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Alors, ces IgG4, il faut les doser ou pas ?
mardi 29 juin 2010, par
L’évolution de l’allergie aux protéines de lait de vache est variable d’un sujet à l’autre, et difficile à appréhender au moment du diagnostic. Quels sont les nouveaux outils biologiques pouvant aider le clinicien ? Les allergènes moléculaires, les taux d’IgG4 ?
La guérison précoce de l’allergie au lait de vache est associée avec la baisse des IgE et l’augmentation des IgG4 se liant aux épitopes du lait de vache. : Emma M. Savilahti, MDa, Ville Rantanen, MScb, Jing S. Lin, PhDc, Sirkku Karinen, MScb, Kristiina M. Saarinen, MD, PhDa, Marina Goldis, MDc, Mika J. Mäkelä, MD, PhDd, Sampsa Hautaniemi, DTechb, Erkki Savilahti, MD, PhDa, Hugh A. Sampson, MDc
a Hospital for Children and Adolescents, University of Helsinki, Helsinki, Finland
b Computational Systems Biology Laboratory, Institute of Biomedicine and Genome-Scale Biology Research Program, Faculty of Medicine, University of Helsinki, Helsinki, Finland
c Division of Pediatric Allergy and the Jaffe Institute for Food Allergy, Mount Sinai School of Medicine, New York, NY
d Hospital for Allergic and Skin Diseases, University of Helsinki, Helsinki, Finland
dans JACI Volume 125, Issue 6, Pages 1315-1321.e9 (June 2010)
– Contexte :
- L’évolution et l’équilibre des IgE spécifiques, IgG4 et IgA pourraient contribuer à l’acquisition d’une tolérance chez les patients allergiques au lait de vache (APLV).
- La détermination du profil de réactivité vis à vis des épitopes du lait de vache pourrait aider à prédire l’histoire naturelle de l’allergie.
– Objectifs :
- Nous avons voulu étudier les différences de liaison des IgE, IgG4 et IgA aux épitopes du lait de vache, au cours du temps, chez des sujets ayant une APLV guérissant précocement ou persistante.
– Méthodes :
- Nous avons étudié des échantillons de sérum au moment du diagnostic (âge moyen 7 mois), un an plus tard, et au cours du suivi (âge moyen 8.6 ans), chez 11 patients souffrant d’une APLV IgE médiée persistante à l’âge de 8 ou 9 ans, et chez 12 patients ayant guéri autour de l’âge de 3 ans.
- Nous avons mesuré la liaison des IgE, IgG4 et IgA à des épitopes séquentiels issus de 5 allergènes majeurs du lait de vache, avec une biopuce peptidique multiplexe.
- Nous avons analysé les données avec une nouvelle méthode de traitement de l’image couplée à un appareil de prédiction.
– Résultats :
- Les profils de liaison des IgE aux épitopes étaient stables au cours du temps chez les patients atteints de APLV persistante, alors que leur liaison diminuait chez les patients ayant guéri précocement.
- Les profils de réactivité des IgE et IgG4 étaient superposables.
- Parmi les patients ayant guéri précocement, les signaux d’augmentation des IgG4 et de diminution des IgE étaient concomitants.
- L’évolution des IgE et IgG4 se liant au panel des caséines alpha s1, alpha s2, bêta, et kappa étaient prédictives de l’évolution de l’APLV avec une précision significative.
– Conclusions :
- L’acquisition de la tolérance au lait de vache est associée à une diminution des IgE spécifiques des épitopes et à une augmentation concomitante des IgG4 se liant à ces épitopes.
Dans cette étude rétrospective, les auteurs ont étudié les profils de réactivité vis à vis d’un panel d’allergènes du lait de vache, pour des IgE, IgG4 et IgA.
Parmi les 23 enfants dont les sérums ont été étudiés, 11 avaient guéri de leur allergie autour de l’âge de 3 ans, et 12 étaient toujours allergiques à 8-9ans. Des panels d’allergènes (plutôt que « épitope ») ont été étudiés sur biopuce multiplexe, à la date du diagnostic, un an plus tard, puis au cours du suivi.
Les résultats confirment les données attendues sur ce type d’étude : les patients guérissent lorsque leurs taux d’IgE diminuent, ce qui s’accompagne d’une augmentation des IgG4. Les taux d’IgA n’apportent pas d’information pertinente.
Parmi tous les allergènes testés, la liaison aux caséines était plus fiable pour évaluer l’évolution de l’allergie au lait.
Donc… rien de bien révolutionnaire dans cette étude, ce qui était attendu, compte-tenu de la méthodologie. La sélection des sujets mettait à l’abri des surprises…
Il aurait été plus enrichissant de réaliser ces tests sur une cohorte d’enfants non sélectionnés, et de les répéter comme les auteurs l’ont fait. Il aurait ainsi été possible d’étudier les éventuelles différences de profils de réactivité entre des enfants qui possèdent des IgE mais restent tolérants au lait de vache, et ceux qui deviennent authentiquement allergiques. Et parmi ceux-ci, lesquels ont une allergie durable…
La question du dosage des IgG4 est tranchée, pour les auteurs : leur augmentation est superposable à la diminution des IgE, les deux informations sont donc redondantes.
La question se pose de savoir quel est l’intérêt pour le clinicien de rechercher les IgE vis à vis des composants allergéniques du lait de vache. En effet, le taux d’IgE spécifiques du lait, au moment du diagnostic, a une certaine valeur prédictive : plus les taux sont bas, plus l’allergie a des chances de guérir vite. Et la dynamique de l’extrait global est aussi significative que celle de ses allergènes moléculaires…
La question est autre dans le domaine de la recherche, où les biopuces multiallergéniques ont un intérêt majeur, dans la possible détermination de profils de réactivités pour de nombreux allergènes, et pour des classes d’Ig différentes.
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