L’allergie au lait de vache guérit toujours ! Pas si sûr…

mercredi 21 novembre 2007 par Dr Geneviève DEMONET3876 visites

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L’allergie au lait de vache guérit toujours ! Pas si sûr…

L’allergie au lait de vache guérit toujours ! Pas si sûr…

mercredi 21 novembre 2007, par Dr Geneviève DEMONET

Le pronostic de l’allergie au lait de vache est réputé excellent. Une vérification peut cependant s’avérer utile : c’est ce qu’a fait une équipe de Baltimore sur 807 enfants ayant une allergie au lait de vache IgE-médiée et suivis jusqu’à l’âge de 16 ans…

Histoire naturelle de l’allergie au lait de vache IgE-médiée : Justin M. Skripak, MD, Elizabeth C. Matsui, MD, MHS, Kim Mudd, RN, Robert A. Wood, MD

Department of Pediatrics, Division of Allergy and Immunology, Johns Hopkins University School of Medicine, Baltimore, Md

dans JACI Volume 120, Issue 5, Pages 1172-1177

 Contexte :

  • L’allergie au lait de vache (ALV) est l’allergie alimentaire la plus fréquente chez le nourrisson et le jeune enfant, elle affecte 2 à 3% de la population générale.
  • La plupart des études ont montré que le pronostic était bon et que la plupart des enfants développait une tolérance au lait de vache et était sorti de la maladie à l’âge de 3 ans.

 Objectifs :

  • Définir le cours naturel de l’ALV et identifier les meilleurs facteurs de prédiction du devenir de la maladie dans une vaste population d’enfants ayant une ALV.

 Méthodes :

  • On a collecté l’histoire clinique, les résultats des tests et le devenir final de 807 patients ayant une ALV médiée par les IgE.
  • Les patients ont été considérés comme tolérants après avoir réussi un test de provocation ou en l’absence de réactions dans les 12 mois précédents et en présence d’un taux d’IgE pour le lait de vache (IgE LV) inférieur à 3 kU/L.

 Résultats :

  • Les taux de guérison étaient de 19% à l’âge de 4 ans, 42% à 8 ans, 64% à 12 ans et 79% à 16 ans.
  • Les patients ayant une allergie persistante avaient des taux d’IgE LV plus élevés à tous les âges et jusqu’à celui de 16 ans.
  • Le taux le plus élevé d’IgE LV pour chaque patient, défini comme le pic d’IgE LV, s’est avéré être hautement prédictif du devenir (P < 0.001).
  • La co-existence d’un asthme (P <0 .001) et d’une rhinite allergique (P < 0.001) étaient aussi des facteurs prédictifs de devenir.

 Conclusion :

  • Le pronostic de l’ALV dans cette population est moins bon que ce qui s’est dit précédemment.
  • Cependant, certains patients ont développé une tolérance durant l’adolescence, montrant que le suivi et la ré-évaluation des patients ayant une ALV est importante pour leur prise en charge.
  • Le taux d’IgE LV est hautement prédictif du devenir.

 Implications cliniques :

  • La possibilité croissante de persistance de l’ALV, tout comme l’effet du taux d’IgE LV sur le pronostic devraient être considérés lors du conseil aux familles sur le devenir clinique attendu de la maladie.

Des pédiatres américains ont collectés, par l’intermédiaire d’une étude rétrospective, l’histoire clinique, les résultats de tests et le devenir de 807 enfants ayant une allergie au lait de vache IgE-médiée.

Seulement 19% des enfants étaient considérés comme guéris à l’âge de 4 ans. Le taux d’enfants tolérants le lait augmentait cependant dans le temps avec un chiffre de 79% à l’âge de 16 ans.

Le taux d’IgE spécifiques du lait de vache s’est avéré hautement prédictif du devenir de l’allergie tout comme l’existence d’une rhinite ou d’un asthme.

Surveillance des enfants et ré-évaluation régulières sont donc indispensables au suivi de cette allergie alimentaire, parfois même jusqu’à l’adolescence.

Je pensais jusqu’ici que 90% des enfants ayant une allergie au lait de vache étaient guéris vers l’âge de 10 ans. Une idée à revoir, peut-être, après quelques remarques suscitées par la lecture de l’article dans sa totalité…

Tout d’abord, la guérison a été considérée lorsque l’enfant consommait du lait de vache sans inconvénient, sur la foi d’un TPO négatif mais aussi, dans un certain nombre de cas, d’un taux d’IgE spécifiques du lait < 3 kU/L. Ce seuil a été adopté selon le résultat d’une étude préalable dans la même population qui montrait que 84% des enfants ayant des taux d’IgE spécifiques du lait ≥ 3 kU/L avait un TPO au lait de vache positif.

Il est évident qu’un certain flou demeure. Certains des enfants ayant un taux > 3 kU/L sont peut-être guéris de leur allergie et, à l’inverse, certains enfants dont le taux est < 3 kU/L sont toujours allergiques. Seul un TPO pourrait affirmer la guérison…

Les auteurs de ce papier ont cependant fait une estimation plus large en considérant aussi comme critère de guérison un taux d’IgE spécifiques < 15 kU/L, ce seuil ayant précédemment été estimé avoir une valeur prédictive positive d’allergie symptomatique de 95%. Les chiffres obtenus de guérison étaient alors bien supérieurs avec 26% d’enfants tolérants à 4 ans, 56% à 8 ans, 77% à 12 ans et 88% à 16 ans.

D’où l’intérêt, peut-être, d’une étude prospective avec réalisation systématique d’un TPO.

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