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Traitements inhalés de la BPCO : pour qui est-ce le plus rentable ? Pour les malades, pour les assurances de santé, ou pour les labos... ?
mardi 20 décembre 2005, par
La sécurité sociale va-t-elle être privatisée ? Le raisonnement financier l’emportera-t’-il sur le médical ? Cette étude américaine donne un avant goût des systèmes privés dans le cadre des traitements inhalés de la BPCO.
Evaluation économique du traitement des maladies chroniques obstructives par corticoides inhalés et β2-agonistes de longue durée d’action au sein d’une assurance de santé privée. : Yves M. Gagnona, Adrian R. Levya, b, , , Michael D. Spencerc, Judith S. Hurleyd, Floyd J. Frostd, Douglas W. Mapele and Andrew H. Briggsa, f
aOxford Outcomes Ltd., 450-688 West Hastings Street, Vancouver, BC, Canada V6B 1P1
bDepartment of Health Care and Epidemiology, University of British Columbia, UK
cGlaxoSmithKline Global Health Outcomes, Uxbridge, UK
dLovelace Respiratory Research Institute, Albuquerque, New Mexico, USA
eLovelace Clinic Foundation, Albuquerque, New Mexico, USA
fHealth Economics Research Centre, University of Oxford, UK
dans Respiratory Medicine
Volume 99, Issue 12 , December 2005, Pages 1534-1545
– Objectifs :
- A la lumière des résultats récents des études épidémiologiques montrant une survie prolongée des sujets BPCO sous β2-agonistes de longue durée d’action (β2LA) et/ou corticoïdes inhalés (CI), nous avons étudié leur rapport coût efficacité (CE).
– Méthodes :
- Les données concernant les coûts et la survie étaient recueillies à partir d’un échantillon de sujets bénéficiaires d’une grande organisation d’assurance privée de santé aux Etats-Unis.
- Un modèle d’étude descriptive était utilisé pour évaluer les coûts cumulés et les bénéfices pour la santé des β2LA, des CI, de l’association β2LA + CI ; ou d’autres médicaments « témoins ».
- La survie était estimée en utilisant un modèle de régression paramétrique.
- Les coûts étaient ajustés sur les facteurs pronostiques et censurant.
- Le CE était évalué sur une période de 36 mois et « l’espérance de vie restante » des sujets.
– Résultats :
- Au bout de 36 mois, l’espérance de vie et les coûts (ndlr : coût par mois et par patients à priori) étaient :
- Patients sans β2LA et/ou CI = 2.4 ans (intervalle de confiance 95% (IC) : 2.3 - 2.5) et 28.03 $ (IC : 23,4 $ - 33,57$)
- Patients avec CI seuls = 2.6 ans (IC : 2.6 - 2.7) et 35,17$ (IC : 29,97$ - 40,62$)
- Patients avec β2LA seuls = 2.6 ans (IC : 2.5 - 2.7) et 27,38$ (IC : 21,78$ - 32,51$)
- Patients avec β2LA + CI = 2.7 ans (IC : 2.6 - 2.8) et 33,78$ (IC : 28,7$ - 39,44$)
- Les analyses de survie montraient les mêmes tendances.
– Conclusion :
- Il existe un besoin aigu de trouver des traitements efficaces et améliorant la survie des sujets avec BPCO.
- Les CI, les β2LA, et leur association représentent une option thérapeutique prometteuse et sont actuellement évalués dans plusieurs essais randomisés.
- Si l’impact sur la survie est confirmé par ces essais et comparable à l’impact observé dans les études épidémiologiques, les β2LA et les traitements combinés sont susceptibles d’être d’un bon rapport coût - efficacité aux Etats-Unis.
Cette étude s’est intéressée au rapport « coût-efficacité » des traitements inhalés de la BPCO.
En gros, elle montre que si l’impact sur la survie est confirmé par des études randomisées versus placebo, l’investissement financier en rapport serait d’un bon rapport coût-efficacité.
La vraie traduction de « cost-effectiveness » est plutôt « rentabilité ». Pour nous autres, vivant dans un système de sécurité sociale pour tous avec coûts des soins pris en charge par la société, ce type d’étude est assez déstabilisante.
Il faut donc se plonger dans la vision américaine des assurances privées de santé, pour lesquelles la notion de rentabilité d’un traitement est primordiale. En effet, pourquoi dépenser des sous si un médicament ne permet pas à la fois une efficacité mais aussi de faire des économies par comparaison à d’autre traitement ou à pas de traitement du tout... A l’extrême, si une hospitalisation revenait moins chère qu’un traitement coûteux, on se demande quel choix serait fait par l’assurance privée ?
Sans tomber dans la caricature, il est possible que ce type de fonctionnement nous guette également dans les années futures.
Qu’en serait-il alors du rapport coût-efficacité de l’allergologie (et notamment de la désensibilisation ?) Je laisse à chacun l’opportunité de se faire son idée...
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