Quoi de neuf sur la dermatite de contact ?

mercredi 8 octobre 2008 par Dr Geneviève DEMONET3509 visites

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Quoi de neuf sur la dermatite de contact ?

Quoi de neuf sur la dermatite de contact ?

mercredi 8 octobre 2008, par Dr Geneviève DEMONET

L’allergologie de contact est un domaine en mouvement permanent en raison de l’arrivée sur le marché, mais aussi de l’abandon, de certains composés chimiques et industriels. Une mise à jour continue des connaissances sur le sujet est donc indispensable. Une équipe danoise a fait le travail pour nous…

Nouveautés dans la dermatite de contact : Mortz, Charlotte Gotthard ; Andersen, Klaus Ejner

dans Current Opinion in Allergy & Clinical Immunology. 8(5):428-432, October 2008.

La dermatite de contact est une maladie multifactorielle fréquente (autour de 20% de la population générale) favorisée par l’existence d’une pathologie cutanée préalable (dermatite atopique), d’une susceptibilité individuelle, du type et de la durée de l’exposition à l’allergène.

Le simple examen clinique ne peut affirmer qu’un eczéma est allergique. Seul un patch-test positif à l’allergène corroboré par une pertinence clinique le pourra.

On pourra s’aider, selon les cas, d’un nouveau test, de patch-tests de différentes dilutions, d’un test d’application répété ouvert (ROAT) ou d’un test d’usage.

Le diagnostic de dermatite d’irritation est un diagnostic d’élimination après réalisation au minimum d’une batterie standard à laquelle sont ajoutés les produits sélectionnés par l’interrogatoire. Il se base sur l’exposition à des irritants, au travail en milieu humide, l’utilisation de gants et le lavage fréquent des mains.

Il y a plus de 3500 allergènes de contact décrits dont 100 répandus.
 Le nickel reste l’allergène le plus fréquent en Europe malgré la directive européenne sur le nickel en 2001.

  • Sa responsabilité semble cependant décroître au Danemark parmi la population la plus jeune, probablement en raison d’une loi sur le nickel dès 1992.
  • La cause la plus répandue de sensibilisation au nickel était le percement des oreilles.
  • Actuellement, les sensibilisations surviennent par contact professionnel, avec des objets non concernés par la législation ou par l’importation d’objets depuis des pays étrangers à cette loi.
  • Les enfants ayant eu un traitement d’orthodontie avec des brackets en nickel avant percement des oreilles auraient un risque réduit d’allergie à ce métal.

 Les cosmétiques gardent une place de choix sur le banc des accusés de l’allergie de contact, parfums et conservateurs toujours en tête.

  • L’introduction dans la batterie standard européenne d’un nouveau test (fragance mix II) permet de détecter 30% de plus de cas d’allergie aux parfums.
  • Le lyral est l’allergène le plus important et est présent séparément dans la batterie standard.
  • La suppression du MDBGN (méthyldibromoglutaronitrile) des produits non rincés puis des produits rincés a entraîné une baisse significative des allergies à ce conservateur.
  • L’allergie aux colorants capillaire semble en augmentation et la PPD (paraphénylènediamine) en est souvent responsable. Les réactions surviennent volontiers lors des colorations réalisées à la maison avec des teintures oxydatives (couleur permanente). Une relation a été démontrée entre la pratique de tatouage au « henné » noir et la sensibilisation à la PPD.

Une étude récente a montré que les patients allergiques à la famille des composées devraient être mis en garde contre l’utilisation de crèmes et d’huiles contenant des plantes de cette famille.

L’allergie aux corticoïdes topiques doit être suspectée dans les pathologies chroniques ne répondant pas au traitement mais aussi dans certaines dermatites aiguës.

  • Budésonide et hydrocortisone-17-butyrate sont plus fréquemment en cause.
  • Deux publications récentes ont rapporté une éruption pustuleuse due à une allergie à un corticoïde topique.

Les allergènes rares ne doivent pas être ignorés : émulsifiants et surfactants. Ils ont un léger pouvoir irritant et doivent être testés à la concentration adéquate.

  • Des cas récents d’allergie au décyl glucoside d’une mousse coiffante
    et au Tinosorb M (écran solaire) ont été rapportés.
  • Les émulsifiants peuvent être responsable d’allergie aiguë sévère : c’est le cas du deoleyl alcohol et du sodium dihydroxycétyl phosphate.

L’utilisation de produits anti-oxydants est de plus en plus fréquente. Deux publications différentes font état d’une allergie de contact à l’hydroxydécyl ubiquinone qui est un analogue du coenzyme Q-10 utilisé dans les crèmes anti-âge.

Un cas d’allergie de contact aux chaussures Crocs a récemment été décrit mais l’allergène n’a pas encore été identifié, l’industriel étant peu coopératif…

Certains patients ont une allergie de contact multiple. Il semble que celle-ci soit due à une susceptibilité individuelle plus qu’à une augmentation de l’exposition, tout au moins chez les patients n’ayant pas d’exposition à haut risque. L’allergie croisée n’explique qu’une petite partie de ces polysensibilisations.

  • Des études complémentaires sur le sujet seraient bienvenues.

En résumé, on peut retenir les indémodables de l’allergie de contact : nickel, parfums (avec une probable amélioration du diagnostic avec la nouvelle batterie standard européenne) et PPD.

Certaines formes cliniques particulières sont à prendre en compte : éruption pustuleuse due aux corticoïdes topiques et allergie aiguë sévère avec certains émulsifiants.

Pour l’instant anecdotique (mais ce n’est peut-être qu’un début), l’allergie aux célèbres chaussures Crocs….

Pour finir, les polysensibilisations restent encore mal comprises et un sujet d’étude pour l’avenir…

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