Allergie à l’arachide : comment lire l’avenir dans la boule papuleuse du prick-test !!

jeudi 15 mai 2008 par Dr Stéphane Guez1573 visites

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Allergie à l’arachide : comment lire l’avenir dans la boule papuleuse du prick-test !!

Allergie à l’arachide : comment lire l’avenir dans la boule papuleuse du prick-test !!

jeudi 15 mai 2008, par Dr Stéphane Guez

L’allergie à l’arachide reste une des allergies alimentaires les plus redoutables en raison de la présence diffuse de l’arachide dans de très nombreux aliments rendant l’éviction difficile. On a longtemps considéré que cette allergie était définitive mais plusieurs études semblent confirmer que l’on puisse perdre cette sensibilisation.

Facteurs prédictifs précoces d’une rémission de l’allergie à l’arachide chez les enfants. : Marco H.K. Ho, MDa, Wilfred H.S. Wong, MMedScb, Ralf G. Heine, MDacd, Clifford S. Hosking, MDe, David J. Hill, MDc, Katrina J. Allen, MD, PhDacd

a Department of Allergy and Immunology, Royal Children’s Hospital, Melbourne, Australia
b Department of Pediatrics and Adolescent Medicine, The University of Hong Kong, Hong Kong, China
c Murdoch Children’s Research Institute, Melbourne, Australia
d Department of Pediatrics, The University of Melbourne, Melbourne, Australia
e John Hunter Children’s Hospital, Newcastle, Australia

dans JACI Volume 121, Issue 3, Pages 731-736 (March 2008)

 Introduction :

  • Pouvoir utiliser des facteurs prédictifs d’une évolution de l’allergie à l’arachide vers une rémission pourrait grandement aider la prise en charge clinique de l’allergie à l’arachide.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont cherché à identifier les facteurs prédictifs de rémission de l’allergie à l’arachide en étudiant une étude cohorte longitudinale de jeunes enfants allergiques à l’arachide.

 Matériel et méthode :

  • Les patients consécutifs de moins de 2 ans et ayant une allergie à l’arachide ont été diagnostiqués sur les bases d’un prick-test avec une papule supérieure ou égale à 95% de celle du témoin positif.
  • La recherche d’une allergie au sésame, à la noisette et à l’arachide a été réalisée par prick-tests et dosages des IgE spécifiques avec ensuite un suivi sur 8 ans avec des évaluations intermédiaires tous les 1 à 2 ans.
  • Un test de provocation alimentaire à l’arachide a été réalisé lorsque les tests cutanés ont diminué de plus de 95% par rapport au test initial ayant permis de porter le diagnostic d’allergie à l’arachide.

 Résultats :

  • Le diamètre des prick-tests à l’arachide de 6 mm ou plus (2.16 ; 95% CI, 1.23-3.786 ; P = .008) et les taux d’IgE spécifiques de 3 KUA/L ou plus (2.74 ; 95% CI, 1.13-6.61 ; P = .025) avant l’âge de 2 ans sont des facteurs prédictifs indépendants de persistance de l’allergie à l’arachide.
  • Le diamètre moyen de la papule des patients n’ayant pas de rémission augmente (r = 0.31, p<0.001) alors que chez les patients qui évoluent vers une rémission il diminue (r=-0.26, p+0.002) entre l’âge de 1 et 4 ans.
  • 21% des jeunes enfants ayant une allergie à l’arachide deviennent tolérants vers l’âge de 5 ans.

 Conclusion :

  • Une rémission de l’allergie à l’arachide peut être prédite par un taux bas des IgE s à l’arachide dans les 2 premières années de vie ou par une diminution de la sensibilisation IgE dépendante à l’âge de 3 ans.

Dans ce travail portant sur le devenir de la sensibilisation à l’arachide étudié dans une cohorte longitudinale de jeunes enfants pendant 8 ans, les auteurs identifient des facteurs prédictifs d’une persistance de la sensibilisation et de facteurs au contraire prédictif d’une rémission.

Les résultats de cette étude sont à prendre avec beaucoup de précautions pour ne pas donner de faux espoirs à tous les jeunes patients allergiques à l’arachide et à leurs parents.

Le diagnostic d’allergie à l’arachide reposait il y a encore peu de temps sur des tests avec des extraits totaux d’arachide.

Mais les progrès de l’allergologie moléculaire ont permis d’identifier de façon plus précise les molécules allergisantes de l’arachide.

Il apparaît maintenant que, à extrait total positif égal, les patients peuvent en réalité être allergique à des molécules très différentes de l’arachide. Certaines sont de puissants allergènes d’autres beaucoup moins, avec comme conséquence une évolution très différente de même qu’un risque clinique également très différent.

Ces connaissances rendent donc un peu « obsolète » les études de prédiction de l’évolution de l’allergie à l’arachide qui ne portent que sur le devenir de tests globaux à l’arachide.

Par ailleurs, on peut également discuter les critères d‘inclusion de cette étude qui ont initialement permis de définir une allergie à l’arachide : selon les équipes certains enfants auraient certainement bénéficié d’un test de réintroduction précoce pour confirmer ou non l’allergie sur des critères de positivité initialement douteux.

Au total donc, on retiendra essentiellement qu’il faut de toutes façons un suivi régulier de ces enfants avec un bilan allergologique tous les 2 ans pour surveiller l’évolution.

Une réévaluation du diagnostic avec les nouveaux dosages d’IgE spécifiques devrait également être systématique.