Efficacité à long terme de l’immunothérapie spécifique présaisonnière aux pollens de graminées chez l’enfant.
Eng PA, Reinhold M, Gnehm HE. dans Allergy 2002 Apr ;57(4):306-312
Dans une précédente étude contrôlée, nous avions montré qu’une immunothérapie spécifique (ITS) présaisonnière aux pollens de graminées sur 3 ans est efficace chez l’enfant. Dans la présente étude, nous avons étudié le même groupe de patients pour vérifier s’ils tirent encore bénéfice 6 ans après l’arrêt de ce traitement.
METHODES. Treize des 14 patients ayant reçu une ITS et 10 autres patients constituant le groupe contrôle ont été suivis prospectivement durant la saison pollinique des graminées. Nous avons mesuré le score symptomatique saisonnier pour les yeux, le nez et les poumons, le recours aux médicaments symptomatiques ; nous utilisions une échelle analogique visuelle. Les mesures objectives incluaient les tests cutanés concernant les allergènes saisonniers et pérennes et le test de provocation conjonctivale.
RESULTATS. Durant les 13 semaines d’observation, les scores pour l’ensemble des symptômes du rhume des foins (P<0,004) et les symptômes pour les yeux (P<0,02), le nez (P<0,04), les poumons (P<0,01) en plus des symptômes combinés aux scores des médicaments (P<0,002) restaient à un niveau bas dans le groupe ayant reçu une ITS présaisonnière. Seulement 23 % des patients souffrant antérieurement d’un asthme pollinique et ayant reçu l’ITS présentaient des symptômes respiratoires alors que le groupe contrôle en comptait 70 % (P<0,05). Il n’y avait pas de différence significative dans l’usage des traitements pharmacologiques durant la saison pollinique exception faite des médicaments de l’asthme. La moyenne de l’échelle visuelle analogique était basse dans le groupe ayant reçu une ITS (P<0,05). Six ans après l’arrêt de l’ITS les tests cutanés aux pollens de graminées montraient une diminution par rapport aux réactions lors des contrôles précédents (P<0,01). Il y avait aussi une tendance à l’augmentation de la concentration de l’allergène pour provoquer une réaction conjonctivale dans le groupe post-ITS mais sans différence statistique. Huit ans après le début de l’ITS, 61% des enfants initialement monosensibilisés aux pollens avaient développé une nouvelle sensibilisation à des allergènes pérennes comparés à 100 % des patients du groupe contrôle (P<0,05).
CONCLUSIONS. Il existe encore un bénéfice clinique significatif 6 ans après l’arrêt de l’ITS présaisonnière aux pollens de graminées chez l’enfant. L’ITS chez l’enfant atteint d’allergie pollinique réduit le risque de voir apparaître de nouvelles sensibilisations et donc a le potentiel de modifier le cours naturel de la maladie allergique.