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Fumeurs, votre généraliste va aussi vous sermonner
vendredi 10 novembre 2006, par
Le tabagisme reste un problème majeur de santé publique. Toutes les méthodes pour obtenir un sevrage doivent être tentées. Cette étude a regardé si une stratégie minimaliste était possible au niveau de la médecine générale, et quelle était son efficacité.
Spirométrie et conseils de sevrage tabagique en médecine générale : une étude clinique randomisée. : Johan Buffelsa, , , Jan Degrysea, Marc Decramerb and Jan Heyrmana
aDepartment of General Practice, Academisch Centrum voor Huisartsgeneeskunde, Katholieke Universiteit Leuven, Kapucijnenvoer 33 Blok J, B-3000 Leuven, Belgium
bDepartment of Pulmonology, University Hospital Leuven, Leuven, Belgium
dans Respiratory Medicine
Volume 100, Issue 11 , November 2006, Pages 2012-2017
– Objectifs :
- Évaluer le taux de succès de sevrage tabagique avec la « stratégie d’intervention minimale » en médecine générale, et déterminer l’influence de la spirométrie sur ce taux de succès.
– Méthodes :
- 16 médecins généralistes bénéficiaient d’un entraînement sur les conseils à donner pour arrêter de fumer.
- Durant 12 semaines, ces médecins généralistes triaient leur population de malade vis-à-vis des habitudes tabagiques, du degré de dépendance à la nicotine, et de leur motivation à arrêter de fumer.
- Les patients désireux d’arrêter étaient randomisés en 2 groupes :
- un groupe qui réalisait une spirométrie simple de consultation
- un groupe contrôle sans spirométrie
- Les médecins généralistes devaient soutenir les tentatives d’arrêt en utilisant la « stratégie d’intervention minimale ».
- Les taux de succès étaient comparés après 6, 12, et 24 mois.
– Résultats :
- A partir d’une population de patients de 5590 patients, 1206 fumeurs étaient sélectionnés (22 %).
- Dans le groupe vulnérable, identifié en suivant le schéma de Prochaska et Di Clemente (voir ndlr), la proposition de changer le comportement tabagique était faite.
- 221 patients entreprenaient une tentative de sevrage tabagique.
- Une substitution nicotinique ou du bupropion étaient prescrits dans 51 % des tentatives.
- 64 sevrages étaient obtenus et maintenus après 6 mois (29 %), 43 après 1 an (19 %), et 33 après 2 ans (15 %).
- Une petite différence non significative existait au niveau du taux de succès en faveur du groupe de patients qui avaient réalisé une spirométrie.
– Conclusion :
- Les médecins généralistes peuvent motiver presque 20 % de leur population de fumeurs à se sevrer.
- Le taux de succès de la « stratégie d’intervention minimale » était de 19% à 1 an et de 15 % à 2 ans.
- Nous n’avons pas trouvé d’arguments qui permettent d’affirmer que confronter des fumeurs à leur fonction pulmonaire soit un outil d’aide au sevrage tabagique.
Cette étude confirme que les médecins généralistes peuvent jouer un rôle majeur dans la diminution du tabagisme. Et d’ailleurs un grand nombre sont déjà impliqués dans cette prise en charge.
En effet, il est montré qu’à l’aide d’une stratégie minimaliste, ces généralistes parviennent à obtenir un sevrage à 2 ans de 15 %, ce qui est un chiffre appréciable quand on connaît la difficulté d’obtenir un sevrage chez un fumeur.
La réalisation d’une spirométrie ne change rien à ce succès (différence non significative entre les 2 groupes de sevrage avec/sans spirométrie). La substitution nicotinique ou le soutien par bupropion sont proposés dans l’étude.
Ces résultats montrent que les tentatives d’obtention de sevrage tabagique chez nos patients fumeurs restent l’affaire de tous, et que cela commence chez le généraliste. On peut imaginer que cela pourrait éviter d’envoyer 15 à 20 % des patients chez le tabacologue, bien assez surchargé de patients...
– Ndlr : Description de l’image du schéma de Prochaska et Di Clémente.
- Un fumeur habituel “heureux” passe, au cours de sa vie, à un lent processus de maturation.
- Il devient un fumeur habituel insatisfait qui peut envisager d’arrêter, décider d’arrêter, ou essayer d’arrêter.
- 10 à 30 % réussissent à s’arrêter et deviendront des non-fumeurs “heureux”, 70 à 90 % échouent et deviennent des fumeurs “malheureux”.
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