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Au delà du seuil, ce serait de la provoc !
mercredi 24 novembre 2010, par
Le rôle des IgE, IgG et IgG4 spécifiques de l’œuf dans le diagnostic d’une allergie à l’œuf. : Ahrens, B., Lopes de Oliveira, L. C., Schulz, G., Borres, M. P., Niggemann, B., Wahn, U. and Beyer, K. (2010),
The role of hen’s egg-specific IgE, IgG and IgG4 in the diagnostic procedure of hen’s egg allergy.
dans Allergy, 65 : 1554–1557. doi : 10.1111/j.1398-9995.2010.02429.x
– Contexte :
- L’allergie à l’œuf de poule est une pathologie commune dans l’enfance.
- Les IgE spécifiques de l’œuf de poule ont été corrélés avec la positivité des tests de provocation par voie orale, et des critères de diagnostic ont été décrits comme utiles, mais toujours insuffisants pour réduire le recours aux tests de provocation par voie orale.
– Objectifs :
- Le but de cette étude était de corréler les taux d’IgE, IgG et IgG4 spécifiques pour l’œuf de poule avec les résultats de tests de provocation par voie orale en double aveugle comparés à des placébo (DBPCFC) chez des patients suspectés d’allergie à l’œuf de poule, afin d’améliorer les stratégies diagnostiques.
– Méthodes :
- Les taux d’IgE, IgG et IgG4 spécifiques de l’œuf ont été comparés entre 150 enfants ayant une suspicion d’allergie à l’œuf de poule, selon leur sensibilisation et/ou leur histoire clinique, qui ont subi un DBPCFC.
- Soixante six patients étaient allergiques à l’œuf (sensibilisation à l’œuf et DBPCFC positif), 48 étaient sensibilisés mais tolérants (DBPC négatif) et 36 patients étaient non sensibilisés et tolérants (DBPCFC négatif).
- Avant le test de provocation par voie orale, les taux d’IgE, IgG et IgG4 spécifiques pour l’œuf étaient mesurés par le système CAP-Phadia.
– Résultats :
- Les taux d’IgE spécifiques pour l’œuf étaient significativement plus élevés chez les patients allergiques que chez les patients tolérants cliniquement.
- Il n’y avait toutefois pas de différence ans les taux d’IgG et IgG4 spécifiques pour l’œuf entre les différents groupes de patients.
– Conclusion :
- Un seuil décisionnel de 12kU/l d’IgE est proposé, qui identifierait les enfants au dessus de ce niveau comme réellement allergiques.
- Le niveau d’IgG ou IgG4 spécifiques dans le sérum des enfants ayant une suspicion d’allergie à l’œuf de poule n’apporte pas d’information additionnelle dans la stratégie diagnostique de l’allergie à l’œuf.
- Dans un but diagnostic, les IgG ou IgG4 spécifiques ne devraient pas être systématiquement testés.
Il est souvent difficile de déterminer la relevance clinique d’une réactivité sérique ou cutanée pour l’œuf. Le seul test diagnostique de certitude est le TPO, qui n’est pas sans risque pour l’enfant et qui est parfois long à obtenir.
L’établissement de critères biologiques paraît être une solution idéale : les auteurs de cette étude ont ainsi cherché à définir quelle pouvait être l’apport des taux d’IgE, IgG et IgG4 spécifiques pour l’œuf de poule.
L’étude du sérum de 150 enfants ayant soit une histoire clinique évocatrice, soit des IgE positifs pour l’œuf, a été comparée avec les résultats de tests de provocation pour l’œuf, en double aveugle et contre placébo.
Les tests cutanés ne sont pas pris en compte dans les critères de sélection, qui sont pourtant une des étapes clés de la stratégie diagnostique.
Les critères de sélection influencent très certainement les résultats, puisque certains enfants avaient une histoire clinique évocatrice d’allergie à l’œuf, et d’autre non. Les auteurs trouvent donc 66 patients authentiquement allergiques, 48 sensibilisés et tolérants, et 36 non sensibilisés et tolérants. Difficile de tirer des conclusions de ces données, compte tenu des profils très différents des patients.
Il est en revanche plus intéressant de regarder la corrélation en les TPO positifs et les taux d’IgE spécifiques pour l’œuf. De façon attendue, plus les taux sont élevés, plus les TPO ont de chances d’être positifs. Les auteurs proposent le seuil décisionnel de 12 kU/l d’IgE spécifiques pour affirmer l’allergie à l’œuf, et donc éviter le recours au TPO.
Les seuils de détermination de l’allergie à l’œuf ont fait l’objet de nombreuses études, tant leur apport en pratique quotidienne paraît important. Les valeurs retrouvées varient d’une étude à l’autre, vraisemblablement en raison des différents critères retenus, mais il est intéressant de noter que tous se trouvent dans les même gammes.
F.Rancé, par exemple, retient le seuil de 7kU/l d’IgE spécifiques au blanc d’œuf pour affirmer l’allergie sans TPO, G.Monti parle d’un seuil de 17kU/l... Ces taux sont certes différents, et on peut se demander que faire lorsqu’on trouve un taux de 10kU/l par exemple...
Mais la confrontation de ces études permet d’orienter le diagnostic, et dans certains cas d’éviter le recours au TPO ou des évictions alimentaires injustifiées.
Quant aux IgG et IgG4, en accord avec d’autres études : aucun intérêt en pratique quotidienne !
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