Que faut-il penser de la mesure du NO exhalé ?

mardi 4 mars 2008 par Dr Geneviève DEMONET3345 visites

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Que faut-il penser de la mesure du NO exhalé ?

Que faut-il penser de la mesure du NO exhalé ?

mardi 4 mars 2008, par Dr Geneviève DEMONET

L’oxyde nitrique (NO) est passé en relativement peu de temps du statut peu enviable de polluant atmosphérique à celui de marqueur potentiel de l’asthme. Une revue de la littérature sur le sujet vient d’être publiée et tente de faire le point sur les connaissances actuelles…

Oxyde nitrique exhalé dans le diagnostic et le suivi de l’asthme : Maeda Y, Ono E, Fukutomi Y, Taniguchi M, Akiyama K.

Clinical Center of National Hospital Organization Sagamihara Hospital, Kanagawa, Japan.

dans Allergol Int. 2008 Mar ;57(1):79-81

Le NO a été élu molécule de l’année par la revue Science en 1992 alors que la première publication sur l’élévation du NO dans l’asthme remonte à 1993… Quel est le chemin parcouru depuis lors ?

La mesure de la fraction d’oxyde nitrique dans l’air expiré (FENO) se fait selon une méthodologie globalement inchangée depuis 1999. Cette mesure est dépendante du débit et devrait être réalisée à 50 ml/s.

Des facteurs confondants ont été décrits :

  • l’atopie augmente ainsi la FENO,
  • le tabagisme la réduit et
  • l’infection respiratoire des voies aériennes supérieures l’augmente.

La limite supérieure de la FENO normale se situe, selon les études, entre 20 et 30 part par billion (ppb).

  • Des équations prédictives ont été établies en tenant compte du tabagisme chez l’adulte et du poids et de la taille chez l’enfant.
  • Cependant, elles ne sont pas forcément plus précises, chez un individu donné, qu’une valeur seuil isolée (entre 20 et 30 ppb).

Plusieurs études ont rapportées une réduction de la FENO après un traitement corticoïde :

  • la FENO serait ainsi un marqueur de l’inflammation.
  • De même, plusieurs travaux ont établis une relation entre éosinophilie des voies aériennes et FENO.

Il persiste cependant quelques contradictions entre FENO et asthme :

  • des taux élevés de FENO ont ainsi été décrits chez des non asthmatiques
  • et, à l’inverse, des taux normaux chez des asthmatiques non atopiques.

Il n’en reste pas moins que la mesure de la FENO est un meilleur outil diagnostic de l’asthme que celle de la fonction respiratoire et pourrait être aussi spécifique, quoique moins sensible, que celle de l’hyperréactivité bronchique.

Cependant, la bonne spécificité de la FENO ne signifie pas qu’un taux bas de FENO permet d’éliminer un diagnostic d’asthme.

Plus délicate, est le maniement de la FENO dans le suivi de l’asthme et l’adaptation de la corticothérapie.

  • Certains ont avancé que, chez l’adulte, une FENO < 25 ppb est signe d’un bon contrôle de l’inflammation éosinophilique,
  • une FENO entre 25 et 50 ppb d’une inflammation éosinophilique modérée
  • et une FENO > 50 ppb d’une inflammation éosinophilique « significative ».

Cependant, l’utilisation de valeurs généralisées ou au contraires individualisées (selon le patient, l’heure de la mesure, voire la co-existence de la saison pollinique) reste encore à définir.


Une grande variabilité apparaît en effet dans les valeurs relevées chez un même individu et entre les individus.

L’utilisation du VEMS pourrait, peut-être, améliorer la sensibilité des algorithmes de traitement basés sur la FENO.

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