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Il ne faut pas confondre aspirine et Ventoline !
mercredi 7 décembre 2005, par
Le lien entre la pathologie asthmatique et l’intolérance à l’aspirine n’est plus à démontrer. Cette étude a cherché à savoir si les asthmes associés à cette intolérance étaient plus sévères que les autres.
Intolérance à l’aspirine et sévérité de l’asthme : l’évidence d’une obstruction irréversible des voies aériennes chez les patients avec asthmes sévères ou difficiles à traiter. : Kimberly Mascia, MDa, Tmirah Haselkorn, PhDb, Yamo M. Deniz, MDb, Dave P. Miller, MSc, Eugene R. Bleecker, MDd, Larry Borish, MDa
a From the University of Virginia Health Systems, Charlottesville
b Genentech, Inc, South San Francisco
c Ovation Research Group, San Francisco
d Wake Forest University, Winston-Salem
dans JACI Volume 116, Issue 5, Pages 970-975 (November 2005)
– Contexte :
- Les patients atteints d’hypersensibilité à l’aspirine présentent des sinusites hyperplasiques et des polyposes nasales.
- Nous avons supposé que des mécanismes similaires pourraient jouer un rôle dans les voies respiratoires inférieures et que ces personnes développeraient des asthmes plus sévères avec perte irréversible de la fonction respiratoire.
– Objectifs :
- Nous avons cherché à étudier le rôle des maladies respiratoires induites par l’aspirine (MRIA) en tant que facteur de risque de développement d’une obstruction irréversible des voies aériennes.
– Méthodes :
- Épidémiologie et histoire naturelle de l’asthme : l’étude TENOR (Outcomes and Treatment Regimens study) est une étude observationnelle multicentrique de patients ayant un asthme sévère ou « difficile à traiter ».
- Les données entre les sujets ayant présenté une exacerbation asthmatique après ingestion d’aspirine et ceux n’ayant rien présenté étaient comparées.
- La mesure primaire pour évaluer une obstruction fixée résistant aux bronchodilatateurs (remodelage possible) était représentée par la meilleure spirométrie post bronchodilatateurs réalisée en moyenne dans les 3 années de l’étude.
– Résultats :
- Les patients adultes (> 18 ans) avec MRIA (n = 459) étaient comparés aux patients avec asthme sans intolérance à l’aspirine (n = 2848).
- Les sujets avec MRIA avaient de façon significative un VEMS post-bronchodilatateurs moyen (en % de la théorique) plus bas que les sujets avec asthme sans intolérance à l’aspirine (75.3% vs 79.9%, p< 0.001).
- Les différences de spirométrie observée dans les 2 cohortes persistaient après ajustement sur les autres variables.
- De plus, les sujets avec MRIA étaient plus enclin à développer un asthme sévère selon les critères d’évaluation clinique médicale (66% vs 49%, p < 0.001), plus à risque d’avoir été intubés (20% vs 11%, p < 0.001), d’avoir eu recours aux corticoïdes par voie générale dans les 3 mois (56% vs 46%, p < 0.001), et d’avoir eu besoin de hautes doses de corticoïdes inhalés (34% vs 26%, p < 0.001).
– Conclusion :
- Ces données suggèrent que l’intolérance à l’aspirine est associée à une augmentation de la sévérité de l’asthme et un remodelage possible des voies respiratoires supérieures et inférieures.
Cette étude confirme la particularité des atteintes respiratoires associées à l’existence d’une intolérance à l’aspirine. Elle montre bien que son existence associée à la présence d’une polypose nasale et/ou sinusienne est un facteur de risque de développer un asthme plus sévère.
Ceci doit alerter le clinicien sur la nécessité de dépister ces maladies asthmatiques en cas de polypose nasale et d’intolérance à l’aspirine, afin de mettre en place le traitement adéquat le plus tôt possible. Le but étant d’essayer d’éviter le remodelage bronchique.
Les enjeux sont importants puisque cette étude montre également que les patients avec MRIA sont 2 fois plus souvent intubés que les autres.
Il est dommage que cette étude ne se soit pas plus intéressée à l’impact du traitement de la polypose sur l’évolution de la maladie asthmatique. Il est bien validé dans la littérature que cette approche thérapeutique est essentielle, mais il est toujours bon de le redémontrer.
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