Les poissonniers font le bonheur des asthmatiques.

vendredi 30 novembre 2007 par Dr Philippe Carré616 visites

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Les poissonniers font le bonheur des asthmatiques.

Les poissonniers font le bonheur des asthmatiques.

vendredi 30 novembre 2007, par Dr Philippe Carré

L’absorption régulière de poisson et d’huile de poisson pourrait être bénéfique dans l’asthme et les maladies allergiques. Mais plusieurs études ont montré des résultats contradictoires. Les auteurs ont voulu étudier les effets à long terme de l’absorption de poisson dans l’enfance, en tenant compte des facteurs confondants possibles.

Relation entre l’absorption de poisson et d’huile de poisson et l’asthme de l’adulte. : B. N. Laerum, T. Wentzel-Larsen, A. Gulsvik, E. Omenaas, T. Gíslason, C. Janson, C. Svanes

Department of Thoracic Medicine, Haukeland University Hospital, Bergen, Norway, †Institute of Medicine, University of Bergen, Bergen, Norway, Centre for Clinical Research, Haukeland University Hospital, Bergen, Norway, Department of Pulmonary Medicine, Landspitali University Hospital, Reykjavik, Iceland and the Department of Respiratory Medicine and Allergology, Uppsala University, Akademiska Sjukhuset, Uppsala, Sweden

dans Clinical & Experimental Allergy
Volume 37 Issue 11 Page 1616-1623, November 2007

 Contexte

  • Un régime riche en poisson ou en huile de poisson pourrait réduire le risque d’asthme et de maladies atopiques
  • Cependant, des études antérieures montrent des résultats discordants, et aucune étude n’a montré les effets potentiels à long terme de l’absorption de poisson pendant l’enfance sur l’asthme à l’âge adulte.

 Objectif

  • Étudier si l’absorption de poisson et d’huile de poisson pendant l’enfance et l’âge adulte était reliée à l’asthme de l’adulte.

 Méthodes

  • Dans le cadre d’une étude de population en Europe du Nord (RHINE), 16.187 sujets âgés de 23 à 54 ans ont répondu à un questionnaire par voie postale
  • Les relations entre l’absorption de poisson et d’huile de poisson et les symptômes d’asthme ont été étudiées (en analyse logistique multiple et analyse de régression de Cox), avec ajustement pour le sexe, la présence d’une pollinose, le tabagisme, l’âge, l’index de masse corporelle, la taille de l’habitat, l’éducation parentale ; de même que pour le tabagisme maternel et l’histoire familiale de pollinose et d’asthme, dans un sous-groupe de 2459 patients

 Résultats

  • Les sujets originaires d’Islande et de Norvège rapportaient une absorption de poisson beaucoup plus importante dans l’enfance et l’âge adulte, comparativement aux sujets originaires de Suède, d’Estonie et du Danemark
  • Une absorption de poisson moins d’une fois par semaine chez les adultes était associée à davantage de symptômes d’asthme, alors qu’une absorption plus fréquente n’apparaissait pas diminuer le risque davantage
  • Aucune association dose/réponse n’a été trouvée entre l’absorption de poisson dans l’enfance et l’asthme à l’âge adulte, mais ceux qui n’avaient jamais mangé de poisson dans l’enfance avaient un risque accru d’asthme et de début plus précoce de l’asthme
  • La consommation à l’âge adulte d’huile de poisson était associée à l’asthme selon une courbe en forme de u, avec les risques plus élevés chez ceux ne prenant jamais ou prenant de façon quotidienne de l’huile de poisson

 Conclusion

  • Un niveau minimal hebdomadaire d’absorption de poisson était associé à une protection vis-à-vis des symptômes d’asthme dans cette grande enquête multicentrique Nord Européenne
  • Les sujets n’ayant jamais consommé de poisson dans l’enfance étaient à risque accru d’asthme
  • L’ensemble indique un possible effet régulateur du poisson sur l’asthme.

Dans le cadre d’une étude observationnelle dans plusieurs pays d’Europe du Nord, 16.187 sujets adultes (23-54 ans) ont répondu à un questionnaire par voie postale.

Le but était d’évaluer chez eux d’une part l’absorption de poisson et d’huile de poisson, d’autre part la présence de symptômes d’asthme, et de voir s’il y avait une corrélation. Différentes variables d’ajustement ont été prises en compte (âge, atopie, tabac, poids…).

Les auteurs ont noté :
 une différence dans l’absorption de poisson en fonction des différents pays
 des symptômes d’asthme plus fréquents en cas d’absorption de poisson moins d’une fois par semaine
 aucune association dose/réponse entre l’absorption et les symptômes d’asthme
 mais un risque d’asthme accru avec un début plus précoce des symptômes chez ceux n’ayant jamais mangé de poisson dans l’enfance.

Les auteurs concluent que l’absorption de poisson est associée à une protection à long terme vis-à-vis des symptômes d’asthme, et que ceux n’ayant jamais consommé de poisson dans l’enfance étaient à risque accru.

Cette protection apportée par l’alimentation riche en poisson pourrait être liée au régime riche en acides gras poly-insaturés de type oméga-3, qui pourraient moduler la réponse inflammatoire, et ainsi diminuer le risque d’asthme et de maladies atopiques.

Cette étude est bien sûr critiquable dans son déroulement, puisque les informations recueillies par courrier ont une fiabilité incertaine, et que les renseignements précis sur l’alimentation en poisson dans l’enfance sont sujet à caution.

Par ailleurs, il est troublant de constater que pour l’huile de poisson consommée à l’âge adulte, un risque plus élevé d’asthme était retrouvé de façon significative non seulement chez ceux qui n’en consommaient jamais, mais aussi chez ceux qui en consommaient de façon quotidienne. Il pourrait y avoir d’autres facteurs dans l’huile qui interviennent (antioxydants, oilgo-éléments…).

Il serait donc intéressant que d’autres études prospectives soient mises en place, comportant des informations détaillées sur la quantité et le type précis de poissons consommés, à la fois dans l’enfance et à l’âge adulte.