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Sniffer la poussière de maison : « le » nouveau traitement préventif des allergies ?
lundi 3 juillet 2006, par
On pense tout connaître en 2006 des principaux allergènes de l’environnement domestique. Et pourtant connaît-on bien le rôle immuno-modulateur de certains composants de cet environnement comme la poussière de maison ? Une équipe a étudié chez la souris les effets de la poussière : résultats surprenants !!
Les extraits de poussières de maison ont à la fois un effet adjuvant et des activités de tolérance. : Nicholas Ng, BAa, Diane Lam, BSa, Petra Paulus, MD, PhDa, Glenda Batzer, BSa, Anthony A. Horner, MDab
a From the Department of Medicine
b The Sam and Rose Stein Institute for Aging, University of California, San Diego
dans JACI Volume 117, Issue 5, Pages 1074-1081 (May 2006)
– Introduction :
- Bien que son mécanisme reste controversé, il y généralement un accord sur l’influence de l’environnement concernant le risque de développement d’une allergie durant les premières années de vie.
- Les auteurs ont émis l’hypothèse suivante :
- les extraits de poussières stériles de maison pourraient avoir des activités immunologiques reflets de leur origine environnementale et ainsi, pourraient être des produits intéressants de substitution pour des explorations sur la façon dont l’exposition environnementale influence l’homéostasie immune.
– Objectif de l’étude :
- Le but de ce travail a été :
- de déterminer la façon dont l’exposition aux poussières de maison influence les réponses adaptatives à un allergène co-administré
- et les conséquences en terme de réponse sur l’hyperréactivité bronchique lors d’un test de provocation avec l’allergène.
– Méthodologie :
- Des souris ont été vaccinées par voie intra nasale avec de l’ovalbumine sur la base d’une administration par semaine.
- Des groupes sélectionnées de souris ont également reçu chaque semaine des extraits de poussières de maison avec de l’ovalbumine ; soit chaque jour avant l’administration par semaine en commençant 7 jours avant la première sensibilisation à l’ovalbumine, soit en même temps.
– Résultats :
- La vaccination chaque semaine avec la poussière de maison et l’ovalbumine va orienter les souris vers un développement immunitaire de type Th2 avec des réponses d’hypersensibilité respiratoire.
- Inversement, une dose quotidienne faible d’exposition à la poussière de maison protège contre l’orientation immunologique et pathologique associées à une exposition chaque semaine de poussières de maison et d’ovalbumine.
- Les activités adjuvantes Th2 des poussières de maison sont dépendantes de la MyD88, une molécule critique pour le signal intracellulaire au travers d’une majorité de récepteurs de type Toll-like.
- De plus, l‘activité tolérogène est associée à une exposition quotidienne de poussière de maison qui peut-être remplacée par le LPS.
– Conclusion :
- Ces résultats démontrent qu’en adjonction aux allergènes, le contenu de l’environnement contient du matériel immuno-modulateur ayant à la fois des propriétés adjuvantes de type Th2 et des activités de tolérance.
- Les implications cliniques sont les suivantes :
- Comme les contenus en poussières de maison sont ubiquitaires, ces résultats peuvent permettre d’analyser et comprendre les observations cliniques concernant les événements immunologiques liés au maintien de la tolérance aux pneumallergènes et les réponses de dérégulation qui conduisent aux affections allergiques respiratoires.
Les auteurs démontrent chez la souris que la poussière de maison a une influence certaine sur l’orientation de la réponse immune vis-à-vis des allergènes. Une exposition chronique à de faibles doses induit une tolérance alors qu’une exposition itérative à de fortes doses favorise le développement d‘une réponse Th2.
Ce travail va sans doute faire plaisir à de très nombreux allergologues qui se sont vus traités de « ringards » par de jeunes chercheurs qui ont farouchement combattu la désensibilisation associant poussières de maison et acariens pour aboutir à la disparition définitive du mélange acariens / poussières de maison.
Ce travail démontre que cette poussière, du moins sur le plan fondamental, a bien une influence sur le développement du système immunitaire et selon la nature du contact, chronique ou non, va favoriser une tolérance ou au contraire, faciliter le développement de l’allergie et de l’hyper réactivité bronchique aux pneumallergènes communs de l’environnement.
Les auteurs soulignent un point important : la présence sans doute fondamentale des extraits microbiens dont le LPS.
Les partisans de l’hypothèse hygiéniste vont donc être également contents : l’excès de propreté et la traque de la poussière serait possiblement responsable de l’orientation Th2 des lymphocytes.
Ainsi, l’influence de l’environnement peut prendre des aspects un peu surprenants et les polluants banaux ont certainement un rôle à jouer qui mérite d’être précisé chez l’homme.
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