Siffler n’est pas gratter : la dermatite atopique a « la peau » du sifflement bronchique !!

mercredi 1er février 2006 par Dr Stéphane Guez1852 visites

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Siffler n’est pas gratter : la dermatite atopique a « la peau » du sifflement bronchique !!

Siffler n’est pas gratter : la dermatite atopique a « la peau » du sifflement bronchique !!

mercredi 1er février 2006, par Dr Stéphane Guez

Le sifflement bronchique est fréquent chez le petit enfant et souvent une manifestation angoissante pour les parents qui craignent qu’il s’agisse alors de la première manifestation d’un terrain allergique. De nombreuses études n’ont pas permis d’apporter une réponse claire à cette question : wheezing = atopie ?

Effets différents des facteurs de risque sur les sifflements de l’enfant et la DA prouvant une étiologie différente de ces deux affections. : Allan Linneberg, MD, PhDa, Jacob B. Simonsen, MScb, Janne Petersen, MSca, Lone G. Stensballe, MD, PhDb, Christine S. Benn, MD, PhDb

a From the Research Centre for Prevention and Health, Copenhagen County
b Danish Epidemiology Science Centre, Statens Serum Institut

dans JACI Volume 117, Issue 1, Pages 184-189 (January 2006)

 Introduction :

  • La dermatite atopique (DA) représente souvent chez l’enfant la première manifestation du phénotype atopique.
  • Le sifflement bronchique est également commun chez l’enfant, mais il est moins évident de savoir s’il faut considérer ces sifflements comme une expression du phénotype d’atopie.
  • Si le sifflement de l’enfant et la DA ont une étiologie commune, cela doit indiquer que les sifflements de l’enfant sont bien l’expression du phénotype allergique.

 Objectif de l’étude :

  • Il a été d’étudier si les facteurs de risque potentiels de sifflements bronchiques chez les enfants et de DA ont des effets similaires sur ces 2 phénotypes, indiquant alors une étiologie commune.

 Méthodologie :

  • Un total de 34793 paires de mères/enfant a été enrôlé dans une étude (Danish National Birth Cohort) avec un suivi prospectif.
  • Les informations sur des épisodes de sifflements, une DA, les facteurs de risque pré, per et post natal ont été recueillis par des interviews à 12 et 30 semaines de gestation ainsi qu’à l’âge de 6 et 18 mois et en croisant les données du Danish Medical Birth Register.
  • Statistique : modèles de régression logistique.

 Résultats :

  • Les variables suivies ont des effets significativement différents sur les sifflements de l’enfant et la DA.
  • Un rhume des foins chez les parents, un asthme familial, une DA des parents, le sexe, l’age de la mère et le travail de la mère, le tabagisme durant la grossesse, la saison de naissance, le poids de naissance, l’age de gestation, la circonférence du crâne, l’allaitement, le nombre des autres frères et sœurs, et la présence d’animaux à la maison.

 Conclusion :

  • La majorité de facteurs de risques ont des effets différents sur les sifflements de l’enfant et sur la DA indiquant une étiologie différente de ces 2 manifestations cliniques.
  • Les enfants siffleurs n’ont pas de facteurs de risque qui croisent avec ceux des maladies atopiques et les sifflements de l’enfant ne doivent donc pas être considérés comme un indicateur d’un phénotype atopique.

Dans ce travail épidémiologique prospectif, les auteurs démontrent que les facteurs de risque connus d’atopie ne sont pas les mêmes pour la DA et le sifflement bronchique et qu’il s’agit donc de deux manifestations cliniques qui reposent sur des étiologies différentes et seule la DA est un marquer du phénotype d’atopie.

Les sifflements bronchiques posent depuis longtemps un problème aux cliniciens : est-ce le premier signe ou non d’une maladie atopique ? Les données de la littérature n’ont pas permis de faire la part des choses.

Dans ce travail astucieux, les auteurs sont partis d’un principe simple : si l’étiologie des sifflements bronchiques et de la dermatite atopique est la même c’est qu’il s’agit bien de l’expression d’une même maladie et donc du phénotype atopique puisque la dermatite atopique est l’expression la plus formelle de l’atopie. Ce raisonnement théorique a ensuite conduit à la construction de l’étude qui a méthodiquement collecté toutes les données entourant la naissance des enfants, et a déterminé si ceux qui sont siffleurs, ou qui ont une dermatite atopique, ont exactement ou non les mêmes antécédents.

Les résultats montrent qu’en réalité on ne retrouve pas les mêmes facteurs de risque chez les enfants ayant des sifflements bronchiques et chez ceux qui ont une dermatite atopique.

Les auteurs, d’après le raisonnement initial, en concluent donc qu’il ne s’agit pas des expressions cliniques d’une même maladie mais bien de deux affections différentes : la dermatite atopique révélatrice du phénotype atopique et les sifflements bronchiques témoins d’autres affections possibles mais non liées de façon forte au terrain atopique.

Ce travail permet donc de dire que devant des sifflements bronchiques, il ne faut pas considérer d’emblée qu’il s’agit de la première manifestation d’un terrain atopique.