Les voies de la sensibilisation sont parfois impénétrables, notamment sans lipides de surface.

vendredi 5 décembre 2008 par Dr Gérald Gay856 visites

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Les voies de la sensibilisation sont parfois impénétrables, notamment sans lipides de surface.

Les voies de la sensibilisation sont parfois impénétrables, notamment sans lipides de surface.

vendredi 5 décembre 2008, par Dr Gérald Gay

Des percées récentes en immunologie fondamentale semblent incompatibles pour les auteurs de cette publication. On peut pourtant pénétrer les mécanismes intimes de la sensibilisation innée de façon cohérente et efficace en ne sous-estimant pas le rôle des lipides. Et il n’y a rien de grivois là-dedans…

Rôle complémentaire des lipides et des épitopes protéiques dans la mise en jeu de mécanismes immunitaires innés et adaptatifs. : A. M. Russano 1 , E. Agea 1 , C. Casciari 1 , F. M. de Benedictis 2 , F. Spinozzi 1

1 Laboratory of Experimental Immunology and Allergy, Department of Clinical and Experimental Medicine, University of Perugia, Perugia ; 2 Division of Pediatric Medicine, Department of Pediatrics, Salesi Children’s Hospital, Ancona, Italy

dans Allergy
Volume 63 Issue 11, Pages 1428 - 1437

 Objectif :

  • De récents travaux en allergologie concernent 2 voies de recherche : d’une part l’amélioration de la purification protéique des allergènes afin d’obtenir une meilleure caractérisation des IgE spécifiques, et d’autre part le rôle des lymphocytes T indifférenciés dans le développement de l’inflammation des voies aériennes.
  • Ces 2 notions semblent à priori incompatibles, notamment quant au rôle des cellules T indifférenciées qui ont une spécificité d’antigène mal définie, dirigée vers des substances non protéiques, tels les lipides.
  • Est-il possible de concilier ces 2 aspects de l’immunité ?

 Méthode :

  • Afin de vérifier la pertinence des 2 concepts, nous suggérons de prendre l’allergie aux pollens de cyprès chez l’adulte comme modèle.

 Résultats :

  • La caractérisation biochimique des allergènes protéiques majeurs contenus dans les grains de pollens de cyprès a montré que la partie la plus susceptible de se lier à une IgE est une enzyme, plus précisément une glycohydrolase, laquelle se dénature spontanément dans les grains de pollens stockés.
  • Par ailleurs, c’est la présence des lipides de membrane de ces grains de pollens qui permet leur capture par les cellules dendritiques et leur reconnaissance par des lymphocytes T CD1+.
  • Ces cellules T sont impliquées dans l’activité fonctionnelle Th0/Th2 et sont également capables de produire des cytokines régulatrices comme l’IL-10 ou le TGF-δ.
  • Les cellules dendritiques immatures CD1+ quant à elles prolifèrent dans la muqueuse respiratoire des sujets allergiques et sont capables de prendre en charge aussi bien les protéines que les lipides.

 Conclusion :

  • Notre idée est que la prolifération des cellules dendritiques CD1+ et le développement de leur activité fonctionnelle est une étape clé pour déclencher une réponse immune Th0/Th2 innée, laquelle ne confère probablement pas d’immunité protectrice durable.

Oui, je sais, à première vue, c’est plutôt abscons.

A deuxième vue également. En fait, on en revient toujours aux mêmes notions fondamentales, lesquelles sont simplement ( !) de plus en plus précises.

Dans le cas qui nous intéresse, les auteurs sont surpris de résultats qui les chagrinent. D’un côté, on s’évertue à préciser toujours davantage la nature de la fraction antigénique qui va réagir avec un anticorps extrêmement spécifique, en étudiant par exemple la succession des acides aminés d’un petit bout d’allergène ; la façon dont cette chaîne est conformée spatialement ; quelle molécule non protéique voisine, glucidique ou lipidique, est indispensable, etc.

D’un autre côté, on observe que des cellules dépourvues d’une quelconque spécificité ont des ressources inattendues. Ici, des cellules dendritiques pas vraiment matures sont capables de présenter des antigènes bien caractérisés à des lymphocytes pas vraiment dégrossis. Pensez-donc : des bizuths à peine sortis du thymus, dont la vocation d’auxiliaires, « d’helpers », n’est même pas ébauchée ! Et il découle de cette union inattendue des mécanismes inflammatoires d’une muqueuse bien précise. On aura tout vu !

Pour ma part, j’avoue ne pas avoir été choqué par ces percées parallèles de la science moléculaire. Je ne dois pas me poser assez de questions.

Et j’avais bien raison puisqu’on sait à présent grâce à cette publication qu’il suffit d’un peu de lubrifiant pour déclencher une réaction immunitaire innée. A quoi ça tient, c’est fou…

Ceci dit, je me demande toujours si c’est l’œuf qui a donné la poule ou si c’est la poule qui a pondu l’œuf. Faut-il vraiment des récepteurs de surface pour présenter un antigène à un lymphocyte ? D’où viennent donc les antigènes de membrane du tout premier monocyte afin qu’il soit reconnu par « le bon » lymphocyte ? Vais-je trouver un bon mot pour conclure ce texte ?

Autant de questions vertigineuses ! En tout cas, je partage l’avis final des auteurs : la réponse immunitaire innée est comme le mois de mars, elle ne passera pas l’hiver.

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