Les vieux asthmes font la sourde oreille aux corticoides inhalés.

mercredi 23 avril 2008 par Dr Clément FOURNIER1028 visites

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Les vieux asthmes font la sourde oreille aux corticoides inhalés.

Les vieux asthmes font la sourde oreille aux corticoides inhalés.

mercredi 23 avril 2008, par Dr Clément FOURNIER

Faut-il initier les corticoides inhalés à doses plus fortes chez les asthmatiques dont la durée d’évolution de la maladie est plus ancienne ? Cette question reste débattue. Cette étude a randomisé 2 groupes de patients asthmatiques (asthme récent versus ancien) en 2 groupes de dose thérapeutique de budésonide et analysé la réponse thérapeutique.

Effet de l’ancienneté de la maladie asthmatique sur la réponse thérapeutique au budésonide inhalé. Selroos O.

Mjölbolsta Hospital, Karis, Finland ; SEMECO AB, Skogsvägen 5, SE-260 83 Vejbystrand, Sweden.

dans Respir Med. 2008 Apr 1

 Contexte :

  • Les corticoides inhalés représentent la première ligne de traitement de l’asthme persistant avec des études cliniques montrant un bénéfice à une introduction thérapeutique précoce.
  • Le fait de démarrer le traitement à doses élevées ou faibles reste controversé.
  • Les auteurs de cette étude ont analysé si l’ancienneté de la maladie avait une influence sur la réponse à la dose initiale de corticoides inhalés (budésonide) prescrite chez des patients asthmatiques naïfs de traitement par corticoides.

 Méthodes :

  • 40 patients avec asthme de diagnostic récent (symptômes inférieurs à 12 mois) et 41 patients avec asthme connu (durée moyenne de 5,2 ans, intervalle 2-11 ans) étaient randomisés (double aveugle, groupe parallèle) en groupes de traitement par budésonide turbuhaler : 100 ou 400 μg deux fois par jour ou placebo pendant 12 semaines.

 Résultats :

  • Le débit expiratoire de pointe (DEP) matinal s’améliorait significativement sur le plan statistique dans tous les groupes de traitement par rapport au début de l’étude.
  • A 12 semaines, l’amélioration du DEP était significativement supérieure dans les groupes traitement par rapport au placebo.
  • Chez les patients avec asthme de diagnostic récent recevant un traitement précocement, il n’y avait pas de différence significative en fonction des doses de budésonide.
  • Chez les patients avec asthme connu, la dose de 800 μg / jour améliorait significativement plus le DEP matinal que la dose de 200 μg / jour.
  • La dose de 800 μg / jour dans le groupe de traitement précoce améliorait significativement plus le DEP matinal que dans le groupe de traitement tardif.
  • Les variations de VEMS, de la concentration d’histamine inhalée provoquant une chute de VEMS de 20%, de l’utilisation des médications à la demande, se comportaient d’une façon très superposable à celle du DEP matinal.
  • Les symptômes d’asthme étaient réduits dans tous les groupes de traitement par budésonide sans différence entre les doses.

 Conclusion :

  • Chez les patients avec asthme de diagnostic récent traités précocement, la dose initiale de corticoides inhalés n’a pas d’importance.
  • En revanche, chez les patients avec asthme connu de longue date, une dose initiale élevée améliore la fonction respiratoire et l’hyperréactivité bronchique de façon plus significative qu’une dose faible.

Cette étude analyse si la réponse à la dose initiale de corticoides inhalés prescrit à un asthmatique est modifié par l’ancienneté de l’évolution de cet asthme. Il semblerait que oui.

Dans cette étude, on voit bien que c’est la précocité de l’initiation thérapeutique qui conditionne l’amélioration symptomatique et fonctionnelle respiratoire. La dose prescrite (faible ou élevée) ne modifie pas la réponse thérapeutique si le traitement est prescrit précocement : à doses équivalente de budésonide (800 μg / jour) l’amélioration est plus marquée chez les patients avec asthme inférieur à 12 mois d’évolution par comparaison aux patients avec asthme ancien.

Chez les patients avec asthme ancien, les doses élevées de budésonide entraînent plus d’amélioration que les doses faibles. Les auteurs suggèrent donc d’instaurer d’emblée une dose élevée de corticoides inhalés chez ces patients.

On aurait cependant aimé connaître le degré de sévérité de ces asthmatiques, car le fait d’avoir un asthme ancien ne signifie pas nécessairement qu’il soit plus sévère.

J’ai donc une réserve importante sur la conclusion qui encourage à instaurer une dose forte sur le seul critère d’ancienneté de la maladie. Les 2 populations d’asthmatiques étaient-elles vraiment superposables en terme de sévérité ?

Il faut donc s’en tenir au recommandations GINA et adapter la dose de corticoides inhalés à la sévérité initiale de la maladie puis au contrôle de cette maladie, mais en gardant à l’esprit que la réponse thérapeutique sera peut être modifiée en fonction que la maladie est récente ou ancienne.

Il faut donc certainement réévaluer les patients avec asthme anciens plus précocement pour adapter la thérapeutique.

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