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Le choix entre contamination microbienne et eczéma… dur dur de se faire belle !
jeudi 18 février 2010, par
Les cosmétiques contiennent des conservateurs. Sinon les microbes prolifèrent. Soit. Mais du coup, c’est l’eczéma allergique de contact qui prolifère…Cette étude danoise analyse l’évolution de l’allergie de contact aux conservateurs sur une durée de 24 ans. Restons optimistes !
Tendance temporelle de l’allergie aux conservateurs au Danemark (1985-2008) : Jacob P. Thyssen 1 , Kåre Engkilde 1 , Michael D. Lundov 1 , Berit C. Carlsen 1 , Torkil Menné 1 and Jeanne D. Johansen 1
1 Department of Dermato-Allergology, National Allergy Research Centre, Gentofte Hospital, University of Copenhagen, Hellerup, Denmark
dans Contact Dermatitis
Volume 62 Issue 2, Pages 102 - 108
– Contexte :
- La plupart des cosmétiques et des produits industriels contiennent des conservateurs.
- L’allergie aux conservateurs est commune, et, historiquement, des épidémies d’eczéma de contact à différents conservateurs ont été observées.
- En 1997, Alan Dillarstone a prédit une stabilisation de l’allergie aux conservateurs, suite à l’étiquetage obligatoire des ingrédients sur les produits cosmétiques.
– Objectifs :
- Etudier le développement de la prévalence de l’allergie aux conservateurs au Danemark sur une période de 24 ans (1985-2008) et évaluer les prédictions faites par Dillarstone.
– Patients/Méthode :
- Une analyse rétrospective des résultats de patchs-tests a été réalisée (n=18179).
- Les comparaisons étaient faites par test du X2.
- Une analyse de régression logistique a été utilisée pour tester les associations.
– Résultats :
- Le développement de l’allergie aux conservateurs a été parallèle à celui constaté dans les autres centres Européens de patch-tests.
- L’évolution n’était pas dépendante du sexe ou de l’âge.
- La prévalence était plus élevée chez lez femmes et chez les sujets âgés de 41 à 60 ans.
- La prévalence de l’allergie au formaldéhyde était constante au fil des années de l’étude.
- La prévalence globale de l’allergie aux conservateurs a augmenté significativement (Ptrend = 0.001), principalement à cause de l’ajout récent de conservateurs dans les batteries de patchs.
– Conclusions :
- Les prédictions de Dillarstone ont été confirmées, avec une prévalence de l’allergie de contact relativement stable pour les conservateurs pris individuellement.
- Le poids total de l’allergie aux conservateurs semble cependant augmenter.
- L’introduction de nouveaux conservateurs est susceptible d’alourdir le poids de l’allergie de contact.
Cette étude rétrospective danoise recense les cas d’eczéma allergique de contact dus aux conservateurs des produits cosmétiques.
Les résultats de près de 20000 patchs tests ont ainsi été analysés, ce qui représente une durée d’étude de 24 ans. L’étude statistique bénéficie ainsi d’une forte puissance grâce au nombre élevé de tests analysés.
Les agents conservateurs sont largement utilisés en cosmétique afin d’éviter la prolifération microbienne au sein des produits.
Il semble que Allan Dillarstone, dont la citation a servi de point de départ à l’étude, soit responsable du secteur Recherche et Développement du groupe Colgate-Palmolive. Il est donc bien placé pour connaitre la nécessité des conservateurs, mais aussi leur potentiel allergisant. On peut trouver dommage qu’il ne se montre pas plus optimiste quant à l’évolution de l’allergie aux conservateurs !
La part des conservateurs dans les étiologies d’eczéma allergique de contact est donc croissante, du fait de l’introduction de nouveaux conservateurs dans les préparations cosmétiques.
Le formaldéhyde conserve sa première place, avec les agents « libérateurs de formol » comme le Quaternium 15.
L’allergie de contact aux conservateurs est aussi mieux diagnostiquée, avec la présence, dans la batterie standard et les « batteries cosmétiques », de différents conservateurs. En 2005 a par exemple été rajoutée dans la Batterie ECDRG le méthyl dibromo glutaronitrile, suite a une épidémie de réactions allergiques à ce conservateur présent dans les cosmétiques, les produits domestiques et professionnels.
Au niveau épidémiologique, on peut remarquer que l’allergie aux conservateurs est plus fréquente chez les femmes et chez les 41-60 ans. Soit certainement la tranche de population ayant été le plus exposée à un nombre élevé de cosmétiques.
Les alternatives aux conservateurs peuvent sembler tentantes : si le « bio » et les huiles essentielles présentent tout autant de risques allergéniques, la solution pourrait venir des nouveaux packagings. Les unidoses, les flacons-pompes « airless » isolent le produit de l’air et de la lumière. On voit même apparaître des produits conservés par la technologie UHT (Ultra Haute Température).
Restons donc optimistes, Monsieur Dillarston et ses collègues vont très certainement trouver une solution pour nos patients allergiques !
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