Quoi ! Tu ne connais pas l’œsophagite à éosinophiles ? Et bien, moi non plus…

mardi 16 juin 2009 par Dr Hervé Couteaux2733 visites

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Quoi ! Tu ne connais pas l’œsophagite à éosinophiles ? Et bien, moi non plus…

Quoi ! Tu ne connais pas l’œsophagite à éosinophiles ? Et bien, moi non plus…

mardi 16 juin 2009, par Dr Hervé Couteaux

D’identification récente, l’œsophagite à éosinophiles est caractérisée par une infiltration isolée de l’œsophage par des éosinophiles. Ses symptômes ne sont guère spécifiques ce qui complique le diagnostic. Evoquer une telle affection suppose bien évidemment de la connaître un peu mieux …

Critères de diagnostic d’œsophagite à éosinophiles : une revue rétrospective sur 5 ans dans une population pédiatrique. : Lai AL, Girgis S, Liang Y, Carr S, Huynh HQ.

Division of Pediatric Gastroenterology and Nutrition, Canada daggerDepartment of Pathology, University of Alberta Hospital, University of Alberta, Edmonton, Canada double daggerAlberta Research Centre for Child Health Evidence, Edmonton, Canada section signDivision of Immunology and Allergy, Department of Pediatrics, Stollery Children’s Hospital, Edmonton, Canada.

dans J Pediatr Gastroenterol Nutr. 2009 May 19

 Contexte :

  • Le critère diagnostique basé sur le nombre d’éosinophiles (Eos) par champs de haute puissance (HPF) ne semble pas discriminer tous les patients présentant une œsophagite à éosinophiles (EE).

 Objectifs :

  • Déterminer si EE a été sous-estimée dans notre institution, et voir si les variables cliniques prédictives d’EE, ainsi que les granules éosinophiliques Luna (LEG) détectent mieux les éosinophiles que l’hématoxyline et l’éosine (HE).

 Matériel et méthodes :

  • Des biopsies de l’œsophage de 202 enfants de moins de 18 ans, prélevées de 2000 à 2004 ont été examinées et le rapport Eos / HPF a été enregistré.
  • Les tableaux de variables cliniques ont été examinés et un modèle marginal logit a été utilisé pour en déterminer la pertinence.
  • Des LEG pour 60 patients choisis au hasard ont été élaborés et comparés aux HE originales.

 Résultats :

  • Les diagnostics d’EE sont passés de zéro en 2000 à 23 en 2004.
  • Les variables cliniques significativement prédictives d’une EE ont été l’amélioration sous traitement (160 fois plus susceptibles d’avoir EE ; P <0,0005), diagnostic final endoscopique de l’EE (31 fois ; P = 0,004), l’absence de profil vasculaire à l’endoscopie (20 fois ; P = 0,008), et la présence de sillons verticaux à l’endoscopie (29 fois ; P = 0,039).
  • LEG semble être supérieure à HE dans la détection de faibles Eos / HPF (moyenne de 24,82 et 38,53, respectivement).
  • Les pics de compte d’éosinophiles par HPF étaient significativement corrélés avec la plus forte moyenne de comptes d’éosinophiles par HPF pour les cas les plus complexes (corrélation de Pearson 0,958).

 Conclusion :

  • Les cas d’EE mal diagnostiqués ont diminué, mais la prévalence de cette affection semble en augmentation.
  • Potentiellement, LEG peut être une coloration plus sensible.
  • Les principales variables prédictives d’une EE étaient des constatations typiques à l’endoscopie et l’amélioration sous traitement spécifique de l’EE.

L’observation d’anomalies endoscopiques évocatrices et l’amélioration sous traitement spécifique sont les variables les plus prédictives d’une œsophagite à éosinophiles.

Les cas d’œsophagite à éosinophiles non diagnostiquées sont de plus en plus rares, mais il semble tout de même que la prévalence de cette affection soit en augmentation.

La coloration LEG est une coloration d’une bonne sensibilité.

L’œsophagite à éosinophiles est une pathologie d’identification récente, considérée comme une maladie de type allergique, mais dont la pathogénie est encore mal connue.

Les symptômes cliniques sont peu spécifiques, (dysphagie, symptomes évocateurs d’un reflux gastro-œsophagien) et traduisent une atteinte du tube digestif haut, en pratique non améliorés par un traitement anti-acide efficace.

Le diagnostic est histologique, nécessitant des biopsies étagées de l’œsophage pour pouvoir affirmer l’infiltration massive par des éosinophiles.

Le traitement repose sur un régime diététique adapté (hypoallergénique) et l’utilisation d’anti-inflammatoires, notamment de corticoïdes.

Le diagnostic de cette maladie mal connue est important car il débouche sur un traitement spécifique, différent de celui de l’œsophagite par reflux.

Pour ceux qui veulent en savoir plus : Œsophagite à éosinophiles : une « maladie émergente » Sophie Collardeau-Frachon, Valérie Hervieu, Jean-Yves Scoazec
[1] Service central d’anatomie et cytologie pathologiques, Hospices civils de Lyon, hôpital Édouard-Herriot, 69437 Lyon cedex 03.