Et j’entends siffler l’atopique...

mercredi 31 janvier 2007 par Dr Clément FOURNIER758 visites

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Et j’entends siffler l’atopique...

Et j’entends siffler l’atopique...

mercredi 31 janvier 2007, par Dr Clément FOURNIER

De nombreux enfants présentent des sifflements respiratoires qui peuvent correspondre à une hyper-réactivité bronchique. Cette étude a analysé les liens entre HRB et atopie en réalisant des tests de provocation bronchique à la métacholine mais également à l’adénosine monophosphate, afin de voir si les profils d’HRB variaient d’un « enfant siffleur » à l’autre selon le terrain atopique.

Réponse bronchique à la métacholine et à l’adénosine monophosphate chez des enfants pré-scolaires atopiques et non atopiques présentant un wheezing récurrent. : D. K. Kim, S. H. Choi, J. Yu, Y. Yoo, Y. Y. Koh (2007)

Department of Pediatrics, Seoul National University Hospital, Seoul, Korea, Department of Pediatrics, Dongguk University International Hospital, Goyang, Gyeonggi, Korea and Department of Pediatrics, Korea University Anam Hospital, Seoul, Korea

dans cal & Experimental Allergy 37 (1), 15-21.

 Contexte :

  • Il est bien connu que l’atopie est un déterminant majeur d’hyper-réactivité bronchique (HRB) à la fois chez les enfants asthmatiques et chez des enfants asymptomatiques.
  • Cependant, les relations entre atopie et HRB n’ont pas été bien étudiées chez les enfants pré-scolaires présentant un wheezing.
  • L’HRB est habituellement mesurée par des tests de provocation bronchique utilisant divers stimuli directs et indirects.

 Objectifs :

  • Le but de cette étude était d’étudier si des enfants « siffleurs » atopiques et non atopiques présentaient des profils similaires ou différents d’HRB après stimulus directs et indirects.

 Méthodes :

  • Des tests de provocation bronchiques à la métacholine et à l’adenosine monophosphate (AMP) (ndlr) étaient réalisés chez des enfants âgés de 4 à 6 ans présentant des sifflements récurrents, en utilisant une méthode d’auscultation modifiée.
  • Le « end-point » était défini comme l’apparition de sifflements et/ou d’une désaturation en oxygène.
  • L’atopie était définie par la présence chez l’enfant d’au moins une réaction positive en prick test parmi une batterie de 13 pneumallergènes courants, avec réalisation de témoins positifs et négatifs.

 Résultats :

  • Une réponse positive à la métacholine (avec concentration de « end-point » ≤ 8 mg/mL) était observée chez 89.3 % (50 / 56) des siffleurs atopiques et chez 83.8 % (31 / 37) des siffleurs non atopiques (p = 0,44 entre les 2 groupes)
  • En revanche, la fréquence d’une réponse positive à l’AMP (avec concentration de « end-point » ≤ 200 mg/mL) était significativement plus élevée dans le groupe atopique (47 / 56 ; 83.9 %) par comparaison au groupe non atopique (12 / 37 ; 32.4 % ; p < 0.01).

 Conclusion :

  • Alors que la majorité des enfants siffleurs atopiques et non atopiques sont réactifs à la métacholine, on note que les enfants atopiques sont plus réactifs à l’AMP que les sujets non atopiques.
  • Ces résultats suggèrent que l’origine des sifflements chez les enfants pré-scolaires correspond à des mécanismes physiopathologiques différents en fonction du terrain atopique ou non atopique.

Cette étude suggère que l’existence de sibilants chez des enfants ne correspond pas au même mécanisme physiopathologique selon qu’ils sont atopiques ou pas. En effet, la majorité des enfants siffleurs présentent une HRB non spécifique à la métacholine, mais les atopiques ont une HRB à l’AMP de façon beaucoup plus marqué (84 % versus 32 %).

Les patients atopiques ont donc une HRB spécifique et non spécifique. On peut imaginer que ces patients ont un risque de développer un asthme allergique dans l’avenir beaucoup plus marqué que les non atopiques, qui ne sont qu’au stade d’HRB non spécifique.

Il est également possible qu’il s’agisse de stades évolutifs différents de la pathologie asthmatique : un patient avec HRB non spécifique se sensibilise à un pneumallergène et développe une HRB spécifique évoluant vers l’asthme.

Bien entendu tout ceci confirme l’intérêt majeur des explorations allergologiques chez les « enfants siffleurs ».

Ndlr : L’adenosine monophosphate est un agent bronchoconstricteur beaucoup utilisé en recherche à l’étranger car il serait plus spécifique d’une HRB « asthmatique », sa voie d’activation passant par les mastocytes.

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