La rhinite chez l’asthmatique : c’est au pif ?

lundi 21 mai 2007 par Dr Philippe Carré840 visites

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La rhinite chez l’asthmatique : c’est au pif ?

La rhinite chez l’asthmatique : c’est au pif ?

lundi 21 mai 2007, par Dr Philippe Carré

L’asthme et la rhinite sont l’expression locale d’une même maladie. La rhinite persistante a été classée en rhinite allergique, rhinite non allergique ou rhinosinusite chronique. Les auteurs ont cherché à savoir si, chez les patients ayant une maladie asthmatique associée, celle-ci était plus associée à l’un des phénotypes de rhinite.

Classification diagnostique de la rhinite persistante et sa relation avec le NO expiré et l’asthme : Giovanni Rolla, MD, FCCP ; Giuseppe Guida, MD ; Enrico Heffler, MD ; Iuliana Badiu, MD ; Luisa Bommarito, MD ; Antonella De Stefani, MD ; Antonio Usai, MD ; Domenico Cosseddu, MD ; Franco Nebiolo, MD and Caterina Bucca, MD

* From Allergologia e Immunologia Clinica (Drs. Rolla, Guida, Heffler, Badiu, Bommarito, and Nebiolo), University of Torino ; Otorinolaringoiatria (Drs. De Stefani and Usai), Ospedale Mauriziano Umberto I ; Laboratorio Analisi (Dr. Cosseddu), Ospedale Mauriziano Umberto I ; and Dipartimento di Scienze Biomediche ed Oncologia Umana (Dr. Bucca), Università di Torino, Torino, Italy

dans Chest. 2007 ; 131:1345-1352

 Contexte

  • L’asthme et la rhinite sont les manifestations d’un seul syndrome.
  • L’hypothèse des auteurs est que les patients ayant des symptômes de rhinite persistante, d’inflammation des voies aériennes inférieures, de symptômes des voies aériennes inférieures et d’anomalies de la fonction respiratoire compatibles avec de l’asthme, ont plus souvent des symptômes associés de rhinite allergique (RA) et de rhinosinusite chronique (RSC) que de rhinite non allergique (RNA).

 Méthodes

  • 108 patients d’un groupe consécutif de 590 patients adressés pendant un an pour une rhinite ont été inclus sur la base de symptômes nasaux durant depuis plus de 4 semaines.
  • L’asthme était diagnostiqué sur la base de symptômes et d’un test de bronchodilatation positif et/ou d’une hyperréactivité à la métacholine.
  • La fraction expirée de NO (FENO) était mesurée par la méthode d’expiration unique à 50 ml/s.

 Résultats

  • La RA a été diagnostiquée dans 39% des cas, la RNA dans 21% et la RSC dans 40%.
  • La prévalence de l’asthme était significativement plus élevée chez les patients avec RA (33%) ou RSC (42%) que chez ceux avec une RNA (8.7%) (p=O.O36 et p=0.005 respectivement).
  • La FENO était significativement plus élevée chez les patients avec RA et RSC comparativement à ceux avec RNA (44.3 particules par billion :ppb : IC à 95% : 34 à 54 ppb ; et 53 ppb : IC 95% : 42 à 64 ppb ; vs 22 ppb : IC 18 à 27 ; p=0.002 et p=0.001 respectivement).
  • Les patients asthmatiques avaient des valeurs de FENO significativement plus élevées que ceux n’ayant pas d’asthme (64 ppb : IC 51 à 77 ppb ; vs 33.3 ppb : IC 28 à 39 ppb ; p<0.001).

 Conclusion

  • La classification diagnostique de la rhinite persistante aide à prédire l’inflammation des voies aériennes inférieures (augmentation de la FENO) et la prévalence de l’asthme
  • La RA et la RSC sont associées à des valeurs moyennes plus élevées de FENO et une prévalence plus élevée de l’asthme que la RNA.

Les auteurs ont évalué un groupe de 108 patients ayant une rhinite chronique durant depuis plus de 4 semaines.

Ils ont évalué chez eux :
 le caractère allergique ou non allergique de la rhinite, ou l’existence d’une rhinosinusite chronique
 l’existence d’un asthme, en se basant sur l’existence de symptômes et sur un test d’obstruction bronchique réversible ou un test de provocation à la métacholine
 la fraction expirée du NO, témoin de l’existence d’une inflammation des voies aériennes inférieures.

Les résultats montrent que :
 la prévalence de l’asthme était plus élevée chez les patients ayant une RA (33%) ou une RSC (42%) que chez ceux ayant une RNA (8.7%)
 la FENO était aussi plus élevée chez ceux ayant une RA et une RSC qu’une RNA
 les patients asthmatiques avaient des valeurs de FENO plus élevées que ceux ayant une rhinite mais pas d’asthme.

Les auteurs concluent que la classification diagnostique de la rhinite est un élément important, car si elle est allergique ou rentre dans le cadre d’une RSC, elle prédit de façon plus fréquente l’association à une inflammation des voies aériennes inférieures ou à un asthme, par rapport à une rhinite qui n’est pas de nature allergique ou non associée à une RSC.

Ce message est donc important pour nous allergologues, mais aussi pour nos collègues ORL qui devraient être enclins à rechercher particulièrement une maladie asthmatique dans ces phénotypes particuliers de rhinite, où l’asthme est présent dans plus d’un tiers des cas.