Régime d’éviction et parents gaffeurs : cool, no problème !!

mardi 7 avril 2009 par Dr Stéphane Guez1508 visites

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Régime d’éviction et parents gaffeurs : cool, no problème !!

Régime d’éviction et parents gaffeurs : cool, no problème !!

mardi 7 avril 2009, par Dr Stéphane Guez

Le clinicien sait que le plus souvent l’allergie à l’œuf est transitoire et doit disparaître. Mais un régime d’éviction est nécessaire pendant plusieurs mois. Par contre, on ne sait pas si la qualité de ce régime (conseils d’éviction, prises accidentelles) influence le devenir de cette allergie.

Conseils d’éviction, suivi du régime et acquisition d’une tolérance chez les enfants allergiques à l’œuf : un suivi de 5 ans. : Clare Wendy Allen 1,2 , Andrew Stewart Kemp 1,2 and Dianne Elizabeth Campbell 1,2

1 Department of Allergy and Immunology, The Children’s Hospital at Westmead, Sydney, NSW, Australia , 2 Discipline of Paediatrics and Child Health, Clinical School, University of Sydney, Sydney, NSW, Australia

dans Pediatric Allergy and Immunology 10.1111/j.1399-3038.2008.00784.x

 Introduction :

  • L’allergie à l’œuf IgE médiée est une allergie alimentaire commune chez l’enfant, affectant 1 à 2% des enfants âgés de 2 ans.
  • L’éviction de l’œuf est le traitement le plus souvent proposé de l’allergie à l’œuf, cependant on connait mal le type de conseils d’éviction reçus par les parents ayant une allergie à l’œuf et quelle est la qualité de l’éviction de ce régime.

 Objectifs de l’étude :

  • Ils ont été de :
    • Préciser la forme et les sources des conseils donnés aux patients dans un hôpital de type tertiaire
    • jusqu’ou les parents adhérent à ces conseils d’éviction
    • quelles sont les caractéristiques des patients qui influencent le suivi de ce régime
    • si la stricte observation de ces conseils d’éviction est un facteur de perte de l’allergie à l’œuf en grandissant chez ces enfants.

 Matériel et méthode :

  • En 2006, un questionnaire a été envoyé à 261 parents d’enfants allergiques vus dans une clinique pédiatrique d’allergologie de type tertiaire en 2003,
    • ayant une allergie à l’oeuf,
    • et incluant 84 enfants ayant eu un diagnostic d’allergie à l’œuf par un test de provocation oral ouvert en milieu hospitalier durant cette période (2003-2006).
  • Le questionnaire contenait également des données démographiques, des précisions sur l’allergie à l’œuf, l’éviction quotidienne, la réalisation d’une ingestion d’œuf sans restriction.

 Résultats :

  • Sur 199 questionnaires envoyés et reçus, il y a eu un retour de 167 soit 84%.
  • L’âge moyen de la cohorte est de 6.6 ans avec une moyenne de 5.5 ans de suivi après la première réaction.
  • 68% des patients rapportent une éviction de tous les aliments qui contiennent de l’œuf durant tout ce temps.
  • 47% des enfants ont été accidentellement exposés à l’œuf.
  • La sévérité de la réaction initiale ne semble pas influencer l’adhésion aux conseils d’éviction alimentaire.
  • Parmi les 84 patients qui ont bénéficié d’un test de provocation oral à l’œuf :
    • 57 enfants ont été capable d’ingérer de l’œuf sans réaction clinique et ont été classés comme ayant perdu leur allergie.
    • Ces enfants ne sont pas différents de ceux qui ont eu un test de provocation positif que ce soit en fonction des conseils d’éviction qu’ils ont reçus soit sur le degré d’observation de l’éviction.
  • De plus, les enfants qui ont perdu leurs allergies en grandissant ne sont pas différents de ceux qui restent allergiques après un test de provocation oral hospitalier, en terme :
    • soit de fréquence des accidents d’ingestion
    • ou selon la gravité de la réaction initiale.

 Conclusion :

  • La stricte éviction de l’œuf, et l’ingestion accidentelle ne semblent pas influencer l’acquisition d’une tolérance à terme.

Dans ce travail clinique de suivi d’une cohorte d’enfants les auteurs montrent que le fait de conserver ou de perdre une allergie à l’œuf en grandissant est indépendant de la qualité du régime d’éviction, de la gravité de l’accident allergique initial et de l’ingestion accidentelle d’œuf au cours de la période de régime d’éviction.

Ces résultats sont très intéressants pour l’allergologue qui souvent constate que le suivi d’un régime d’éviction est très différent selon les parents avec les 2 extrêmes : ceux qui font une éviction draconienne et ceux qui prennent les choses avec beaucoup de légèreté.

Sur un plan immunologique on peut penser que seuls les enfants bénéficiant d’une stricte éviction pourront guérir.

Ce travail : montre que non et que finalement l’éviction, stricte ou non, ne change rien à l’histoire naturelle de cette allergie.

Si ces données sont transposables à d’autres allergènes alimentaires, cela veut dire qu’il n’y aurait aucune contre-indication à la généralisation de régime d’éviction simplifié autorisant (sous couvert d’un contrôle par une test de provocation oral en milieu protégé) l’ingestion de l’aliment allergisant sous forme de traces plus ou moins importantes.

Cela simplifierait grandement la vie des parents des enfants allergiques.

Il faut sagement attendre d’autres études, qui si elles confirment ces résultats, modifieront de façon certaine nos règles de prescription des régimes d’éviction.

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