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Di-isocyanates : lorsque il faut choisir entre travailler ou respirer !!
mercredi 30 avril 2008, par
L’asthme professionnel ne doit jamais être négligé d’autant qu’une exposition à certains agents toxiques peut induire une HRB définitive. Il en est ainsi de l’exposition aux di-isocyanates (DIC). Pourquoi y-a-t’il persistance d’un asthme après une exposition aux DIC ? Y a-t-il une inflammation active et laquelle ?
Inflammation et devenir fonctionnel de l’asthme induit par les di-isocyanates après cessation de l’exposition. : Piirilä PL, Meuronen A, Majuri ML, Luukkonen R, Mäntylä T, Wolff HJ, Nordman H, Alenius H, Laitinen A.
Department of Clinical Physiology, Helsinki University Hospital, HUSLAB, Helsinki, Finland.
dans Allergy. 2008 May ;63(5):583-91
– Introduction :
- Le devenir clinique de l’asthme induit par les di-iso cyanates (DIC) a été décrit comme péjoratif malgré l’arrêt de l’exposition.
- Le but de ce travail a été d’étudier le devenir de l’asthme induit par les DIC après la mise en route d’un traitement par des stéroïde inhalés sur une période moyenne de 7 mois (2 à 60 mois) après arrêt de l’exposition, en suivant l’évolution de la fonction pulmonaire et de l’inflammation bronchique.
– Matériel et méthode :
- Une bronchoscopie a été réalisée chez 17 patients, 2 jours après un test de provocation inhalé positif, après quoi un traitement par budésonide 1600 microgramme par jour a été débuté.
- Bronchoscopie, spiromètrie et test d’HRB à l’histamine ont été réalisés tous les 6 mois sur une période moyenne de 3 ans.
- Les résultats ont également été comparés à ceux obtenus chez 15 patients contrôles sains.
– Résultats :
- L’HRB non spécifique diminue de façon significative (p=0.006).
- Cependant, le VEMS et la capacité vitale forcée diminuent, avec une réduction médiane annuelle du VEMS de 79ml.
- Le nombre de mastocytes de la muqueuse bronchique diminue (p=0.012) et celui des macrophages augmente (p=0.001).
- Le taux d’IL4 de la muqueuse est significativement plus élevé la première année par rapport aux sujets contrôles, mais son taux diminue ensuite lors du suivi.
- Les taux d’ARN m de l’IL6, IL15 ainsi que du TNF alpha sont significativement plus élevés chez les patients hyper réactifs par rapport aux patients non hyper réactifs à la fin du suivi de l’étude.
– Conclusion :
- Ces résultats indiquent que l’inflammation bronchique persiste dans l’asthme induit par les DIC malgré le traitement par des corticoïdes inhalés.
- Cependant, l’inflammation de type Th2 diminue.
- L’HRB non spécifique persistante est associée à une action pro inflammatoire liées aux cytokines produites principalement par les macrophages.
- Si on considère le pronostic péjoratif de cette affection, les données de ce travail pourraient être utilisées pour développer le suivi et le traitement des asthmes qui sont induits par les DIC.
Dans ce travail les auteurs démontrent que l’asthme induit par une exposition aux di-isocyanates persiste malgré l’arrêt de cette exposition. Il existe une inflammation bronchique de type Th1 liée à une production de cytokines pro inflammatoires par les macrophages avec réduction progressive du VEMS et de la CVF.
Les travaux qui portent sur l’asthme professionnel sont rares et ont donc d’autant plus d’intérêt.
Ici, les auteurs ont étudié le devenir à long terme de l’asthme induit par l’exposition aux di-isocyanates, avec un suivi très précis sur le plan inflammatoire.
Il apparaît ainsi que même si l’HRB diminue de façon significative elle persiste, même faible, chez presque la moitié des patients.
L’inflammation persistante est responsable de cette HRB avec en particulier le rôle certainement majeur du TNF alpha.
Il serait donc possible de proposer sur le plan thérapeutique l’utilisation des anti-TNF alpha chez les patients asthmatiques qui ont une HRB persistante avec une inflammation bronchique avérée.
Les macrophages sont augmentés de façon significative par rapport aux sujets sains, alors même que ces patients sont non fumeurs. Comme les macrophages initient la présentation des antigènes, cela prouve l’implication de l’activation lymphocytaire dans l’inflammation persistante de ces asthmatiques.
Un traitement au long cours par des corticoïdes inhalés est donc bien nécessaire et il est impératif de veiller à la bonne observance de ce traitement par un suivi très régulier des patients.
Enfin ce travail montre qu’à coté de la spiromètrie il serait indispensable de faire un suivi par des marqueurs inflammatoires. Le NO exhalé n’a pas été étudié ici.
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