Nécessité de nouveaux outils pour l’étude de l’allergénicité des aliments génétiquement modifiés (OGM)

mercredi 22 février 2006 par Dr Cyril HOARAU1783 visites

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Nécessité de nouveaux outils pour l’étude de l’allergénicité des aliments génétiquement modifiés (OGM)

Nécessité de nouveaux outils pour l’étude de l’allergénicité des aliments génétiquement modifiés (OGM)

mercredi 22 février 2006, par Dr Cyril HOARAU

Nous nous sommes tous posés la question du risque de voir augmenter les réactions allergiques avec l’utilisation des produits génétiquement modifiés et si risque il y a, de pouvoir mesurer ce risque.... L’équipe de Gizzarelli a proposé une solution avec un modèle in vivo chez la souris.

Évaluation de l’allergénicité d’extraits de protéines de soja génétiquement modifiés dans un modèle murin de sensibilisation orale spécifique. : F. Gizzarelli*, S. Corinti*, B. Barletta*, P. Iacovacci*, B. Brunetto*, C. Butteroni*, C. Afferni*, R. Onori, M. Miraglia, G. Panzini, G. Di Felice* and R. Tinghino*

*Department of Infectious, Parasitic and Immune-mediated Diseases, Istituto Superiore di Sanità, Rome, Italy, National Center for Food Quality and Risk Assessment, Istituto Superiore di Sanità, Rome, Italy and Service for Biotechnology and Animal Welfare, Istituto Superiore di Sanità, Rome, Italy.

dans Clinical & Experimental Allergy 36 (2), 238-248

 Objectif

  • L’objectif du travail a été de développer et caractériser un modèle murin d’allergie spécifique vis-à-vis d’extraits de protéines de soja sauvage ou de soja génétiquement modifié, après sensibilisation par voie intra-gastrique en présence de toxine cholérique.

 Méthodes

  • Les auteurs ont utilisé des souris Balb/c qui ont été sensibilisées par gavage intra-gastrique en présence de toxine cholérique avec des extraits de protéine de soja sauvage ou de soja génétiquement modifié.
  • Les réponses allergiques spécifiques IgE et IgG ont été mesurées par des techniques ELISA ou d’inhibition d’ELISA.
  • Les réponses lymphocytaires ont été étudiées par une technique de culture mixte lymphocytaire après incorporation de thymidine tritiée et leur activation par mesure de cytokines par une technique ELISA.

 Résultats :

  • Le modèle souris qui a été utilisé a permis de générer des réponses immunes de type IgE et IgG1 avec les extraits de protéines de soja (avec faible production IgG2a), qu’ils soient sauvages ou génétiquement modifiés.
  • Les extraits de protéine de soja sauvage, ou de soja génétiquement modifié, ont pu inhiber la fixation d’IgE d’une souris sensibilisée avec des extraits de protéine de soja sauvage dans les 2 cas, mise en évidence par une technique ELISA utilisant une plaque recouverte avec les mêmes antigènes d’extrait de protéine de soja sauvage (inhibition compétitive).
  • Par ailleurs, dans un modèle de culture mixte lymphocytaire, les réponses lymphocytaires induites par les extraits de protéine sauvage ou génétiquement modifiée sont superposables aussi bien chez les souris préalablement sensibilisées aux extraits de protéine sauvage ou sensibilisées aux extraits de protéine génétiquement modifiée.

 Conclusion :

  • Les auteurs concluent que leur modèle a permis de mettre en évidence que les extraits de protéines de soja sauvage ou génétiquement modifié possèdent les mêmes épitopes T et B.
  • Ce modèle de sensibilisation aux protéines de soja est donc pertinent pour évaluer le risque relatif aux nouvelles protéines issues des aliments génétiquement modifiés.

Le travail de Grazzarelli a le mérite de démontrer, dans un modèle animal simple et reproductible utilisant la toxine cholérique comme adjuvant, que les extraits de protéines de soja sauvage et de soja génétiquement modifié induisent bien une réponse Th2 avec une production d’IgE et de cytokine proallergique comme l’IL4 ou IL5.

La spécificité IgE induite contre les épitopes est superposable dans les 2 cas puisqu’il existe une inhibition compétitive complète entre le sérum de souris sensibilisées avec l’extrait sauvage et celui de souris sensibilisées avec l’extrait génétiquement modifié vis-à-vis des extraits de protéines sauvage.

Cela veut dire qu’il s’agit des mêmes anticorps dans les deux cas et qu’ils sont dirigés contre des épitopes communs.

La réponse T est également superposable entre les souris sensibilisées avec l’extrait sauvage et celles sensibilisées avec l’extrait génétiquement modifié. Mais la spécificité T est plus difficilement mesurable par la technique utilisée (pas d’inhibition compétitive mesurable).

Les organismes génétiquement modifiés représentent pour les industriels de l’agroalimentaire un enjeu stratégique majeur en terme notamment de productivité. Les modifications portent généralement sur l’incorporation de facteurs de résistance qui correspondent souvent à des protéines allergisantes.

Il est donc légitime de se poser la question du devenir en terme d’allergénicité des protéines alimentaires génétiquement modifiées et surtout du moyen de mesurer le risque.

L’équipe de Grazzarelli utilise un modèle murin utilisant la toxine cholérique. Bien que l’on ne connaisse pas exactement le signal induit par cette toxine, il a récemment été démontré que la cellule cible correspond à la cellule dendritique qui mature dans un profil particulier permettant une différentiation lymphocytaire secondaire de type Th2 (Gagliardi 2000 Eur J Immunol).

Le modèle est donc tout à fait pertinent pour l’induction d’une réponse TH2.

La démonstration que les anticorps IgE produits sont superposables dans les 2 cas est séduisante par la simplicité de la technique utilisée. Mais cela est différent pour la réponse T.

Le problème principal est la transposition des résultats dans un modèle humain.

En effet, si la spécificité des réponses T et B aux épitopes est dépendante des antigènes (nature, quantité, porte d’entrée, etc....), elle est surtout dépendante du CMH (complexe majeur d’histocompatibilité) propre à chaque espèce et à chaque individu.

Si le modèle murin développé par Grazzarelli est séduisant (et nécessaire !), il reste insuffisant pour garantir l’absence de risque chez l’homme.

Il est donc nécessaire de développer un modèle humain qui pourra prendre en compte de façon complète la diversité des réponses T et B vis-à-vis de tous les épitopes potentiellement allergisants. Mais je pense que l’équipe de Grazzarelli travaille déjà dans cette direction...

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