Asthmatique c’est pas drôle, mais gros et asthmatique alors là …

jeudi 27 novembre 2008 par Dr Alain Thillay2032 visites

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Asthmatique c’est pas drôle, mais gros et asthmatique alors là …

Asthmatique c’est pas drôle, mais gros et asthmatique alors là …

jeudi 27 novembre 2008, par Dr Alain Thillay

Nombre d’études suggèrent un lien entre asthme et obésité sans toujours pouvoir en déterminer les causes exactes. Ici, cette étude de population de grande envergure cherche à démontrer le lien entre les manifestations asthmatiques de l’enfant et divers critères du mode de vie, comme l’IMC mais aussi la sédentarité, l’activité sportive ou les habitudes nutritionnelles. Mission impossible ? A lire !

Sifflements thoraciques et asthme chez l’enfant : associations avec l’indice de masse corporel, le sport, le temps passé devanrt la télévision et le régime alimentaire. : Corbo GM, Forastiere F, De Sario M, Brunetti L, Bonci E, Bugiani M, Chellini E, La Grutta S, Migliore E, Pistelli R, Rusconi F, Russo A, Simoni M, Talassi F, Galassi C ; Sidria-2 Collaborative Group.
Collaborators (50)

Respiratory Physiology Department, Catholic University, Rome, Italy

dans Epidemiology. 2008 Sep ;19(5):747-55

 Contexte :

  • L’obésité, l’activité physique et les habitudes alimentaires sont des éléments distincts, mais étroitement liées au mode de vie et qui peuvent être corrélées de façon pertinente à la prévalence des sifflements thoraciques et de l’asthme chez les enfants.

 Objectif :

  • Notre objectif était d’étudier la relation entre l’indice de masse corporelle (IMC), la participation régulière à des activités sportives, le temps passé à regarder la télévision et l’alimentation, avec les sifflements thoraciques et l’asthme.

 Méthodes :

  • Nous avons étudié 20 016 enfants, âgés de 6 à 7 ans, qui étaient enrôlés dans une étude de population.
  • Les parents ont eu à compléter des questionnaires normalisés.
  • La régression logistique a été utilisée pour estimer les odds ratios (OR) et l’intervalle de confiance (IC) de 95% , tout en ajustant en fonction de divers facteurs confondants et, en étudiant simultanément l’IMC, l’activité sportive régulière, le fait de regarder la télévision et de certains éléments nutritionnels.

 Résultats :

  • Un total de 1575 enfants (7,9%) a rapporté des sifflements thoraciques et 1343 (6,7%) ont signalé de l’asthme.
  • Dans un modèle à variables multiples, un IMC élevé était associé aux sifflements thoraciques et à l’asthme actuel :
    • les enfants du quintile le plus élevé (par rapport au quintile inférieur) avaient un risque accru de sifflements (OR = 1,47 ; IC = 1,20-1,82) ou de l’asthme actuel (1,61 ; 1,28-2,01).
  • Les sifflements thoraciques ou l’asthme n’étaient pas associés à une activité sportive régulière.
  • Sujets qui passent 5 heures ou plus par jour à regarder la télévision sont plus susceptibles d’avoir des sifflements thoraciques (1,53 ; 1,08-2,17) ou de l’asthme actuel (1,51 ; 1,04-2,2) par rapport à ceux qui regardent la TV moins d’une heure par jour.
  • L’ajout de sel à l’alimentation a été fortement et indépendamment associé avec les sifflements thoraciques (2,58 ; 1,41-4,71) et l’asthme actuel (2,68 ; 1,41-5,09).

 Conclusions :

  • Nos données soutiennent l’hypothèse selon laquelle un poids élevé, le fait de passer beaucoup de temps à regarder la télévision et un régime alimentaire salé, de façon indépendante, augmentent le risque de symptômes d’asthme chez l’enfant.

Cette étude d’origine italienne avait pour but de vérifier, chez l’enfant, des liens de façon indépendante entre l’existence d’une symptomatologie d’asthme et des facteurs du mode de vie comme l’obésité, l’activité physique, la sédentarité (mesurée ici par le temps passé devant la télévision) et quelques particularités alimentaires comme l’ajout de sel.

Un mot tout de suite sur le sel et l’asthme, à ma connaissance je ne connais pas de lien, j’ai souvenir d’une étude chez des adultes asthmatiques que l’on mettait au régime appauvri en sel et qui ne tiraient pas de bénéfice sur leur asthme. Il s’agit sans doute, avec cette habitude d’ajouter du sel, de sélectionner des patients qui ont un régime alimentaire déséquilibré trop riche en graisses et sucres. A vérifier dans le texte intégral.

Il s’agit d’une étude de population par questionnaires qui recrute tout de même 20 016 enfants de 6 à 7 ans.

Pris individuellement les différentes caractéristiques montrent une corrélation positive ou négative avec l’asthme. Ainsi, l’IMC élevé, la sédentarité, l’ajout de sel étaient corrélés chacun à l’asthme, alors, que l’activité physique régulière était corrélée négativement à l’asthme.

Pour l’obésité, de nombreuses études ont déjà montré cette corrélation avec l’asthme. Mais je me demande si, avec la sédentarité, il ne s’agirait pas du même constat car qui dit sédentaire dit obésité et inversement avec le sport régulier. Ainsi, cette étude ne ferait que confirmer le lien entre excès de poids et l’asthme.

D’ailleurs, cette histoire d’obésité et d’asthme est un sujet qui a fait couler déjà beaucoup d’encre. L’obésité favorise-t-elle l’asthme ? Ou à l’inverse l’asthme favorise-t-il l’obésité ? S’agit-il du fruit du hasard ?

Pour la première proposition, nous nous souvenons bien de ces études qui montrent que le tissu adipeux a un rôle pro-inflammatoire. En effet, les adipocytes vivent dans une sorte de symbiose avec les macrophages pour favoriser la production d’IL-5, de TNF alpha, le clone TH2 et surtout la léptine pro-inflammatoire et pro-allergique. Sur le plan mécanique, on sait que les asthmatiques respirent à bas volume ce qui favorise « l’écrasement » des bronches, que chez eux la compliance pulmonaire est diminuée, que l’HRB est augmentée et qu’il existe une augmentation en coût d’O2 de la respiration.

A l’inverse, la seconde proposition suggère que l’asthme est un facteur de risque de l’obésité –et là on retrouve la notion de sédentarité- et puis certains auteurs émettent l’hypothèse d’un terrain génétique commun au deux pathologies.

Il ne faut pas oublier aussi la possibilité d’un excès de diagnostic de l’asthme chez l’obèse, surtout chez l’adulte, dû au RGO qui peut provoquer des toux plus ou moins spasmodiques mimant l’asthme, voire un véritable asthme –histoire de compliquer encore un peu le propos-, dû aussi au syndrome d’apnée du sommeil qui du fait des réveils nocturnes brutaux peut en imposer pour de l’asthme.

Et enfin, peut-être que tout cela n’est que pur hasard….

On le voit, en tenant compte de toutes ces réflexions on s’aperçoit que l’étude italienne en question est fortement biaisée et n’apporte pas grand-chose.

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