Rien ne vaut le lait maternel...

mardi 7 novembre 2006 par Dr Geneviève DEMONET2560 visites

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Rien ne vaut le lait maternel...

Rien ne vaut le lait maternel...

mardi 7 novembre 2006, par Dr Geneviève DEMONET

L’utilisation d’hydrolysats de protéines est indiscutable en cas d’allergie au lait de vache. Mais doit-on les recommander préventivement chez l’enfant à risque d’allergie ? La Cochrane review a mené l’enquête et répond à la question...

Prévention de l’allergie et de l’intolérance alimentaire du nourrisson par les formules d’hydrolysats de protéines. : DA Osborn and J Sinn

dans Cochrane Database of Systematic Reviews 2006 Issue 4

 Contexte :

  • L’allergie et les réactions aux aliments sont fréquentes et peuvent être associées aux aliments y compris les formules adaptées du lait de vache.
  • Les formules à base d’hydrolysats de protéines sont utilisées pour traiter les enfants ayant un allergie ou une intolérance alimentaire.
  • Cependant, leur intérêt dans la prévention de l’allergie et de l’intolérance alimentaire chez le nourrisson n’ayant pas de manifestation d’allergie ou d’intolérance n’est pas clair.

 Objectifs :

  • Comparer, chez les nourrissons et les enfants, l’effet de l’utilisation de formules hydrolysées avec celle de lait de vache adapté ou de lait de femme sur la survenue d’allergie et d’intolérance alimentaire.
  • En cas d’efficacité des formules d’hydrolysats, déterminer quel type de formule d’hydrolysat est la plus efficace entre les formules hydrolysées partiellement ou extensivement.
  • Déterminer quels nourrissons pourraient avoir un bénéfice en fonction du risque vis-à-vis de l’allergie (haut ou bas) et du mode d’administration de la formule (précoce, à court ou long terme).

 Stratégie de la recherche :

  • La stratégie standard de recherche du Groupe Néonatal de la Cochrane Review a été utilisée.
  • La revue a été mise à jour avec les recherches du Registre Cochrane Central des Essais Contrôlés (CENTRAL, The Cochrane Library, Issue 1, 2006), de MEDLINE (1966 - mars 2006), EMBASE (1980 - mars 2006) et CINAHL (1982 - mars 2006) et les revues précédentes incluant les références croisées.

 Critères de sélection :

  • Les essais randomisés ou quasi-randomisés comparant l’utilisation d’une formule hydrolysée pour nourrisson au lait de femme ou à une formule à base de lait de vache.
  • Les essais avec un suivi de plus de 80% des participants ont été éligibles pour l’inclusion.

 Recueil des données et analyses :

  • L’éligibilité des études en ce qui concerne l’inclusion, la qualité méthodologique et l’extraction des données a été vérifiée de façon indépendante par chaque auteur.
    -* Les résultats primaires ont inclus l’allergie clinique, les allergies spécifiques et l’intolérance alimentaire.
  • Les méta-analyses ont été conduites en utilisant un modèle à effets fixes.

 Principaux résultats :

