La vitamine D au secours des enfants asthmatiques ?

lundi 6 septembre 2010 par Dr Philippe Carré556 visites

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La vitamine D au secours des enfants asthmatiques ?

La vitamine D au secours des enfants asthmatiques ?

lundi 6 septembre 2010, par Dr Philippe Carré

Taux de vitamine D sérique et exacerbations sévères d’asthme dans le Programme de Prise en charge de l’Asthme de l’Enfant. : # John M. Brehm, MD, MPH , Brooke Schuemann, BS, Anne L. Fuhlbrigge, MD , Bruce W. Hollis, PhD , Robert C. Strunk, MD, Robert S. Zeiger, MD, PhD, Scott T. Weiss, MD, MS# , Augusto A. Litonjua, MD, MPH
, Childhood Asthma Management Program Research Group

Channing Laboratory, Department of Medicine, Brigham and Women’s Hospital, Boston, Mass
* Division of Pulmonary/Critical Care Medicine, Department of Medicine, Brigham and Women’s Hospital, Boston, Mass
* Department of Medicine, Harvard Medical School, Boston, Mass)

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology
Volume 126, Issue 1 , Pages 52-58.e5, July 2010

 Contexte :

  • Les exacerbations d’asthme, le plus souvent secondaires à des infections respiratoires, sont la cause principale de la morbidité asthmatique et expliquent une part significative des coûts liés à l’asthme
  • Le métabolisme de la vitamine D pourrait jouer un rôle dans la prévention des exacerbations de l’asthme.

 Objectif :

  • Les auteurs ont pensé à étudier la relation entre les taux sériques de la vitamine D et la survenue des exacerbations sévères de l’asthme.

 Méthodes :

  • Les auteurs ont mesuré les taux de 25-hydroxyvitamine D dans des sérums recueillis chez 1024 enfants ayant un asthme persistant léger à modéré au moment de leur inclusion dans un essai clinique multi-centrique incluant des enfants randomisés pour recevoir du budésonide, du nédocromil ou un placebo (béta-agoniste à la demande) : le Programme de Prise en charge de l’Asthme de l’Enfant
  • En utilisant un modèle d’analyse multivariable, ils ont étudié la relation entre le taux basal de vitamine D et les odd ratio de toutes les hospitalisations ou les consultations aux urgences pendant les 4 ans de l’étude.

 Résultats :

  • 35% des sujets avaient un taux abaissé de vitamine D, défini par un taux de 25-hydroxyvitamine D de ≤ 30 ng/Ml
  • Les taux moyens de vitamine D étaient plus bas chez les Afro-Américains et plus élevés chez les sujets blancs
  • Après ajustement pour l’âge, le sexe, l’IMC et le groupe thérapeutique, un taux de vitamine D insuffisant était associé à des odds plus élevés d’hospitalisations ou de visites aux urgences –OR, 1.5 ;IC à 95%, 1.1-1.9 ; p=0.01).

 Conclusion :

  • Le déficit en vitamine D est commun dans cette population d’enfants nord-américains ayant un asthme persistant léger à modéré, et il est associé avec des odds plus élevés d’exacerbations sévères sur une période de 4 ans.

Il a été montré antérieurement que :

  • la vitamine D avait des effets sur le système immun inné et adaptatif et pourrait moduler la sévérité des exacerbations d’asthme
  • que les cellules épithéliales des voies aériennes contiennent des taux élevés de l’enzyme contrôlant la forme active de la vitamine D
  • qu’il existait une association entre des taux abaissés de vitamine D et une augmentation d’un certain nombre de marqueurs de l’asthme (publication antérieure des auteurs).

Le but de l’étude était de confirmer ces données dans une étude épidémiologique plus large, incluant 1024 enfants enrôlés dans un essai multicentrique et présentant un asthme persistant léger à modéré (Programme de Prise en charge de l’Asthme de l’Enfant), en étudiant la relation entre le statut de la vitamine D et les odds ratio (OR) de la survenue d’exacerbations sur une période d’étude consécutive de 4 ans.

Les auteurs ont recherché l’association entre :

  • un taux abaissé de vitamine D (taux de 25-hydroxyvitamine D de ≤ 30 ng/Ml)
  • et la fréquence des exacerbations (OR ratio de toutes les hospitalisations ou les consultations aux urgences).

Les résultats montraient que :

  • 35% des enfants avaient un taux abaissé (plus chez les sujets de race noire)
  • la baisse du taux était associée à des OR élevés d’exacerbations sévères de leur maladie asthmatique.

Les mécanismes qui pourraient expliquer un lien entre des niveaux plus élevés de vitamine D et une fréquence moindre des exacerbations d’asthme pourraient être :

  • une meilleure réponse aux infections respiratoires par une production de protéines anti-microbiennes au niveau de l’épithélium
  • une modulation de la réponse inflammatoire aux infections virales par la vitamine D
  • une augmentation de la réponse cellulaire aux stéroïdes à la fois endogènes et exogènes (stéroïdes inhalés) ; ceci pourrait renforcer l’hypothèse émise par Xystrakis (J Clin Invest 2006 ;116 :146-55) : la vitamine D pourrait restaurer la possibilité, pour les cellules T régulatrices de l’épithélium des voies aériennes, chez des patients ayant un asthme résistant aux corticoïdes, de secréter de l’IL-10, cytokine anti-inflammatoire puissante qui pourrait améliorer l’absorption et l’efficacité des corticoïdes inhalés.

Compte-tenu des bénéfices potentiels de ces données en terme de santé publique chez ces patients asthmatiques, des essais contrôlés randomisés seraient à mettre en place pour confirmer les résultats de cette étude et les généraliser à l’ensemble de tous les autres sous-groupes de patients asthmatiques.