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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe...des bébés asthmatiques !
mercredi 7 février 2007, par
Existent-ils des différences liées au sexe chez des enfants à risque d’asthme qui doivent modifier l’approche préventive ? Quelle est la place de l’allaitement maternel dans cette question ? Cette étude fait le point sur ce problème.
Différences spécifiques liées au sexe dans la prévention des symptômes d’asthme chez des enfants à risque. : Tiny van Merode, Tanja Maas, Mascha Twellaar, Arnold Kester, Constant P. van Schayck
1Department of General Practice, Research Institute CAPHRI, Maastricht University, Maastricht, The Netherlands, 2Department of Methodology and Statistics, Research Institute CAPHRI, Maastricht University, Maastricht, The Netherlands
dans Pediatric Allergy and Immunology (OnlineEarly Articles).
doi:10.1111/j.1399-3038.2006.00513.x
La prévalence de l’asthme chez l’enfant a augmenté pendant la dernière décennie, et il a récemment été suggéré qu’il existait des différences spécifiques dans le développement d’un asthme en fonction du sexe.
L’étude présentée a recherché si des différences liées au sexe étaient présentes parmi une population de jeunes enfants (0 à 2 ans) ayant un risque élevé de développer un asthme (sur la base de l’existence d’une maladie asthmatique chez un ou plusieurs parents au premier degré).
– L’étude était réalisée chez 222 enfants (118 garçons, 104 filles) ayant une prédisposition familiale d’asthme, avec recommandations de mise en place de mesures d’éviction des allergènes (acariens, animaux de compagnie, et allergènes alimentaires) et du tabagisme passif.
– Le suivi évolutif clinique (épisodes de sifflements et manque de souffle) et la compliance aux mesures d’éviction des allergènes étaient étudiés par analyse de régressions multiples.
– Les garçons souffraient plus de symptômes d’asthme que les filles (32 % versus 18 %, p = 0.023) d’après l’analyse diagnostique des médecins traitants.
– La compliance aux mesures complémentaires d’éviction était similaire chez les garçons et les filles pour la plupart des allergènes, mais l’éviction des allergènes alimentaires était mieux appliquée chez les filles : la durée d’un allaitement maternel exclusif était plus longue chez les filles (médiane de 9 semaines versus 4 semaines ; p = 0.009).
– D’autres analyses montraient qu’allonger l’allaitement maternel de 4 semaines réduisait le nombre d’épisodes de sifflements et de manque de souffle chez les garçons de 19 % et 15 % respectivement, mais pas chez les filles, suggérant que le sexe était un facteur modifiant le rapport entre allaitement maternel et symptômes d’asthme.
Les résultats présentés indiquent que les applications et effets des stratégies préventives chez les enfants ayant un risque élevé de développer un asthme doivent être adapté au sexe de l’enfant, et suggèrent en particulier une importance spéciale de l’allaitement maternel des garçons.
Cette étude a mis en évidence des différences liées au sexe dans la prévention de l’asthme chez des jeunes enfants ayant un terrain familial à risque.
Plusieurs constatations : les garçons présentent plus de symptômes d’asthme que les filles, sont allaités au sein moins longtemps, et le fait d’allonger cet allaitement diminue modestement la survenue des symptômes respiratoires chez eux.
Les auteurs en concluent que les mesures préventives doivent être adaptées au sexe, et notamment que l’allaitement maternel des garçons est un facteur déterminant.
On retrouve dans cette étude la discrète prédominance masculine de l’asthme chez les enfants, dont on sait qu’elle s’atténue un peu plus tard.
En ce qui concerne l’allaitement, la majorité des études vont dans le sens d’un effet préventif de celui-ci sur l’atopie (voir la revue de la littérature faite en 2003 dans Allergy - 58 (9), 833-843), en particulier chez les enfants à risque.
Cependant, des études aux conclusions opposées sont régulièrement publiées (j’avais commenté en 2005 sur ce même site les résultats d’une étude de cohorte montrant l’absence de lien statistique entre la dermatite atopique et la durée de l’allaitement).
Le débat continue donc entre partisans et opposants de l’allaitement maternel ! Une autre étude récente a montré que prolonger l’allaitement à 9 mois augmenterait même le risque d’allergie (mais pas à 6 mois).
La vérité est que l’on n’a pas encore trouvé la durée optimale de l’allaitement et que ses effets sur la prévention de l’atopie restent complexes. Il y a quand même pour l’instant plus d’études en faveur de l’allaitement que contre.
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