Paracétamol, pas si mou que ça avec l’asthme ?

mardi 5 janvier 2010 par Dr Alain Thillay718 visites

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Paracétamol, pas si mou que ça avec l’asthme ?

Paracétamol, pas si mou que ça avec l’asthme ?

mardi 5 janvier 2010, par Dr Alain Thillay

Nombre d’études suggèrent que l’exposition au paracétamol tout au long de la vie, y compris in-utéro, est un facteur de risque d’asthme. Dans cette revue, les auteurs néo-zélandais et anglais tentent de faire le point sur ce sujet. Ainsi donc, les données disponibles sont-elles suffisantes pour pouvoir donner des recommandations précises et pertinentes ? C’est toute la question…

Rôle du paracétamol dans la pathogénèse de l’asthme. : H. Farquhar 1 , A. Stewart 2 , E. Mitchell 3 , J. Crane 4 , S. Eyers 1,5 , M. Weatherall 4,5 and R. Beasley 1,5,6

1 Medical Research Institute of New Zealand, Wellington, New Zealand , 2 School of Population Health, University of Auckland, Auckland, New Zealand , 3 Department of Paediatrics, University of Auckland, Auckland, New Zealand , 4 Department of Medicine, University of Otago Wellington, Wellington, New Zealand , 5 Capital & Coast District Health Board, Wellington, New Zealand and 6 RCMB Research Division, University of Southampton, Southampton, UK

dans Clinical & Experimental Allergy
Volume 40 Issue 1, Pages 32 - 41

 Constat :

  • L’utilisation du paracétamol représente un facteur de risque potentiel de développement de l’asthme.

 Les résultats des différentes études :

  • Il existe des preuves épidémiologiques convaincantes qui montrent que le risque d’asthme peut être augmenté avec l’exposition au paracétamol in-utéro, dans la petite enfance et plus tard dans l’enfance et aussi durant la vie adulte.
  • Une relation dose-dépendante a également été observée dans ces différents groupes d’âge dans différentes populations dans le monde.
  • Une association a également été démontrée entre utilisation du paracétamol et, à la fois, la rhino-conjonctivite et l’eczéma.
  • Il existe une plausibilité biologique avec l’utilisation du paracétamol qui entraîne une diminution des niveaux de glutathion entraînant une augmentation de l’inflammation oxydative et un renforcement de la réponse T helper de type 2.
  • Au niveau de la population, les modes d’utilisation du paracétamol pourraient expliquer, dans une certaine mesure, les variations de la prévalence de l’asthme et autres troubles en relation, en particulier les taux élevés dans les pays anglo-saxons, qui enregistrent un fort taux de prescription par habitant élevé du paracétamol.
  • Une association temporelle existe également entre les tendances internationales de l’utilisation croissante du paracétamol et la prévalence croissante de l’asthme au cours des dernières décennies.

 Conclusions :

  • Des recherches complémentaires urgentes sont nécessaires, en particulier des essais randomisés contrôlés concernant les effets à long terme de l’utilisation du paracétamol fréquente chez l’enfant afin de déterminer l’ampleur et les caractéristiques d’un tel risque.
  • Fait important, ces essais contrôlés et randomisés permettront également de mettre au point des recommandations établies sur des preuves (Médecine basée sur les preuves) pour l’usage du paracétamol.

Le paracétamol est un métabolite actif de la phénacétine avec une action : analgésique centrale ou périphérique ou les deux selon les auteurs,
antipyrétique par activité sur le centre thermorégulateur hypothalamique en inhibant l’action des pyrogènes endogènes et la synthèse des prostaglandines.

Il agit aussi directement sur l’hypothalamus provoquant une augmentation des pertes caloriques.

A dose thérapeutique 90 à 100% du paracétamol sont retrouvés dans les urines.
Toutefois, une faible proportion est métabolisée par un système oxydatif dépendant du cytochrome P450 qui le transforme en un composé hautement réactif, le N-acétyl-p-benzoquinone-imine.
Ce composé est inactivé par le glutathion qui s’y fixe au moyen de ses radicaux sufhydryles, puis éliminé.

Dans la phase III de l’étude ISAAC, un parallélisme a été évoqué entre l’augmentation de la consommation du paracétamol de ces 50 dernières années avec la progression de la prévalence de l’asthme.

Les explications données sont en faveur du rôle du paracétamol qui diminuerait la glutathion transférase pulmonaire et qui tendrait à augmenter le profil Th2.

Les études prises en compte par les auteurs de cette revue sont sans nul doute, à l’instar d’ISAAC, des études épidémiologiques solides.

Cependant, pour reprendre l’exemple d’ISAAC, la méthodologie transversale de l’étude et l’évaluation rétrospective de l’utilisation du paracétamol ne permettent pas de tirer des conclusions fermes.

On peut imaginer un biais des réponses des parents d’enfants asthmatiques qui, plus au fait de la pathologie de leur enfant, rapporteront plus facilement et plus précisément d’avoir donné du paracétamol.

Comme les auteurs néo-zélandais et anglais de ce travail, je suis d’accord pour dire que des essais randomisés contrôlés sont nécessaires pour trancher définitivement et pour donner des recommandations claires.

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