Il ne faut pas prendre l’asthme sévère à la légère.

vendredi 5 janvier 2007 par Dr Philippe Carré1350 visites

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Il ne faut pas prendre l’asthme sévère à la légère.

Il ne faut pas prendre l’asthme sévère à la légère.

vendredi 5 janvier 2007, par Dr Philippe Carré

Malgré un traitement optimal, certains enfants asthmatiques ont des symptômes de sévérité persistants. Les auteurs ont évalué, par des critères non invasifs d’étude de la fonction respiratoire, de l’atopie et de l’inflammation bronchique, ce qui permettait de différencier ces asthmes sévères infantiles des asthmes légers à modérés.

Caractéristiques de l’asthme sévère chez les enfants d’âge scolaire : l’atopie et l’augmentation du NO expiré. : Anne M. Fitzpatrick, PhDa, Benjamin M. Gaston, MDb, Serpil C. Erzurum, MDc, W. Gerald Teague, MDa

a From the Department of Pediatrics, Emory University School of Medicine, Atlanta
b Department of Pediatrics, University of Virginia
c Department of Pathobiology, Department of Pulmonary, Allergy and Critical Care Medicine, Cleveland Clinic Foundation

dans JACI Volume 118, Issue 6, Pages 1218-1225 (December 2006)

 Contexte

  • Les enfants ayant un asthme sévère ont des symptômes persistants malgré un traitement par des corticostéroïdes inhalés (CSI).
  • Les caractères différentiant l’asthme sévère chez l’enfant ne sont pas bien définis.

 Objectif

  • Identifier les caractères de l’asthme sévère par rapport à l’asthme léger à modéré, chez des enfants scolarisés, en utilisant des moyens de mesure non invasifs de la fonction respiratoire, de l’atopie et de l’inflammation des voies aériennes.

 Méthodes

  • 75 enfants asthmatiques (âge moyen de 10 ans) ont subi à l’état basal une étude incluant une spirométrie et des tests de volume pulmonaire, un test de provocation bronchique à la métacholine, une évaluation de leur état allergique et une mesure de la fraction expirée du NO (FexNO).
  • 28 d’entre eux ont été suivis longitudinalement pendant 6 mois.
  • Les participants étaient assignés dans le sous-groupe de l’asthme sévère s’ils nécessitaient de fortes doses de CSI plus ou moins 2 critères mineurs.

 Résultats

  • Les enfants avec un asthme sévère avaient, par rapport à ceux avec un asthme léger à modéré, plus de symptômes, une obstruction plus grande des voies aériennes, plus de trapping des gaz aériens, et une hyperréactivité bronchique (HRB) augmentée à la métacholine.
  • Les sujets avec un asthme sévère avaient aussi une concentration de FexNO plus importante, et une sensibilisation significativement plus grande aux aéroallergènes.
  • A long terme, la diminution du VEMS et l’augmentation de la FexNO persistaient tous deux chez les asthmatiques sévères par rapport à ceux avec un asthme léger à modéré.
  • De plus, malgré l’augmentation des doses de CSI, la fréquence des exacerbations était significativement plus élevée chez les sujets avec un asthme sévère par rapport à ceux avec un asthme léger à modéré.

 Conclusion

  • L’asthme sévère de l’enfant est caractérisé par un mauvais contrôle des symptômes malgré de fortes doses de CSI, et peut être différencié de l’asthme léger à modéré par la mesure de la fonction pulmonaire et de la FexNO.

 Implication clinique

  • Les cliniciens devraient suspecter l’asthme sévère chez l’enfant en cas de faible réponse aux CSI, d’obstruction persistante des voies aériennes et d’une FexNO élevée.

Dans cette étude, les auteurs ont suivi de façon longitudinale, pendant 6 mois, un groupe de 75 enfants asthmatiques âgés en moyenne de 10 ans.

Ont été évalués à l’état basal la fonction respiratoire, la réactivité bronchique à la métacholine, le statut allergique et la mesure de la FexNO.

Etaient considérés comme ayant un asthme sévère les enfants nécessitant de fortes doses de CSI, et/ou ayant au moins deux critères positifs parmi les tests évalués ci-dessus.

28 enfants ont été suivis longitudinalement sur 6 mois.

Par rapport aux enfants ayant un asthme léger à modéré, ceux avec un asthme sévère avaient à l’état basal :
 une obstruction bronchique plus importante
 une distension plus élevée (attestée par une augmentation du trapping aérien)
 une HRB plus forte
 une FexNO plus élevée
 une sensibilisation accrue aux aéroallergènes.

A long terme, les asthmatiques sévères avaient la persistance d’un VEMS plus bas et d’une FexNO plus élevée, et par ailleurs des exacerbations plus fréquentes malgré des doses de CSI plus élevées.

Les auteurs concluent que les enfants asthmatiques sévères peuvent être facilement dépistés malgré le fait qu’ils consomment plus de CSI, par la mesure simple de critères de fonction respiratoire et par l’évaluation de la fraction expirée du NO, qui témoigne de la persistance d’une inflammation bronchique résistant aux corticoïdes.

Ceci est un plaidoyer pour la surveillance au long cours des enfants asthmatiques, et pour l’utilisation d’un test simple d’évaluation de l’inflammation bronchique persistante : la mesure du NO dans l’air expiré. Un taux élevé malgré une dose optimale de CSI témoigne d’un mauvais contrôle de la maladie, et doit faire envisager soit une alternative thérapeutique, soit la recherche d’un facteur étiologique non pris en compte.

On peut souligner à cet égard que les auteurs observent que ces enfants mal contrôlés ont aussi une sensibilisation accrue aux aéroallergènes, et que peut-être ce facteur allergique doit être réévalué dans le suivi.

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