, G. Doekes*, J. Douwes*†, M. Boeve*, J. Riedler‡, E. Üblagger‡, E. von Mutius§, M. R. Benz§, G. Pershagen¶, M. van Hage, A. Scheynius**, C. Braun-Fahrländer††, M. Waser†† and B. Brunekreef* on behalf of the PARSIFAL study group

*Institute for Risk Assessment Sciences, University of Utrecht, Utrecht, The Netherlands, †Centre for Public Health Research, Massey University, Wellington, New Zealand, ‡Children’s Hospital, Salzburg, Austria, §Children’s Hospital, München, Germany, ¶Division of Environmental Epidemiology, Institute of Environmental Medicine, Center for Allergy Research, Karolinska Institute, Stockholm, Sweden, Clinical Immunology and Allergy Unit, Department of Medicine, Karolinska Institute and University Hospital, Stockholm, Sweden, **Clinical Allergy Research Unit, Department of Medicine, Karolinska Institute and University Hospital, Stockholm, Sweden and ††Institute of Social and Preventive Medicine, University of Basel, Basel, Switzerland

dans Clinical & Experimental Allergy 35 (10), 1272-1278.

 Contexte :

  • Le fait de grandir dans une ferme et de vivre au contact de nombreux animaux est associé à une diminution de la prévalence des maladies allergiques dans l’enfance.
  • Ce fait pourrait être en relation avec une exposition inhalée plus importante en agents microbiens.

 Objectifs :

  • Evaluer l’association entre les agents microbiens de la poussière de maison et l’asthme atopique chez des enfants vivant en ferme, chez des enfants scolarisés et chez des enfants témoins.

 Méthodes :

  • Les niveaux d’endotoxines bactériennes, les (1,3)glucans fungiques et les polysaccharides extracellulaires fungiques (EPS) étaient mesurés dans la poussière de matelas et du plancher du salon dans une population de 270 enfants « atopiques » (=phadiatop positif) ayant rapporté la notion d’un sifflement (168 étaient des atopiques « sifflant couramment »), et chez 441 enfants contrôles asymptomatiques non atopiques.
  • Ces enfants étaient sélectionnés à partir d’une étude croisée dans 5 pays européens.

 Résultats :

  • Sur l’ensemble de la population, les niveaux moyens d’endotoxines, d’EPS, et de glucans dans la poussière de matelas étaient légèrement plus hauts chez les sujets contrôles que chez les siffleurs atopiques (1.1-1.2-fold ; P<0.10).
  • La présence d’un « sifflement atopique » était liée aux niveaux d’endotoxines, d’EPS, et de glucans dans la poussière de matelas chez les enfants vivant en ferme (malades et contrôles).
  • Cependant, après ajustement par groupe (enfants vivant en ferme malades versus contrôles), les associations n’étaient plus significatives bien que l’effet de groupe persiste.
  • Aucune association n’était retrouvée entre sifflement atopique et agents microbiens chez les enfants scolarisés (malades et contrôles).
  • Pour le groupe « atopiques sifflant couramment », l’effet « vie à la ferme » devenait non significatif après ajustement pour les niveaux d’agents microbiens.

 Conclusion :

  • De nombreux agents pourraient offrir une protection vis-à-vis de l’asthme atopique de l’enfant et non pas seulement les endotoxines bactériennes.
  • Cependant, l’effet protecteur d’être « élevé à la ferme » était loin d’être expliqué par les niveaux des agents microbiens de matelas mesurés dans cette étude.

Cette étude étudie les liens entre apparition d’une atopie et mode de vie dans l’enfance. L’enjeu classique restant d’essayer d’identifier les facteurs environnementaux favorisant l’apparition de l’asthme atopique.

On confirme ici que le fait de grandir à la campagne dans une ferme, au contact d’animaux a un effet protecteur vis-à-vis de l’allergie. En revanche le lien avec l’exposition à des agents infectieux est loin d’être évident, et dans cette étude la relation observée n’était pas significative statistiquement.

Cette constatation nous rappelle que les facteurs influençant la balance TH1-TH2 sont certainement multifactoriels et ne peuvent se limiter à une exposition isolée à un agent environnemental donné.

Toute la difficulté est de parvenir à identifier ces facteurs multiples et à les classer en fonction de leurs rôles respectifs.

L’idée finale étant bien sûr d’influer sur ces facteurs afin de modifier l’histoire de l’allergie...

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