L’allergie alimentaire résolue : la faute aux AINS !!

mercredi 29 septembre 2010 par Dr Stéphane Guez673 visites

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L’allergie alimentaire résolue : la faute aux AINS !!

L’allergie alimentaire résolue : la faute aux AINS !!

mercredi 29 septembre 2010, par Dr Stéphane Guez

Le diclofenac augmente les réponses allergiques de la souris dans un modèle animal d’allergie à l’arachide. : Bol-Schoenmakers M, Bleumink R, Rezende MM, Mouser E, Hassing I, Ludwig I, Smit JJ, Pieters RH.

Institute for Risk Assessment Sciences, Utrecht University, Utrecht, The Netherlands.

dans Clin Exp Allergy. 2010 Aug 16.

 Introduction :

  • Le diclofenac et d’autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) interfèrent avec la synthèse des prostaglandines par le biais de la cyclo-oxygénase, entraînant une inhibition de la réponse inflammatoire immune.
  • Mais par ailleurs, on sait que les AINS sont capables d’entraîner des lésions gastro-intestinales.

 Objectif de l’étude :

  • Il a été d’étudier si les AINS sont capables d’augmenter la sensibilisation ou de rompre la tolérance à des allergènes alimentaires.

 Matériel et Méthodes :

  • Des souris ont été exposés au diclofenac et sensibilisés à l’arachide en utilisant la toxine du cholera comme adjuvant muqueux.
  • Dans un modèle de tolérance, une tolérance orale a été induite par une alimentation par arachide pendant 3 semaines avant la sensibilisation par l’arachide.
  • Le diclofenac a été administré avant l’alimentation par arachide.
  • Après 4 semaines, les anticorps anti-arachide du sérum et la production de cytokines dans la rate ont été évalués.
  • L’induction de lésions gastro-intestinales après une ingestion per-os de diclofenac et d’arachide avec la toxine cholérique a été étudiée en microscopie.

 Résultats :

  • Les animaux exposés au diclofenac ont une élévation des anticorps spécifiques à l’arachide de type : IgG1, IgG2a et IGE dans le sérum par rapport aux animaux traités seulement par arachide avec la toxine.
  • De plus, l’induction de cytokines par l’arachide dans la rate est plus élevée lors du traitement par diclofenac.
  • Mais le diclofenac n’induit pas de réponses allergiques à l’arachide en l’absence de la toxine cholérique, bien que l’exposition au diclofenac et à l’arachide avec la toxine induisent des lésions épithéliales digestives.
  • La réduction de la production d’anticorps anti-arachide dans le cas d’une tolérance orale à l’arachide n’est pas inversée par la prise de diclofenac.
  • Cependant, la tolérance orale mesurée par l’inhibition de la réponse en cytokines à l’arachide, est inversée par le diclofenac.

 Conclusion :

  • Ces données montrent qu’il y a une augmentation du risque d’induction de réponses allergiques alimentaires par le diclofenac lorsque d’autres circonstances sont aussi en faveur d’une induction d’allergie.

Les auteurs ont étudié les relations entre sensibilisation alimentaire à l’arachide et prise d’un AINS dans un modèle murin d’allergie à l’arachide.

La prise de diclofenac augmente la production d’anticorps spécifiques à l’arachide ainsi que la production de cytokines.

Mais il n’y a par contre pas de rupture de la tolérance alimentaire.

Ces résultats sont très intéressants et permettent d’avancer une explication concernant l’augmentation de la prévalence des allergies alimentaires dans la population générale et en particulier chez les enfants.

Si on extrapole ces résultats portant sur la souris à l’homme, on peut penser que la prise d’AINS dans des circonstances digestives favorables à une sensibilisation alimentaire (liaison de l’allergène alimentaire à un adjuvant microbien par exemple) va alors augmenter la production à la fois des anticorps spécifiques et des cytokines avec forte réponse de type Th2.

Ce n’est pas directement les AINS qui sont responsables de l’allergie car à eux seuls ils ne peuvent pas entraîner une rupture de la tolérance alimentaire.

Si ce travail est confirmé l’allergologue pourrait disposer d’un moyen de prévention de l’allergie alimentaire en recommandant l’éviction de tout AINS même en cas de forte fièvre chez des enfants ayant par exemple une infection intestinale aigue.

Il reste cependant à bien préciser la nature de cet adjuvant allergénique alimentaire qui permettrait la sensibilisation en association aux AINS.

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