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Les délicats seront heureux : ils sont peut-être allergiques à la carapace de l’acarien et non à ses fèces !!
mardi 11 juillet 2006, par
Les techniques de biologie moléculaire permettent actuellement non seulement de dépister de nouveaux allergènes mais aussi de les produire afin de permettre une exploration clinique et biologique une fois les séquences aminés déterminées. Ainsi, les acariens livrent de nouveaux secrets...
Les chitinases allergéniques Der p 15 et Der p 18 de l’acarien Dermatophagoïdes pteronyssinus. : S. E. O’Neil*, T. K. Heinrich*, B. J. Hales*, L. A. Hazell*, D. C. Holt+, K. Fischer and W. R. Thomas*
*Division of Molecular Biotechnology, Telethon Institute for Child Health Research, Centre for Child Health Research, University of Western Australia, Subiaco, WA, Australia, +Menzies School of Health Research, Casuarina, NT, USA, and Queensland Institute of Medical Research, Malaria and Scabies Laboratory, PO Royal Brisbane Hospital, Brisbane, QLD, Australia
dans Clinical & Experimental Allergy 36 (6), 831-839
– Introduction :
- Les acariens de la poussière de maison D pter et D far sont responsables de maladies allergiques à la fois chez les humains et chez les chiens.
- Dans les régions géographiques où les 2 espèces d’acariens cohabitent, ils entraînent de façon associée des réponses spécifiques IgE chez les humains, alors que chez les chiens, il y a une réponse préférentielle vis-à-vis de D Far.
- Chez les chiens, les IgE sont dirigées contre des chitinases Der f 15 et Der f 18 et non contre les allergènes des groupes 1 et 2 comme chez les humains.
- Bien que la réponse IgE de l’homme vis-à-vis de Der f 18 ait été explorée, il n’y a pas de travaux sur des IgE spécifiques humaines dirigées contre Der f 15.
– Objectif de l’étude :
- Le but de ce travail a été de caractériser les allergènes chitinases Der p 15 et 18 de l’acarien D pter et de déterminer s’il s’agit d’un allergène important chez l’homme.
– Méthodologie :
- Des ADNc ont été clonés par PCR avec une stratégie d’utilisation des amorces de D pter basée sur la présence de séquences conservées de chitinases.
- La liaison des IgE aux polypeptides recombinants a été faite par immuno-sorbent test.
- Les souris ont été immunisées avec les polypeptides et la réactivité croisée a été examinée.
– Résultats :
- 2 variants de Der p15 ont été isolés, correspondants à des protéines de 58.8 et 61.4 kDa.
- Les séquences d’aminoacides ont 90% d’homologie avec Der f 15.
- L’ADNc de Der p 18 code pour une protéine de 49.2 kDa ayant 88% de séquences identiques à Der f 18.
- La spécificité IgE est détectée respectivement par 70% des patients avec Der p 15 et 63% des patients avec Der p 18, dans l’étude d’un échantillon de 27 sérums de patients allergiques.
– Conclusions :
- Les chitinases de D pter, Der p 15 et Der p 18 montrent une grande fréquence de liaison aux IgE humaines chez les patients allergiques.
- Il y a donc une potentialité allergénique importante chez les humains comme il en est des chiens.
Dans ce travail, les auteurs démontrent qu’il existe des allergènes potentiels représentés par des chitinases des acariens D pter.
Ces allergènes ont de fortes homologies avec des séquences aminées de Der farinae. Ces chitinases sont reconnues par plus de la moitié des patients allergiques aux acariens.
Il reste maintenant à prouver si réellement ces chitinases sont des allergènes responsables d’allergies vraies chez l’homme, ou s’il s’agit d’allergènes cliniquement muets n’entraînant que des allergies croisées entre Der pter et Der far sur le plan biologique.
Ce travail ne permet pas en effet, de faire la preuve d’une façon certaine de l’implication des chitinases 15 et 18 dans la pathologie respiratoire allergique humaine : il faut attendre des études avec des tests cutanés faits avec des extraits allergéniques contenant ces allergènes.
S’il s’avère qu’il existe bien des allergies aux chitinases, cela veut donc dire qu’il faudra dorénavant réaliser un « profil » allergénique spécifique à chaque patient avec étude non seulement des allergènes des groupes 1 et 2, mais également vis-à-vis de ces chitinases avant de se lancer dans une désensibilisation dont il faudra au préalable vérifier le contenu en allergènes spécifiques au patient.
Bref, cela va certainement compliquer les choses mais aussi améliorer les résultats de nos traitements.
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