Les bronches entrent en résistance contre les polluants.

mercredi 6 janvier 2010 par Dr Philippe Carré715 visites

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Les bronches entrent en résistance contre les polluants.

Les bronches entrent en résistance contre les polluants.

mercredi 6 janvier 2010, par Dr Philippe Carré

Plus il y a de polluants dans l’air extérieur, plus les asthmatiques utilisent leur traitement bronchodilatateur de courte action. Ceci est-il lié à une augmentation de la sévérité des symptômes respiratoires liée à la pollution ou à une diminution de l’efficacité des agonistes de courte action ? C’est l’objectif de cette étude.

Les augmentations des niveaux de polluants dans l’air extérieur sont associées à une réduction de la bronchodilatation chez les enfants asthmatiques. : Leticia Hernández-Cadena, PhD, Fernando Holguin, MD, Albino Barraza-Villarreal, PhD, Blanca E. Del Río-Navarro, MD, Juan J. Sienra-Monge, MD and Isabelle Romieu, ScD

From the Instituto Nacional de Salud Pública (Drs. Hernández-Cadena, Barraza-Villarreal, and Romieu), Cuernavaca, Morelos, Mexico ; the Department of Pulmonary, Allergy and Critical Care (Dr. Holguin), University of Pittsburgh Medical Center, Pittsburgh, PA ; and the Department of Asthma and Allergy (Drs. Del Río-Navarro and Sienra-Monge), Hospital Infantil de México, Mexico City, Mexico.

dans CHEST December 2009 vol. 136 no. 6 1529-1536

 Contexte :

  • Les augmentations des niveaux de polluants dans l’air extérieur sont associées avec une utilisation plus fréquente des inhalateurs de secours chez les sujets asthmatiques
  • Cependant, on ne sait pas si ce phénomène s’explique par une augmentation de la sévérité des symptômes respiratoires liée à la pollution aérienne ou si les polluants aériens diminuent l’efficacité des β agonistes de courte action (BACA).

 Méthodes :

  • Les auteurs ont examiné la relation entre le pourcentage de changement du VEMS après utilisation de BACA, après exposition à une pollution aérienne extérieure chez 85 enfants asthmatiques âgés de 7 à 12 ans
  • L’exposition à la pollution aérienne extérieure était déterminée par la mesure du dioxyde d’azote (NO2), de l’ozone (O3) et des niveaux de particules fines (particules ayant un diamètre aérodynamique < 2.5 µm (PM2.5)
  • Ces mesures ont été obtenues à partie de l’Enquête de Monitoring Automatique de la ville de Mexico, à partir de sites d’études localisés dans un rayon de 5 km de distance du domicile et de l’école de chaque enfant.

 Résultats :

  • Les auteurs ont trouvé que l’augmentation le même jour de 10 parties par billion (ppb) de la concentration de NO2 était associée avec une réponse diminuée du VEMS aux BACA (-15% ; IC 95% :-29 à -0.5)
  • Cette association était aussi significative pour ce qui est des niveaux de NO2 dans chacun des 3 jours précédents
  • Une augmentation interquartile de l’O3 (16 ppb) dans le cinquième jour précédent était associée avec une réponse diminuée aux BACA (-11% ; IC 95% :-23 à -1)
  • Une augmentation interquartile des PM2.5 (14 µg/m3) n’était associée à aucune réduction significative de la réponse aux BACA
  • Ces associations n’étaient pas observées chez les enfants recevant un traitement par corticoïdes inhalés.

 Conclusions :

  • Les résultats suggèrent qu’une exposition récente au NO2, et possiblement à l’O3, peut diminuer la réponse bronchodilatatrice aux BACA chez les enfants asthmatiques
  • Cette association entre le NO2 et la réponse du VEMS à l’administration de BACA peut avoir des implications importantes dans la compréhension des mécanismes reliant les niveaux de pollution aérienne extérieure et le contrôle de l’asthme.

Les auteurs ont étudié, chez 85 enfants asthmatiques âgés de 7 à 12 ans et habitant dans la région de Mexico, la relation entre le niveau de pollution extérieure et la réponse du VEMS aux β-agonistes de courte action (BACA).

Le niveau de pollution aérienne extérieure était déterminée par la mesure du taux de NO2, d’O3 et de particules fines (ayant un diamètre aérodynamique < 2.5 µm (PM2.5), dans un rayon de 5 km de distance du domicile et de l’école des enfants.

Les auteurs montrent qu’une augmentation des niveaux de NO2 et d’O3, dans les 1 à 5 jours précédents, était associée à une diminution significative de la réponse du VEMS aux BACA, mais cette relation n’était pas retrouvée pour les PM2.5.

Cette association entre niveau de pollution et réponse du VEMS n’existait pas chez les enfants sous corticoïdes inhalés.

Les auteurs concluent qu’une exposition récente au NO2 et à l’O3 peut diminuer la réponse bronchodilatatrice aux BACA chez les enfants asthmatiques, ce qui peut aider à la compréhension des mécanismes entre pollution aérienne extérieure et contrôle de l’asthme.

Cette étude montre qu’il existe bien une « résistance » à la bronchodilatation liée à la pollution chez l’enfant asthmatique, qui expliquerait plus qu’une augmentation de la sévérité des symptômes, l’augmentation de la consommation des BACA.

Le NO2 et l’O3 sont des polluants ayant un effet pro-inflammatoire puissant, en particulier chez l’enfant ; ceci explique que les enfants sous corticoïdes inhalés n’aient pas dans cette étude de résistance apparente aux BACA ; par ailleurs, le niveau de PM2.5 n’était certainement pas assez élevé dans cette étude pour pouvoir entraîner les mêmes conséquences.

Tout semble donc se jouer une fois de plus par le biais de l’inflammation bronchique, ce qui plaide pour une meilleure évaluation de cette inflammation au long cours chez l’enfant, qui permettrait d’adapter la prise en charge médicamenteuse et/ou de prendre des mesures d’éviction.

Reste à trouver le meilleur outil : simple, fiable, reproductible, peu coûteux et facilement accessible. On pense bien sûr à la mesure du NO, les autres techniques actuellement disponibles (notamment l’étude des condensats de l’air exhalé) n’ayant pas donné de résultats probants. Reste à réaliser les études épidémiologiques qui justifieraient une telle attitude, en sachant que la difficulté est de pouvoir anticiper le niveau d’inflammation bronchique avant la survenue des symptômes.