Adrénaline : « Shoot or not shoot that’s the question ? »

lundi 20 mars 2006 par Dr Alain Thillay5456 visites

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Adrénaline : « Shoot or not shoot that’s the question ? »

Adrénaline : « Shoot or not shoot that’s the question ? »

lundi 20 mars 2006, par Dr Alain Thillay

Le traitement de l’anaphylaxie est l’adrénaline. Un grand progrès a été apporté par la mise sur le marché de dispositifs autoinjectables. Toutefois, il reste que le patient peut freiner le recours à ces dispositifs du fait de la crainte de la piqûre. Quid de l’efficacité de comprimés sublinguaux d’adrénaline ? Et surtout, quid de la dose à administrer pour avoir l’efficacité d’une IM de 0,3 mg d’adrénaline. C’est tout le sujet intéressant de cette étude canadienne.

Adrénaline, comprimés sublinguaux contre injection intramusculaire : équivalence de dose pour un traitement potentiel de l’anaphylaxie. : Mutasem M. Rawas-Qalaji, BPharma, F. Estelle R. Simons, MDb, Keith J. Simons, PhDab

a From the Faculty of Pharmacy
b Section of Allergy and Clinical Immunology, Department of Pediatrics and Child Health, Faculty of Medicine, University of Manitoba

dans JACI Volume 117, Issue 2, Pages 398-403 (February 2006)

 Contexte :

  • Les autoinjecteurs d’adrénaline sont sous-utilisés dans le cadre du traitement de l’anaphylaxie en urgence, peut-être en partie, du fait de la peur de l’aiguille.

 Objectif :

  • Déterminer la dose d’adrénaline sublinguale, délivrée par un nouveau comprimé à délitement rapide, requise pour parvenir à des concentrations plasmatiques comparables à celles obtenues par l’injection intramusculaire de 0.3 mg d’adrénaline.

 Méthodes :

  • Dans une étude en sections croisées, comprenant 5 bras, ont été comparés sur un modèle de lapin validé, des comprimés sublinguaux d’adrénaline dosés à 0, 10, 20 et 40 mg et de l’adrénaline intramusculaire à 0.3 mg au niveau de la cuisse (Epipen).
  • Des échantillons de sang ont été prélevés avant administration et à 5, 10, 15, 20, 30, 40, 60, 90, 120, 150 et 180 minutes après.
  • Les concentrations plasmatiques d’adrénaline ont été mesurées à l’aide d’une chromatographie liquide haute performance.
  • Les paramètres pharmacocinétiques ont été calculés à l’aide de WinNonlin.

 Résultats :

  • L’aire sous la courbe (ASC), la concentration maximale (Cmax) et le temps pour parvenir au Cmax (Tmax) n’étaient pas significativement différents (p<0,05) après 40 mg d’adrénaline sublinguale (ASC = 1861 +/- 537 ng/ml/min, Cmax = 31.0 +/- 13.1 ng/ml et Tmax = 9 +/- 2 minutes) qu’après injection intramusculaire de 0.3 mg d’adrénaline (ASC=2431+/-386 ng/ml/min, Cmax =50,3+/-17,1 ng/ml et Tmax =21+/-5 minutes).
  • Les ASC après les comprimés dosés à 0 mg d’adrénaline (ASC = 801 +/- 160 ng/ml/min), à 10 mg (ASC = 335 +/- 152 ng/ml/min) et à 20 mg (ASC = 801+/- 160 ng/ml/min) ne différaient pas significativement les unes des autres, mais étaient significativement plus basses (p<0,05) que l’ASC obtenue après l’injection intramusculaire de 0,3 mg d’adrénaline.

 Conclusion

  • L’administration sublinguale de 40 mg d’adrénaline sous forme de comprimé permettait d’obtenir des concentrations plasmatiques d’adrénaline comparables à celles obtenues après injection intramusculaire de 0,3 mg d’adrénaline au niveau de la cuisse.

Il s’agit d’une étude canadienne. On sait combien le continent nord américain, et particulièrement le Canada, est à la pointe de la prise en charge du choc anaphylactique par le patient lui-même. Les médecins y ont lancé de longue date, l’utilisation du stylo autoinjecteur d’adrénaline ; des précurseurs donc.

Pour améliorer encore cette prise en charge, ces médecins ont pensé que le fait de piquer pouvait être un élément limitant du recours à l’adrénaline autoinjectable. Ils ont donc imaginé un comprimé d’adrénaline à délitement rapide par voie sublinguale.

Bien sûr, il faut démontrer l’efficacité de ce comprimé et surtout le dosage approprié pour obtenir des concentrations plasmatiques comparables à celles produites par l’injection intramusculaire au niveau de la cuisse, de 0,3 mg d’adrénaline.

Ils ont eu recours à un modèle validé sur lapins qui montre qu’il faut administrer en sublingual des comprimés dosés à 40 mg d’adrénaline.

Cela paraît vraiment intéressant en pratique courante car, pour beaucoup de patients l’autoinjection reste encore source d’angoisse ; le risque est alors grand de voir un retard à l’administration du traitement salvateur. De plus, on peut penser que ces comprimés sublinguaux coûteront beaucoup moins cher que les stylos autoinjecteurs.

Il restera à pleinement démontrer l’intérêt et l’efficacité de cette adrénaline sublinguale sur l’homme.

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