Allergie moléculaire : décidemment les Espagnoles ont la pêche !!

mardi 26 mai 2009 par Dr Stéphane Guez683 visites

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Allergie moléculaire : décidemment les Espagnoles ont la pêche !!

Allergie moléculaire : décidemment les Espagnoles ont la pêche !!

mardi 26 mai 2009, par Dr Stéphane Guez

L’allergie alimentaire a connu de sérieux progrès diagnostique avec le développement de l’allergologie moléculaire. Mais est-ce que ces nouvelles connaissances peuvent permettre de nouveaux traitements en particulier par ITS dans l’allergie alimentaire sévère ?

Essai randomisé en double aveugle contre placebo d’une immunothérapie sublinguale avec un extrait standardisé Pru p3 de pêche. : M. Fernández-Rivas 1,*, S. Garrido Fernández 2 , J. A. Nadal 3 , M. D. Alonso Díaz de Durana 1 , B. E. García 2 , E. González-Mancebo 1,† , S. Martín 3 , D. Barber 3 , P. Rico 3 , A. I. Tabar 2

1 Unidad de Alergia, Fundación Hospital Alcorcón, Alcorcón ; 2 Servicio de Alergia, Hospital Virgen del Camino, Pamplona ; 3 ALK-Abelló, S.A., Madrid, Spain

dans Allergy
Volume 64 Issue 6, Pages 876 - 883

 Introduction :

  • L’allergie à la pêche a une forte prévalence dans la région méditerranéenne.
  • C’est une allergie persistante et sévère et donc une bonne cible pour l’immunothérapie.

 Objectif :

  • Les auteurs ont étudié l’efficacité et la sécurité d’une ITS par voie sublinguale avec un extrait de pêche standardisé en unité de masse : Pru p 3, la LTP de la pêche.

 Matériel et Méthode :

  • Il s’agit d’une étude clinique randomisée en double aveugle contre placebo
  • Le critère principal d’étude est la modification de la réponse à un test de provocation per-os en double aveugle contre placebo avec la pêche.
  • Le deuxième critère étudié a été la modification du prick-test et du taux des IgEs et des IgG4 à Pru p 3.
  • La tolérance a été étudiée par un rapport très soigneux des événements indésirables.

 Résultats :

  • Après 6 mois d’ITS par voie SL, le groupe traité de façon active a :
    • toléré de façon significative de plus grandes quantités de pêche (de 3 à 9 fois plus),
    • avec une diminution de 5.3 fois de la taille du prick-test
    • et une augmentation significative des IgE et des IgG4 à Pru p 3.
  • Aucune différence significative n’a été observée dans le groupe placebo.
  • Des différences significatives entre les groupes ont été observées seulement pour les réponses aux tests cutanés et du taux des IgG4.
  • Aucun effet indésirable sérieux n’a été rapporté.
  • Les réactions systémiques ont été légères, et observées avec une fréquence similaire dans les 2 groupes.
  • Les réactions locales étaient significativement plus fréquentes dans le groupe traité de façon active, et 95% étaient restreintes à la cavité buccale.

 Conclusion :

  • Dans ce premier essai clinique, il semble que l’ITS par voie SL dans l’allergie à la pêche soit une bonne option thérapeutique qui pourrait :
    • modifier la réactivité clinique des patients à la pêche lors de l’ingestion,
    • et modifier la réponse immunologique sous-jacente avec une bonne tolérance.

Dans ce travail les auteurs démontrent pour la première fois qu’il est possible de conduire une ITS par voie SL avec un extrait standardisé de Pru p 3 chez les patients allergiques à la pêche.

Il y a essentiellement des effets indésirables locaux, les patients après 6 mois pouvant significativement manger plus de pêche.

Ce travail était très attendu par tous ceux qui s’intéressent à l’allergologie moléculaire, on ne peut donc que féliciter cette équipe espagnole ainsi que le laboratoire qui les a soutenus.

Comme toujours les résultats doivent être cependant bien discutés car de nombreux problèmes sont soulevés.

En préambule les auteurs rappellent que chez les allergiques à la pêche, 70% des patients sont sensibilisés à la LTP et seulement 1/3 fera des réactions systémiques ;
Ce rappel permet de mieux comprendre ensuite les résultats.

Dans le groupe traité de façon active par l’ITS, il y a une augmentation spectaculaire du seuil de déclenchement des réactions lors de l’ingestion de pêche : ainsi, la dose nécessaire pour réagir est multipliée d’un facteur 3 à 9 avec une diminution de 50% de la fréquence des réactions systémiques.

Mais si on compare ces résultats non plus seulement à l’intérieur du groupe traité mais entre groupe traité et groupe placebo, alors il n’y a plus de différence significative.

L‘explication n’est pas claire : est-ce que le test de provocation per os en double aveugle contre placebo est un bon moyen d’évaluer une ITS à un aliment ? Il y a certainement un problème de dose d’entretien qu’il reste à définir.

Les auteurs ne discutent pas une autre hypothèse : Pru p 3 est sans doute un bon marqueur mais est-ce qu’il est réellement l’allergène qui déclenche à lui seul une réaction systémique ? Est-ce qu’il ne faut pas par exemple fixation de l’allergène « pêche » sur le mastocyte par des IgE dirigées contre différents épitopes dont Pru p 3 ? Cela pourrait expliquer cette réponse partielle.

Toujours est-il que ce travail ouvre pour la première fois une nouvelle perspective dans la prise en charge d’une allergie alimentaire sévère et sera le cheval de Troie de nombreux travaux à venir qui permettront de mieux définir les produits et les doses qu’il faut employer pour permettre enfin au patient allergique de manger ce qu’il veut lorsqu’il le veut.

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