  • Deux essais ont comparé l’alimentation précoce, à court terme, par formule hydrolysée à l’allaitement maternel. Aucune différence significative n’a été rapportée pour l’allergie du nourrisson ou de l’enfant au lait de vache (ALV).
  • Aucun essai comparant l’alimentation prolongée avec une formule hydrolysée à l’allaitement maternel n’a été éligible.
  • Deux essais ont comparé une alimentation précoce, à court terme, par formule hydrolysée à une formule à base de lait de vache. Aucun bénéfice significatif n’a pu être rapporté.
  • Une vaste étude quasi-randomisée a rapporté une réduction de l’ALV du nourrisson avec une significativité limite chez les nourrissons à faible risque (RR 0.62, IC 95% 0.38, 1.00).
  • Dix études éligibles ont comparé une alimentation prolongée avec une formule hydrolysée à une alimentation avec une formule à base de lait de vache chez des nourrissons à haut risque.
    • La méta-analyse a montré une réduction significative de l’allergie du nourrisson (sept études, 2514 nourrissons ; RR typique 0.79, IC 95% 0.66, 0.94) mais pas sur l’incidence de l’allergie dans l’enfance (deux études, 950 nourrissons, RR typique 0.85, IC 95% 0.69, 1.05).
    • Il n’y a pas eu de différence significative pour l’eczéma du nourrisson (huit études, 2558 nourrissons, RR typique 0.84, IC 95% 0.68, 1.04), l’incidence de l’eczéma de l’enfant (deux études, 950 nourrissons, RR typique 0.83, IC 95% 0.63, 1.10), la prévalence de l’eczéma de l’enfant (une étude, 872 nourrissons ; RR 0.66, IC 95% 0.43, 1.02), l’asthme du nourrisson ou de l’enfant, la rhinite ou l’allergie alimentaire.
  • Une étude a rapporté une réduction significative chez les nourrissons avec ALV avec atopie confirmée (RR 0.36, IC 95% 0.15, 0.89). Une analyse des sous-groupes en aveugle vis-à-vis des formules n’a pas trouvé de différence significative dans l’allergie du nourrisson (quatre études, 2156 nourrissons ; RR typique 0.87, IC 95% 0.69, 1.08) ou l’incidence de l’allergie dans l’enfance (une étude, 872 nourrissons ; RR 0.91, IC 95% 0.73, 1.14).
  • Aucun essai éligible n’a examiné l’effet d’une alimentation prolongée avec une formule hydrolysée sur l’allergie au-delà de l’enfance.
  • Il existe des données prouvant que les nourrissons prématurés ou de bas poids de naissance nourris avec une formule hydrolysée ont une réduction de la prise de poids mais pas des autres paramètres de croissance (périmètre crânien ou taille).
  • Les études sur les enfants à terme n’ont pas rapporté d’effets adverses sur la croissance.
  • Une analyse des sous-groupes d’essais formule partiellement hydrolysée versus formule à base de lait de vache a trouvé une réduction significative de l’allergie du nourrisson (six études, 1391 nourrisson : RR typique 0.79, IC 95% 0.65, 0.97) mais pas de l’allergie de l’enfant, de l’asthme du nourrisson ou de l’enfant, de l’eczéma ou de la rhinite.
  • Les préoccupations méthodologiques ont été les mêmes pour l’analyse globale.
  • L’analyse des essais de formules d’hydrolysats poussés versus formules de lait de vache n’a pas montré de différence significative pour l’allergie ou l’intolérance alimentaire. Les nourrissons nourris avec des hydrolysats poussés avaient, comparativement à ceux nourris avec des hydrolysats partiels, une réduction de l’allergie alimentaire (deux études, 341 nourrissons, RR typique 0.43, IC 95% 0.19, 0.99) mais il n’y avait pas de différence en ce qui concerne l’incidence de l’allergie dans sa globalité ou d’une allergie spécifique.
  • Comparant une formule contenant une caséine hydrolysée extensivement avec une formule de lait de vache, une étude (431 nourrissons) a rapporté une réduction significative de l’incidence de l’allergie dans l’enfance (RR 0.72, IC 95% 0.53, 0.97).
    Une méta-analyse a trouvé une réduction significative de l’eczéma du nourrisson (trois études, 1237 nourrissons ; RR typique 0.71, IC 95% 0.51, 0.97).
  • Une étude a rapporté une réduction significative de l’incidence de l’eczéma dans l’enfance (RR 0.66, IC 95% 0.44, 0.98) et de la prévalence (RR 0.50, IC 95% 0.27, 0.92).

 Conclusions des auteurs :

  • Il n’existe pas de données permettant de soutenir que l’utilisation de formules hydrolysées pourrait prévenir l’allergie comparativement à l’allaitement maternel.
  • Chez les nourrissons à haut risque ne pouvant être allaités de façon exclusive, il existe des preuves limitées qu’une alimentation prolongée avec une formule hydrolysée réduit l’allergie du nourrisson et de l’enfant et l’ALV du nourrisson, comparativement à une formule au lait de vache.
  • En raison de préoccupations méthodologiques et de l’inconsistance des résultats, des essais ultérieurs à grande échelle sont nécessaires pour comparer des formules contenant du petit lait hydrolysé ou de la caséine extensivement hydrolysée avec des formules au lait de vache.

Les études publiées de 1966 à mars 2006 comparant l’utilisation d’hydrolysats de protéines à celle de formules de lait de vache ou à l’allaitement maternel ont été reprises et sélectionnées.

Il apparaît qu’il n’y a aucun avantage, pour protéger de l’allergie, à substituer un hydrolysat de protéines à l’allaitement maternel.

Par contre, lorsque l’allaitement maternel exclusif n’est pas possible, chez un enfant à haut risque d’allergie, il y a des arguments, même s’ils sont limités, pour préférer un hydrolysat de protéine à une formule au lait de vache dans le but de limiter les risques d’allergie du nourrisson et de l’enfant, allergie au lait de vache comprise.

Il existe cependant des difficultés méthodologiques qui appellent à la mise en œuvre de nouvelles études.

Un constat en demi-teinte donc...

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