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Dommage : les obèses résistent à l’insuline mais pas aux pneumallergènes.
mardi 8 juillet 2008, par Dr Philippe Carré
Les auteurs ont étudié la relation entre l’obésité, la résistance à l’insuline, et le développement de l’asthme et de la sensibilisation aux pneumallergènes, une hypothèse ayant évoqué une relation de cause à effet entre l’obésité et l’asthme allergique.
Association entre obésité et résistance à l’insuline dans l’asthme et la sensibilisation aux pneumallergènes. : Husemoen LL, Glümer C, Lau C, Pisinger C, Mørch LS, Linneberg A.
Research Centre for Prevention and Health, Glostrup, Denmark
dans Allergy. 2008 May ;63(5):575-82
– Contexte
- L’hypothèse a été évoquée que l’obésité et la résistance à l’insuline pourraient jouer un rôle dans le développement de l’asthme et de l’allergie
- Le but de cette étude était d’examiner l’association entre l’obésité et la résistance à l’insuline, et l’asthme et la sensibilisation aux pneumallergènes.
– Méthodes
- Etude de population transversale de 3609 homes et femmes danois âgés de 30 à 60 ans
- La sensibilisation aux pneumallergènes était définie par des taux positifs d’IgE spécifiques contre un panel d’allergènes inhalés
- L’asthme était défini par un diagnostic fait par le médecin
- L’asthme allergique était défini par la présence à la fois d’un asthme et d’une sensibilisation aux allergènes aériens
- Un modèle d’homéostasie de résistance à l’insuline était utilisé pour estimer le degré de résistance à l’insuline
- L’index de masse corporelle, le ratio tour de ceinture/tour de hanche, et la circonférence de la taille étaient utilisés comme indices d’obésité
- Les données ont été analysées par analyse de régression logistique multiple.
– Résultats
- L’obésité était associée avec un risque accru de sensibilisation aux pneumallergènes, que l’asthme soit allergique ou non allergique
- La résistance à l’insuline était associée à la sensibilisation aux pneumallergènes et à l’asthme allergique, mais pas à l’asthme non allergique
- L’association entre l’obésité d’une part, et la sensibilisation aux pneumallergènes et l’asthme allergique d’autre part, n’était plus significative après ajustement pour la résistance à l’insuline, alors que l’association entre obésité et asthme non allergique n’était pas influencée
- Aucune différence liée au sexe n’a été observée.
– Conclusion
- L’obésité peut être liée à une augmentation du risque de sensibilisation aux pneumallergènes et à l’asthme allergique par le biais de mécanismes liés aussi au développement d’une résistance à l’insuline.
Dans cette étude de cohorte danoise de 3609 patients adultes, les auteurs ont étudié les rapports entre obésité, résistance à l’insuline, et présence d’un asthme (allergique ou non) et d’une sensibilisation aux pneumallergènes.
Les résultats montrent que :
– l’obésité est associée à un risque accru de sensibilisation aux allergènes, quel que soit la nature de l’asthme
– la résistance à l’insuline est associée à une sensibilisation aux allergènes inhalés uniquement dans l’asthme allergique
– mais l’association obésité/sensibilisation aux allergènes/asthme allergique n’est plus retrouvée après ajustement en fonction de la résistance à l’insuline, ce qui n’est pas le cas pour l’asthme non allergique
– et ceci quel que soit le sexe.
Selon les auteurs, il existe donc un lien entre obésité et asthme allergique aux pneumallergènes, qui serait lié à des mécanismes associés par ailleurs au développement d’une résistance à l’insuline.
L’obésité étant épidémiologiquement liée à la maladie asthmatique de façon non fortuite, de nombreuses études sont menées actuellement pour comprendre les mécanismes entre l’obésité et l’asthme. On a évoqué le rôle pro-inflammatoire d’une lectine, protéine impliquée dans l’obésité, qui favoriserait l’hyperréactivité bronchique.
Les mécanismes intimes des liens unissant les deux pathologies ne sont pas clairement connus, et l’hypothèse des auteurs de cette étude, quant à un lien entre asthme allergique et résistance à l’insuline chez les patients obèses, est intéressante en terme épidémiologique ; reste à en préciser les mécanismes précis.
On a longtemps cru que le simple fait d’être obèse était délétère chez l’asthmatique en raison de phénomènes mécaniques, alors qu’il semble bien exister une relation physiopathologique directe, ce qui renforce le conseil d’obtenir chez ces patients une perte de poids conséquente de façon à diminuer peut-être l’hyperréactivité bronchique.
En tout cas dans l’asthme allergique, puisque cette relation n’a été trouvée dans cette étude que dans ce cas de figure, ce qui laisse augurer d’un lien entre obésité et atopie, dont les mécanismes sont à élucider.